Algérie

Maître Zehouane (président de la LADDH)



« L?Etat doit revoir la gestion du dossier des disparus » C?est dans la cacophonie que l?Etat gère le dossier des disparus », estimait hier maître Zehouane, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l?homme (LADDH). De graves « dysfonctionnements » et des pratiques « illégales » entachent, selon l?avocat, le dispositif de prise en charge des familles des disparus. Les représentants de la LADDH, qui ont organisé hier à Alger une rencontre avec la presse, n?ont pas manqué de dénoncer les différentes « incohérences » relevées dans le dispositif en question énoncé dans la charte pour la réconciliation nationale. L?indemnisation des familles des disparus, déclarait le président de la LADDH, doit être inconditionnelle et s?accompagner d?une réhabilitation morale. La charte n?a pas, selon lui, réglé le dossier des disparus car elle est « viciée » sur le plan de la forme. La solution passe, d?après maître Zehouane, par une reconsidération par l?Etat de son action qui passe d?abord par une large consultation des familles et des collectifs des familles des victimes. Or celles-ci, note Hadj Smaïl, représentant de la LADDH à l?Ouest, subissent la furia de l?appareil policier et judiciaire soucieux de clore, en préservant l?impunité des responsables des disparitions, les dossiers en suspens. « A Boumerdès, on oblige les familles des disparus, et ce, à grands renforts de menaces, à venir déposer des demandes d?indemnisation », intervenait dans la salle un membre d?un collectif des familles des disparus. L?enjeu actuel semble être de fermer au plus vite et par tous les moyens les milliers de dossiers en suspens. « Au point, déclarait maître Zehouane, qu?on contraint désormais les familles à déclarer leurs disparus comme étant des terroristes pour obtenir le certificat de décès. » Les jugements rendus en la matière par les tribunaux renferment, selon le président de LADDH, un « vice grave » et de « faux témoignages ». « Il s?agit manifestement, souligne-t-il, de parjure et de viol. » Pour illustrer les nombreuses « aberrations » et les « dysfonctionnements » de l?appareil judiciaire, et l?opacité caractérisant le traitement des cas d?exaction flagrants, le successeur de maître Ali Yahia Abdenour donne pour exemple « l?enlèvement et le meurtre » du jeune Hammouche à Taghrout, dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, et celui de Kamel Saâdi, dans la région de Beni Melikèche (Béjaïa) dont s?est rendu responsable le député et ex-maire de Tazmalt, Smaïl Mira. Pour ce qui est de Hammouche, le corps de la victime, rapporte maître Zehouane, a été restitué à sa famille avec l?« ordre » de ne pas ouvrir le cercueil. « On leur a expliqué qu?il était mort par suicide. » « Je le dis en tant qu?ancien détenu, la thèse du suicide ne tient pas la route car les personnes arrêtées et conduites dans ces centres de rétention sont maintenues sous étroite surveillance et menottées. » La mort du jeune homme enlevé en décembre 2006 par les « services » fait dire à l?avocat qu?il « a été suicidé ». Concernant l?affaire dite Smaïl Mira, le président de la LADDH estime l?immunité parlementaire dont jouit le député n?empêche pas « un déroulement strict et rigoureux de l?instruction judiciaire ». « Elle doit l?être davantage car cela y va de l?image des institutions de l?Etat », ajoute maître Zehouane. Des « pressions » auraient été exercées, selon lui, sur la famille de la victime pour la dissuader de déposer plainte et de se constituer partie civile dans ce meurtre. « Il faut faire échec aux forfaitures judiciaires pour qu?aboutissent la justice et la vérité », conclut l?avocat.


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