Le président du MSP n'est peut-être pas une lumière mais il ne manque pas de roublardise au point d'ignorer que son «initiative» qui ne manque, à l'évidence, pas de prétention, n'a aucune chance d'aboutir.D'abord parce que sans l'adoubement du pouvoir, la pompeuse «conférence d'entente nationale» de Makri n'aurait aucun sens. Et le moins qu'on puisse dire en l'occurrence est que le pouvoir n'a pas vraiment la réputation d'être attentif à ce genre d'entreprises politiques, y compris quand elles ont comme première finalité de lui rendre service. Ensuite parce qu'en l'état actuel des choses, rien ne semble ébranler ses certitudes en dehors de l'appréhension de voir Abdelaziz Bouteflika renoncer à un cinquième mandat. L'un dans l'autre, c'est justement cette éventualité qu'implique de fait le report de l'élection présidentielle. C'est ce qui a manifestement obligé Abderrezak Makri à le dire sans prendre de gants. Bien sûr, il n'a pas le courage politique de préciser sa pensée en disant expressément que c'est son souhait. Il ne lui reste alors qu'à nous convaincre qu'il est dans le secret des dieux. Admirons son propos assuré et son ton péremptoire : «Le cinquième mandat n'aura pas lieu ! » Mais comme dans toutes les offensives entristes non assumées, il faut toujours une dose de mystère qui confère à son auteur un statut d'initié qui garde quand même quelque chose pour lui, que ne peut pas saisir le commun des quidams. Parlant toujours du cinquième mandat, Makri a donc ajouté à ses ouailles et au... reste du monde : «En tout cas, les chances de son avènement ont considérablement diminué.» Une phrase à double fonction qui a d'abord l'avantage de lui offrir une porte de sortie dans le cas où sa prophétie tournerait au flop. Puis d'introduire un bémol dans ses certitudes, des fois que ça ne plairait pas outre mesure là où ça devrait plaire. Sinon, le leader islamiste n'est pas venu les «mains vides». Dans sa boîte à cadeaux, il y a d'abord cette arrière-pensée qu'il ne peut cacher à personne, si tant est qu'il veuille la cacher : le report du scrutin présidentiel d'une année suppose une prolongation de la mandature de Bouteflika. Dans sa tête, c'est une marque de déférence suffisante pour lui valoir la confiance en haut lieu. Ensuite, conférence nationale ou pas, c'est manifestement au Président en exercice qu'il confie «les réformes nécessaires avant les élections», dont il ne précise pas la nature, par ailleurs. Mais ce n'est pas vraiment un souci.
En entriste new look, il est convaincu que l'essentiel est d'avoir essayé. Sans illusion sur la portée politique de sa proposition, il a quand même fini par... passer aux choses sérieuses. En désignant les porteurs de péril qui sont au c?ur du sérail, il montre surtout sa propre disponibilité. Comme il y a inflation en la matière, il l'a dit autrement.
S. L.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 10/12/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com