Algérie

Maintien de la date de la rentrée scolaire: Les syndicats sceptiques



Des responsables de syndicats d'enseignants et de personnels de l'Education nationale, qui ont annoncé une prochaine rencontre avec la ministre, le 10 septembre, restent toujours réservés sur le maintien de la date officielle de la prochaine rentrée scolaire, qui va se dérouler, alors qu'une épidémie de choléra sévit dans des wilayas du centre du pays. Contactés, les responsables du Cnapeste (Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'Education) et du Snapest (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) restent circonspects sur les raisons invoquées par la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, pour maintenir la date de cette rentrée, et décliner son report.Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste a, ainsi, relevé qu' «on a tout fait pour que les choses soient acceptées, mais nous doutons de ces mesures de prévention» contre le choléra annoncées par la ministre. «Car nous pensons qu'il ne faut pas s'aventurer à jouer avec la santé des élèves. Nous avons constaté que le ministère ne maîtrise pas la situation, et qu'il dépend d'autres structures, quant à la lutte contre cette épidémie», a-t-il ajouté, estimant que «les assurances du ministère ne sont pas tellement convaincantes».
De son côté, le coordinateur du Snapest Meziane Meriane, toujours dans des déclarations au ‘Le Quotidien d'Oran' n'en pense pas moins et estime que «la santé des élèves mérite plus que des déclarations». «Car la ministre de l'Education nationale a déclaré qu'il n'y aura pas de report de cette rentrée scolaire... on espère que les choses iront dans le bon sens, mais je maintiens que s'il le faut, il y a lieu de reporter cette rentrée scolaire.» «Au vu de la rapidité de la propagation de la maladie, on était à quatre wilayas et on est maintenant à six, cette épidémie risque de devenir une pandémie, ce que l'on n'espère pas», a-t-il dit, avant de relever que «c'est maintenant qu'il faut nettoyer, désinfecter et remplir les bâches à eau et les citernes, ainsi que les sanitaires, qui sont dans un état d'insalubrité extrême.» M. Meriane insiste: «il ne faut pas attendre la rentrée pour faire cela», faisant remarquer que «pour le moment, je ne vois pas d'école primaire ouverte». «Je le redis, s'il faut reporter la rentrée scolaire, il faut le faire, car je ne vois pas, aujourd'hui, des écoles ouvertes et où il y a des travaux de nettoiement.» Selon lui, «il n'y a pas assez d'agents pour nettoyer et désinfecter les bâches à eau, les sanitaires de toutes les écoles du pays».
Lundi, au lendemain de sa rencontre avec les directeurs de wilayas de l'Education et les partenaires sociaux dont les syndicats, la ministre de l'Education nationale avait écarté toute idée de reporter la date de la rentrée scolaire, en raison de l'épidémie de choléra. Cette rentrée scolaire 2018-2019 «aura lieu dans les délais fixés, soit le 5 septembre à travers tout le territoire national», a-t-elle rappelé, soulignant que les informations communiquées par les instances concernées, à leur tête le ministère de la Santé, au sujet de l'épidémie du choléra «n'exigent pas le report de la rentrée scolaire dans les wilayas touchées». Selon elle, «toutes les mesures ont été prises contre l'épidémie du choléra, non seulement dans les wilayas où des cas ont été enregistrés, mais également dans toutes les wilayas du pays, et ce, sous la supervision des ministères de l'Intérieur et de la Santé.»
La ministre de l'Education nationale a indiqué, d'autre part, que les walis « ont donné des instructions sur l'impératif d'observer les règles d'hygiène pour prévenir cette épidémie », et a appelé les responsables locaux au respect des règles d'hygiène et les opérations d'entretien et d'assainissement des réservoirs, des citernes et des sanitaires et cantines des établissements scolaires.
Par ailleurs, et sur la rencontre tenue, dimanche, par la ministre de l'Education nationale, les cadres du ministère, les directeurs de wilayas et les syndicats, autour des préparatifs de cette rentrée scolaire qui devrait enregistrer plus de 9millions d'élèves (8,6 millions d'élèves en 2018), Messaoud Boudiba a indiqué au ‘Le Quotidien d'Oran', que (cette rencontre) «est une réunion en vérité ordinaire, qui a lieu chaque année pour préparer la rentrée scolaire.» «Nous avons discuté, a-t-il dit, de plusieurs sujets se rapportant à cette rentrée, dont l'épidémie actuelle de choléra et comment protéger les élèves de cette maladie, la formation des enseignants, la déontologie et les principes du métier d'enseignant.» «Plus concrètement, nous avons, nous en tant que syndicat, insisté sur la formation des enseignants, car il est important de bien former les enseignants», a-t-il ajouté.
Intersyndicale, le retour
L'autre dossier abordé précise, encore le porte-parole du Cnapeste «a été celui de la révision de la forme actuelle du baccalauréat», soulignant que «nous avons laissé ce dossier ouvert, et il reste sur la table des négociations entre les différents partenaires», même s'il y a déjà un consensus global, avant sa présentation au gouvernement pour approbation. «Nous avons, également, discuté de la déontologie et due respect des principes de la profession d'enseignant, comme élément important de la formation des générations futures», affirme d'autre part M. Boudida, qui a relevé que «d'une façon globale, nous sommes habitués à de telles rencontres préparatoires de la rentrée scolaire», mais, nuance t-il, «la réalité des choses dans le secteur est rarement abordée. Comme cette volonté des responsables du secteur de baisser ou de diminuer le budget des établissements scolaires, alors que les dépenses de ces établissements ne font qu'augmenter.» «Ce qui va amoindrir les réponses immédiates de ces établissements à la nécessité d'améliorer les services rendus aux élèves, aux enseignants et aux différents personnels administratifs», estime t-il. «Par ailleurs, les syndicats du secteur de l'Education ont demandé une rencontre avec la ministre, qui doit se tenir à la mi-septembre, avec à l'ordre du jour, le cahier de revendications des enseignants et différents personnels, dont le dossier de la retraite anticipée, toujours sur la table, et d'autres revendications à caractère socioprofessionnel», a encore indiqué le porte-parole du Cnapeste.
De son côté, le coordinateur du Snapest a souligné que cette rencontre de dimanche «a permis, à la ministre, de donner des orientations générales sur cette rentrée scolaire». M. Meziane Meriane a, également, annoncé que la réunion, demandée par les syndicats avec la ministre de l'Education nationale «se tiendra, en principe, le 10 septembre prochain, avec au menu plusieurs dossiers». «On va profiter de cette rencontre pour aborder plusieurs dossiers d'ordre pédagogique, social et professionnel», a t-il affirmé. «Nous tiendrons également, durant cette période de septembre, ajoute-t-il, une réunion de l'Intersyndicale, et on envisage de la transformer en une fédération, qui va traiter plusieurs dossiers, dont la retraite, le pouvoir d'achat des travailleurs et les libertés syndicales», a insisté, par ailleurs, M. Meziane Meriane, qui a relevé que ces revendications seront, par la suite, soumises au gouvernement. L'Intersyndicale regroupe, pour le moment, 14 syndicats autonomes de l'Education, la Santé, la Fonction publique, et le Secteur économique (électricité, gaz et poste). Ses principales revendications portent sur la révision du nouveau régime de retraite, le code du travail, les libertés syndicales et la défense du pouvoir d'achat des travailleurs.


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