Algérie

Mais qui a tué Mourad'



Mais qui a tué Mourad'
Le relogement des familles de Bab El Oued et d'El Harrach est allé vers la guerre des... voisins.
Le tribunal criminel de Blida a eu à juger jeudi dernier une grave affaire d'homicide volontaire qui a eu lieu à Birtouta (Alger) durant le dernier mois de jeûne. Grave affaire car elle avait opposé des bénéficiaires de nouveaux logements venus de l'Est et de l'Ouest d'Alger centre. Vers neuf heures quarante après avoir liquidé un dossier portant sur la fraude fiscale, Djabali, passera à Omar et Abdelkader les deux accusés d'homicide volontaire et complicité.
Auparavant, les gendarmes ont rendu les honneurs au tribunal criminel - tradition qui a disparu à...Alger. Après quoi deux jurés, dont une jeune mère de famille, avait été tirés au sort avant que l'austère Zohra Tahir ne se lève pour lire mécaniquement l'arrêt de renvoi. Une lecture fastidieuse qui ajoute du poids à la chape de plomb propre aux salles d'audience. L'appel de la dizaine de détenus est expéditif. Ces mêmes témoins qui affirmeront tour à tour que ce crime n'était basé sur rien, en tout cas sur absolument rien de concret, de quoi s'armer et tuer gratuitement. Le procureur général veut savoir qui des Harrachis ou des enfants de Bab El Oued ont été les provocateurs. «Il y avait environ quatre cents citoyens après le ftour. Un nombre pas possible. Parmi cette foule, j'ai vu Abdelkader touché à l'oeil. Je n'ai vu ni Omar ni la victime» raconte le troisième témoin. Yamina a dit que depuis le balcon, elle a vu un citoyen asséner un coup de gourdin sur la tête de Omar. Elle n'a pas vu le manieur de couteau, car il y avait beaucoup de gens qui avaient accouru. Et puis voilà que Omar suggère que peut-être la victime avait été tuée ailleurs...Djabali rejette net cette bizarre suggestion. Elle n'a pas envie d'avaler des couleuvres. Elle s'en tient au dossier. Mohammed Boutia, l'huissier de salle, s'affaire à surveiller les entrées et sorties des témoins sous l'oeil bien ouvert des éléments de la Dgsn et des gendarmes. Ce qui est certain c'est que personne n'a vu la victime au sol.
L'un des témoins a assuré qu'il y avait trop de gens qui gesticulaient...Et ce même témoin de réaffirmer que les Harrachis étaient les plus gentils de la capitale malgré tout ce que l'on colporte à leur sujet... Les relations empoisonnées à Birtouta où les résidents venus d'El Harrach s'en sont pris à ceux venus de Bab El Oued. Deux chefs- lieux de commune que l'on peut faire en voiture la nuit en sept minutes! La même mentalité en somme. Pourtant, durant le dernier Ramadhan, il y a eu mort d'homme. Un homicide volontaire commis par Omar A. qui verra d'emblée Malika Djabali, la présidente du tribunal criminel de Blida, s'interroger sur ces sanglants comportements qui veulent que des citoyens venus cohabiter dans des cités neuves, se prendre à la gorge.
Le port et le maniement d'arme blanche feront le reste. Et dans ce dossier, les armes blanches sont une barre de fer et un couteau! L'accusé principal parlera même d'une épée brandie par le co-accusé d'homicide volontaire. Omar, Allah bénisse, a une corpulence qui n'a pas besoin de le voir se défendre à l'aide d'une arme blanche. Il assure que c'était la première fois car il avait alerté les policiers qui ne s'étaient pas manifestés à temps! Abdelkader R., le second accusé dans cette tragédie, lui, ne tenait pas en place dans le box. Il ne se calmera que lorsqu'il sera appelé à la barre. Il rappelle les faits du 14 août, après le Ftour à Birtouta. «J'ai entendu les cris. Je suis sorti de chez moi. En arrivant, j'ai vu Omar, les mains vides discuter en faisant un boucan pas possible. Et j'ai vu la victime, sur le sol, la tête tout en sang. Comme je n'avais pas assisté depuis le début de la rixe, je peux donc vous dire que je n'ai rien vu pour ce qui est de l'homicide.» D'ailleurs, Mohand-Saïd, un voisin témoin arrivera à la barre prêt à défendre Omar bec et ongles en sifflant: «Je connais ces deux jeunes. Allah bénisse. Ils sont: «Macha Allah!» Une heure après les débats, le tribunal criminel n'avait aucune idée sur l'auteur du crime. Ah! Cette intime conviction! Cependant, les neuf témoins ont laissé apparaître cette nette impression que la victime n'avait pas été poignardée sur les lieux-mêmes de ce rassemblement de jeûneurs sortis digérer le Ftour. Farid Boukhaled, le procureur général suivra avec beaucoup d'attention les débats de bout en bout.
Comment peut-on rendre justice lorsque tous les témoins n'ont pas vu Omar et Abdelkader tuer la victime' Même la victime n'avait dans la salle d'audience ni parents ni avocat! Stupéfiant! Seul le procureur général avait cette conviction que les deux accusés étaient les véritables meurtriers! Il se basera sur les seules déclarations puisées dans les procès- verbaux d'audition... Cela ne l'empêchera pas de réclamer la peine capitale!




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