Algérie

Maladies infectieuses: Les changements climatiques ont redistribué les cartes



Pour le Dr Elias Akhamouk, un «système de prévention sanitaire doit être multisectoriel, à savoir sanitaire, mais également géopolitique, météorologique et climatique». Un système «qu'il faut mettre en place aujourd'hui», dit-il. «En raison des changements climatiques, les cartes sont totalement redistribuées. On ne parle plus de régions dans le monde avec certaines pathologies. Depuis déjà 60 ans, avec le trafic aérien, on a enregistré plus de 1.500 épidémies dans le monde. Maintenant, avec les changements climatiques, le mouvement massif des populations qui amènent leurs maladies, toutes les catastrophes naturelles (tremblements de terre, inondations…), la température et l'humidité font installer des vecteurs, notamment les insectes partout dans le monde», a déclaré hier le Docteur Elias Akhamouk, chef de service des maladies infectieuses à l'EPH de Tamanrasset, sur les ondes de la Radio nationale chaîne 3. Selon l'intervenant, en Algérie, et dans le contexte de cette «redistribution des cartes», l'apparition du moustique tigre «fait partie des changements climatiques». «En Algérie, l'installation du moustique tigre fait partie des conséquences des changements climatiques. Il faut donc réadapter notre stratégie (par la mise en place) d'une veille vraiment importante et surtout une action rapide en cas d'épidémie. Il faut moderniser notre approche préventive, parce qu'un danger sanitaire peut venir de n'importe où, car l'Algérie est un pays continent», ajoute M. Akhamouk. En conséquence, l'intervenant plaide pour un «réaménagement de notre système sanitaire, surtout en matière de prévention». «Pour cela, il y a la télédétection météorologique. Par exemple, à Tamanrasset, on sait que la saison des pluies au Mali ou au Niger c'est au mois d'août, donc, automatiquement c'est un climat subtropical, et systématiquement un ou deux mois plus tard, il y a l'apparition de cas de paludisme. C'est ce qu'on appelle la télédétection météorologique», explique l'intervenant. Pour le Dr Akhamouk, il faut aussi faire de la «télédétection géopolitique». «On sait, par exemple, que les mouvements migratoires sont toujours liés à la famine dans les pays avoisinants, en raison de problèmes politiques aux répercussions sanitaires. C'est pour cela qu'un système de prévention sanitaire doit être multisectoriel, à savoir sanitaire mais également géopolitique, météorologique et climatique», note l'intervenant.Ce système «doit être mis en place aujourd'hui». «On a vu que ça ne peut pas être du seul domaine du ministère de la Santé. Il est nécessaire dans le cas de gros problèmes de santé publique, comme le paludisme, il faut des comités multisectoriels. Je prends la question du paludisme, il y a le côté agriculture, la météorologie, le climat et, bien sûr, l'aspect sanitaire. Mais il faut que ce comité multisectoriel très dynamique, pas comme à l'ancienne avec des réunions régulières. Il est nécessaire que ce dispositif soit permanent pour que l'action soit rapide», ajoute l'invité de la Chaîne 3 qui voit aussi qu'«il y a des leçons à prendre des éléments de la protection civile» et de leurs multiples expériences en matière de veille et d'action rapide.


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