Algérie

Maîtrise espagnole contre efficacité hollandaise



Allemagne, Espagne, Pays-Bas. La Coupe du monde 2010 a consacré les équipes les plus techniques, les plus habiles et les plus agréables à regarder. Et, pour une fois, les équipes qui produisaient le plus beau jeu ont été les plus fortes, allant le plus loin dans la compétition. Personne ne s'en plaindra. Dans ce trio, l'Allemagne a constitué la plus belle des surprises. On connaissait l'Espagne, championne d'Europe en titre, en passe de réussir un doublé historique si elle remporte la Coupe du monde deux ans après. Seule l'Allemagne, championne d'Europe en 1972 et championne du monde en 1974, l'avait réussi avant elle, la France l'ayant, quant à elle, réussi mais en sens inverse, en devenant championne du monde en 1998 avant d'être championne d'Europe en 2000. On connaissait donc l'Espagne, et son jeu chatoyant, largement inspiré de celui de Barcelone. Une possession de balle outrageante, un souci permanent de construire, une habileté technique exceptionnelle, et un collectif qui fait rêver. C'est le résultat d'un long travail, avec l'arrivée à maturité d'une génération qui a remporté plusieurs titres en catégories de jeunes.

 On connaissait un peu moins les Pays-Bas, malgré une longue tradition de joueurs exceptionnellement doués, mais plus proches du football total que de la technicité qui est en train de triompher en Coupe du monde. Mais peu de gens misaient sur l'Allemagne, et sa formidable métamorphose durant cette Coupe du monde. Les Allemands ont donné l'impression de redécouvrir les vertus du football, en misant sur des qualités qui n'étaient pas leur point fort traditionnel. Pour la première fois depuis des dizaines d'années, on a découvert une équipe d'Allemagne qui n'a pas cherché à s'imposer grâce à la masse athlétique de ses joueurs, ni à leur puissance physique. Même la rigueur tactique traditionnelle de l'Allemagne a été reléguée au second plan par la qualité technique d'un ensemble très jeune, probablement appelé à prendre la succession de l'Espagne dans la domination de l'Europe et, peut-être, du monde.

 Ceci dit, il y a une dernière question de suprématie qui sera tranchée ce soir, entre l'Espagne et les Pays-Bas. Au jeu des pronostics, l'Espagne est donnée favorite. Elle présente, a priori, un effectif plus riche et un collectif plus puissant. Mais cela ne constitue pas une garantie définitive face aux incertitudes que présente un tel match. Car l'Espagne présente deux grands défauts. C'est, d'abord, une équipe relativement inefficace en attaque. Elle concrétise moins d'une occasion sur cinq. La stérilité de ses attaquants est parfois effrayante: contre la Suisse, les joueurs espagnols avaient tiré vingt-quatre fois au but, sans en marquer un seul. Ensuite, l'Espagne a un jeu relativement lent, très prévisible. Les interminables échanges au milieu du terrain permettent certes de préparer les attaques, mais rassurent l'adversaire, qui est rarement pris par la vitesse collective des Espagnols.

 A l'inverse, les Hollandais sont redoutables d'efficacité. Leur réalisme leur permet de concrétiser près d'une occasion sur deux. Ils n'ont pas besoin d'une grande possession de balle pour marquer. Et, de plus, ils vont extrêmement vite. La finale de la Coupe du monde se jouera donc sur peu de chose. La possession de balle sera espagnole, mais le sort du match se jouera sur un autre volet. Pour devenir la meilleure équipe du monde, l'Espagne devra se montrer plus efficace, et mieux exploiter ses occasions de but. Cela passera peut-être par le retour en forme de Torres, qui est en train de rater sa Coupe du monde car pas encore suffisamment rétabli. Il suffirait qu'il marque en finale pour que tout lui soit pardonné. Autrement, les Pays-Bas seront couronnés. Et ce ne sera que justice. Car la Hollande a perdu deux finales de Coupe du monde, chaque fois face au pays organisateur, en 1974 contre l'Allemagne et en 1978 contre l'Argentine. Si ces finales avaient eu lieu en terrain neutre ou en Hollande, les Pays-Bas auraient été probablement sacrés.




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