Algérie

Makhloufi, héros d'Algérie



Makhloufi, héros d'Algérie
Makhloufi : «Si j'avais su... »
Comme prévu, le champion olympique du 1500m, Taoufik Makhloufi, a regagné le pays lundi soir, en compagnie du reste de la délégation algérienne qui se trouvait à Londres, à bord d'un vol régulier de la compagnie Air Algérie. L'avion a atterri à 22h40 sur l'aérodrome de l'aéroport international Houari-Boumediène, où une délégation officielle, conduite par le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hachemi Djiar, était à l'accueil.
Djiar à son accueil à l'aéroport d'Alger
Le comité d'accueil comprenait, outre le ministre, plusieurs cadres et directeurs centraux du ministère de la Jeunesse et des Sports, plusieurs parmi eux voulant vraisemblablement se montrer devant les caméras et les représentants des médias et apparaître comme ayant contribué à la performance de Makhloufi. Une vingtaine de minutes après l'atterrissage, le champion olympique, accompagné de El Hachemi Djiar et des autres sportifs rentrés de Londres, a fait son entrée au salon d'honneur de l'aéroport Houari-Boumediène, où il a été accueilli avec des fleurs. Ce même salon d'honneur qui a vu défiler, ces dernières années, plusieurs champions algériens qui ont hissé très haut le drapeau algérien.
Sa famille, un grand exemple d'humilité
La grande surprise à laquelle Taoufik Makhloufi ne s'attendait pas a été la présence au salon d'honneur de sa famille : son père Younès, sa mère Chahla, son frère Tahar, une de ses s'urs, sa tante maternelle et son cousin. Venus spécialement pour l'accueillir, ils ont passé la soirée sur les nerfs, impatients de le revoir. A ce titre, il faut souligner la grande humilité dont ils ont fait preuve, répondant à toutes les sollicitations des médias sans se lasser ni rouspéter, preuve qu'ils considèrent l'exploit de Taoufik comme appartenant à toute l'Algérie.
Assis entre ses parents, il n'a pas pu retenir ses larmes
Assis entre ses deux parents au salon d'honneur, Taoufik Makhloufi était tellement ému qu'il n'a pas pu retenir ses larmes face aux caméras des différentes chaines de télévision présentes sur place lorsque sa mère l'a étreint et embrassé sur sa poitrine. Outre le fait de ne pas avoir vu sa famille depuis 7 mois, un autre facteur a engendré cette émotion : ce n'est qu'une fois sur le sol algérien que l'athlète a réellement mesuré l'étendue de sa performance et l'écho qu'elle a eu chez les Algériens. D'ailleurs, le caractère solennel de l'accueil rendait bien la reconnaissance populaire.
Benida-Merah, Guerni-Djabir et Hammad l'ont accompagné
Dans son voyage de Londres vers Alger, Makhloufi était accompagné par trois grands anciens champions : Nouria Benida-Merah, championne olympique du 1 500 m en 2000, Saïd Guerni-Djabir, champion du monde du 800 m en 2001 et médaillé olympique de bronze en 2000, et Abderrazak Hammad, médaillé de bronze olympique en saut en hauteur en 2000. Ils ont été parmi ceux qui ont encouragé l'enfant de Souk-Ahras dans son aventure londonienne, lui faisant partager leur expérience et l'assurant de leur soutien moral pour sa première participation à une compétition internationale d'envergure.
Des familles et des enfants présents en force
L'accueil à l'aéroport Houari-Boumediène n'était pas uniquement protocolaire. Des citoyens étaient venus en nombre, notamment des familles et des enfants, tous fiers de l'unique médaille gagnée par l'Algérie à Londres. D'ailleurs, ils n'avaient d''il que pour lui, alors que les autres sportifs algériens, arrivés dans le même vol, ont été presque ignorés alors qu'ils ne sont pas tous responsables de leurs mauvaises performances, la mauvaise préparation pour certains et des erreurs d'arbitrage pour d'autres ayant joué en leur défaveur.
23h25 : début d'un défilé avec la place des Martyrs comme première escale
A 23h25, Taoufik Makhloufi a quitté l'aéroport Houari-Boumediène aux sons d'une troupe de zorna. Il est monté dans une voiture à toit ouvrant pour une virée dans les rues d'Alger. Des citoyens, venus le saluer, l'ont suivi dans leurs voitures, ce qui a engendré une long cortège joyeux. La première escale a été la place des Martyrs, au c'ur d'Alger, ralliée vers minuit. Makhloufi est descendu de voiture et est allé à la rencontre de citoyens ravis de le voir et dont certains ont pris des photos souvenir avec lui. Devant le gros attroupement qui s'en est suivi, il est remonté dans la voiture après une vingtaine de minutes et est reparti sous les you-yous.
Une foule à la place Audin et des fumigènes à la place du 1er-Mai
La deuxième escale a été la place Audin, à Alger-Centre, juste à la sortie du Tunnel des Facultés. Il s'agit d'un des endroits les plus fréquentés durant les soirées du Ramadhan, ce qui fait qu'il y avait foule à son arrivée. Makhloufi a eu droit à un bain de foule digne des stars, avec un lancer de confettis. Le cortège a ensuite poursuivi son parcours à Alger pour atteindre la place du 1er-Mai aux environs de 00h40. Aux sons de «One, two, three ! Viva l'Algérie !», il a été accueilli par des yous-yous, en présence de quelques troupes musicales qui ont conféré à ce moment un air de fête. Des fumigènes ont même été allumés. Le cortège n'en est pas resté là puisqu'il a poursuivi son périple jusqu'à arriver à la résidence d'Etat Djenane El Mithak vers l'heure du s'hour, achevant ainsi une nuit intitulée «Makhloufi, héros d'Algérie».
