Algérie

Maintenir le cap



Y a-t-il un lien direct entre la flambée du prix du baril de pétrole et la paix sociale en Algérie ' Certains observateurs lient intimement ces deux facteurs, pensant que l'Algérie, ainsi que d'autres pays exportateurs de pétrole, auront toute la latitude pour apaiser le front social à travers les aides aux populations démunies et l'achat, ainsi, de la paix sociale. Mais, force est de reconnaître que l'Algérie n'a jamais cessé de soutenir les couches défavorisées, veillant à son rôle social que le pétrole soit en hausse ou en baisse.Dans ce cadre, les transferts sociaux, qui représentent l'aide de l'Etat aux familles démunies, notamment aux secteurs du logement et de la santé, sont considérables dans la loi de Finances pour l'exercice 2022 (avec 1.942 milliards de dinars), soit bien avant la flambée du pétrole, enregistrée ces derniers jours à la suite de l'éclatement de la guerre en Ukraine.
Il est vrai que le baril a gardé un prix assez stable durant une longue période (60 à 70 dollars), soutenu par l'accord Opep+ sur la production qui prend en considération l'équilibre entre la l'offre et la demande sur le marché mondial, et qui a permis aux pays exportateurs de supporter l'impact économique de la crise sanitaire, notamment.
Maintenant, avec cette flambée du pétrole, certains espèrent voir l'Algérie renouer avec les anciennes pratiques de l'ancien système, qui jetait littéralement de l'argent par les fenêtres, pour acheter la paix sociale, et donnait l'occasion aux prédateurs de s'enrichir illicitement. Avec cette flambée du pétrole, le gouvernement est, certes, plus à l'aise pour exécuter son programme, qui prévoit des dépenses assez conséquentes, dans le cadre du versement de l'allocation chômage, mieux maîtriser l'inflation, notamment en supportant les hausses de prix de produits alimentaires sur le marché international, ainsi que la concrétisation des projets d'investissement publics qui nécessitent des budgets importants, mais il ne faut plus compter sur le gaspillage tel qu'on l'a vécu du temps de l'ancien système, durant presque six ans. Durant cette période, l'Algérie subissait une baisse constante des recettes pétrolières et gazières et, paradoxalement, une hausse de la facture des importations, puisant directement dans les réserves de change.
L'Algérie reste encore dépendante des hydrocarbures, mais pas autant que cette ancienne période, notamment grâce à l'amélioration de la production agricole et la baisse de la facture d'importation, véritable tremplin pour le détournement des devises. La flambée du prix du pétrole devrait bien servir à l'amélioration de la vie des citoyens, mais certainement pas comme l'entendent certains.
Le gouvernement devrait, dans ce sens, s'investir dans une politique sociale plus généreuse en renforçant la valeur nominale du dinar, en forte dépréciation depuis 2014, afin de consolider le pouvoir d'achat du citoyen. Et, surtout, maintenir le cap de la politique de diversification de l'économie nationale pour sortir de la dépendance des hydrocarbures.


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