Maître Ammar Bentoumi inhumé hier Un dernier hommage lui a été rendu

Ammar Bentoumi, premier ministre de la Justice de l'Algérie indépendante, a été inhumé hier au cimetière de Sidi M'hamed de Bouzaréah (hauteurs d'Alger).
Né le 26 décembre 1923, Me Bentoumi est décédé vendredi dernier à l'âge de 90 ans. Il était un fervent avocat qui a pris part à la défense de militants du mouvement national. Dans la matinée, la dépouille de Me Ammar Bentoumi a été transférée au tribunal de Sidi M'hamed pour que les citoyens, dont plusieurs avocats et moudjahidine, puissent lui rendre un dernier hommage.
Pour l'histoire, Me Ammar Bentoumi avait rejoint le mouvement national dès les années 1940. Il avait fondé le «collectif des avocats d'Alger» pour assurer la défense des militants du PPA-MTLD, et plus tard ceux du FLN. Ce collectif comptait dans ses rangs des robes noires d'origine algérienne, mais également françaises sympathisants du FLN. Me Bentoumi avait assuré la défense de plusieurs militants.
Son désaccord avec Ahmed Ben Bella a été à l'origine de son incarcération dans le Sahara algérien, tout comme Mohamed Boudiaf et Ferhat Abbas. En 1965, libéré, il retrouve son métier d'avocat. Il devient bâtonnier national en 1971.
Louisette Ighilahriz, rencontrée au tribunal, nous indique que la jeunesse algérienne, notamment les jeunes avocats, devraient suivre l'exemple de Ammar Bentoumi qui est une référence en matière d'intégrité et de combat pour les causes justes : «C'était un vrai militant de la guerre de Libération. Après l'indépendance, il a été l'un des rares à revendiquer la concrétisation d'un Etat de droit en Algérie.» Cet avis est partagé par l'ex-président de la Ligue algérienne pour les droits de l'homme et actuel député du FFS, Mostefa Bouchachi : «Me Bentoumi avait milité pour la consécration des libertés en Algérie et pour un fonctionnement de l'Etat dans le respect du droit. Ses réflexions sont toujours d'actualité, même 50 ans après l'indépendance.»