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Makhloufi : «Si j'avais su... »
A sa descente d'avion, et avant même de rejoindre le salon d'honneur de l'aéroport Houari-Boumediène, Taoufik Makhloufi nous a fait cette déclaration : «Si j'avais su qu'une médaille d'or procurerait un tel bonheur au peuple algérien, j'aurais fait tout ce qu'il faut pour l'obtenir bien avant. Je ressens un sentiment très fort. Je suis fier de cette performances et heureux d'être celui qui a procuré de la joie au peuple algérien. Ma famille m'a beaucoup manqué et j'ai hâte de la voir.»
«Je m'exprimerai bientôt sur mon abandon au 800 m»
Interrogé sur l'affaire de son abandon dans les séries du 800 m et du bruit qui s'en était suivi sur le plan international, surtout que cela avait failli lui coûter la participation à la finale du 1 500 m et, a fortiori, la médaille d'or qu'il a remportée, il s'est contenté de déclarer : «Je m'exprimerai bientôt sur ce qui s'est passé dans les séries du 800 m.»
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Guerni-Djabir : «Avant la course, il m'a dit : ''Ne t'en fais pas, je suis algérien, non '''»
Saïd Guerni-Djabir est parmi les champions algériens qui étaient présents à Londres pour encourager les représentants algériens. Futur directeur de l'école nationale des sports olympiques qui sera inaugurée en septembre à Sétif, il a déclaré : «La performance de Makhloufi est d'autant plus formidable qu'elle est survenue au moment où les résultats des participants algériens étaient décevants. Avant la finale, j'étais parti l'encourager en l'exhortant à faire preuve de courage et à nous ramener une médaille et il m'avait dit : ''Ne t'en fais pas, je suis algérien, non '''»
Benida-Merah : «Makhloufi a égalisé !»
La dernière médaille d'or remportée par l'Algérie dans une édition des Jeux Olympiques, avant celle de Taoufik Makhloufi, avait été l''uvre de Nouria Benida-Merah, également au 1 500 m. Cela lui a fait dire lundi soir au retour de la délégation à Alger : «Makhloufi a égalisé ! Il y a désormais deux champions olympiques féminines et deux champions olympiques masculins du 1 500 m : Boulmerka et moi d'un côté, Morceli et Makhloufi de l'autre.» Elle nous a également révélé l'angoisse qu'elle a vécue avant la finale : «J'avais tellement peur qu'il ne remporte pas de médaille que j'avais pleuré avant la course. El hamdoullah, il a été à la hauteur de la responsabilité et nous a procuré de la joie à tous.»
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Ses parents et son frère aux anges
Les parents de Taoufik Makhloufi ne cachaient pas leur joie. Le père, Younès, a affirmé qu'il était «très, très content de ce qu'a réalisé mon fils et fier de ce qu'il a fait pour l'Algérie», alors que sa mère, Chahla, a déclaré qu'elle avait hâte de voir son fils «pour le prendre dans mes bras et lui dire que, grâce à lui, nous et tous les Algériens avons la tête haute». Quant à son frère Tahar, il s'est projeté vers l'avenir en affirmant que «Taoufik en est au début d'une carrière riche qui sera concrétisée par d'autres grandes performances».
Qassaman entonné au salon d'honneur
Lorsque les sportifs algériens de retour de Londres sont entrés au salon d'honneur de l'aéroport Houari-Boumediène, l'hymne national a été entonné. Tout le monde a repris Qassaman, que la performance de Taoufik Makhloufi a permis d'entendre dans le ciel de Londres en dépit de l'article provocateur du journal The Daily Telegraph qui avait considéré l'hymne algérien comme le cinquième plus mauvais au monde.
Présence en force des médias étrangers
Les médias étaient présents en force au salon d'honneur de l'aéroport Houari-Boumediène. Représentants de journaux, de radios et de télévisions, ils se bousculaient pour recueillir les impressions des sportifs algériens ayant participé aux Jeux Olympiques, avec une attention particulière pour Taoufik Makhloufi, incontestablement le plus demandé. D'ailleurs, il est à noter la présence de plusieurs chaînes de télévision étrangères, notamment arabes, ce qui nous a rappelé le formidable accueil qui avait été réservé à la sélection nationale de football, après sa qualification pour le Mondial-2010.
Des bousculades et des incidents à déplorer
Le seul point noir de la soirée a été l'anarchie qui a régné dans le salon d'honneur lorsque Makhloufi a fait son apparition. En effet, la présence de nombreux intrus qui se disaient supporters, la mauvaise organisation et le nombre élevé de journalistes, photographes et techniciens présents ont engendré des bousculades, des dépassements et quelques incidents, avec notamment le saccage de la caméra d'une chaîne de télévision étrangère. C'est regrettable que le ministère de la Jeunesse et des Sports n'ait pas pensé à organiser une conférence de presse digne de ce nom, ce qui aurait fait l'économie du bricolage et des incidents auxquels on a assisté.


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