Algérie

Maladie infantile



En apparence, l?éloignement des élections législatives et présidentielles - donc l?absence d?enjeux de pouvoir - a atténué les clivages politiques au sein de la sphère de décision. Mais, en réalité, les contradictions n?ont fait que se déplacer vers la sphère économique et l?empoisonner. En affirmant, à l?occasion de la signature d?un accord avec le FADES, qu?il n?est pas « un obstacle au développement », Mourad Benachenhou, ministre des Finances, répondait à la critique persistante faite à son endroit de trop serrer les cordons de la bourse, spécialement dans le financement de projets d?infrastructure et/ou à caractère social et culturel. Le reproche le plus significatif vient du président de la République qui, du siège de l?UGTA le 28 février dernier, avait martelé que « nul ne l?empêcherait de construire des écoles, des logements, des hôpitaux et des routes ». On pourrait être tenté de dire schématiquement qu?au sommet une conception néolibérale et une approche dite socialisante s?affrontent, mais ce serait aller vite en besogne que d?accuser Mourad Benachenhou d?être un « agent » du FMI et de la Banque mondiale et le chef de l?Etat un adepte forcené de l?Etat-providence. Le ministre des Finances se doit d?être vigilant sur la tentation de l?Exécutif de puiser sans limites dans les caisses de l?Etat, soudainement remplies d?une manière exceptionnelle, pour financer, d?un côté, l?économie nationale - qui a certes besoin d?argent, mais davantage de mise en ordre - et pour monter, de l?autre, des opérations populistes à fort rendement politique. Quant à Bouteflika, s?il est le premier président de la République à « dénationaliser » le pétrole au risque de mettre à mort une seconde fois son idole Houari Boumediène, il lui incombe toutefois de trouver le maximum de ressources financières pour faire face aux immenses besoins d?une population privée de l?essentiel tout au long de son passé et qui aspire, grâce à son pétrole, à une vie meilleure. L?un et l?autre ont donc des arguments à faire valoir, mais là où le bât blesse, c?est quand celui qui doit trancher - l?opinion publique à travers ses représentants, en toute indépendance - n?existe pas encore. Et quand la gestion économique est encore au stade de balbutiement. Forcément, Mourad Benachenhou pèse peu devant Bouteflika qui est en même temps juge et partie. La maladie infantile de l?économie est la politique quand celle-ci tente de l?instrumentaliser pour pérenniser un régime ou conforter un leader. La vocation de la politique est de se mettre, à l?image des pays développés, au service total de l?économie.


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