Mainmise salafiste sur les mosquées

"Nos mosquées, du moins certaines d'entre elles, sont devenues les réceptacles de la pensée wahhabite provenant de l'Arabie saoudite", a affirmé le directeur local des affaires religieuses et des waqfs de la wilaya.Les imams de la wilaya de Bouira, relevant du Conseil national autonome des imams et fonctionnaires des affaires religieuses et des waqfs, ont dénoncé, hier, lors d'une assemblée générale, organisée à la maison de la culture Ali-Zaâmoum de Bouira, la mainmise des intégristes, notamment les salafistes, sur certaines mosquées de la wilaya. "Nous avons constaté, non sans inquiétude, la prolifération de la pensée extrémiste et intégriste dans certaines de nos moquées", s'alarmera le président du bureau local de ce syndicat. Pour cet imam syndicaliste, les pouvoirs publics doivent "agir en urgence", dans le but d'éradiquer la pensée intégriste et notamment salafiste des mosquées de la wilaya. "Nous avons recensé une vingtaine de mosquées qui sont sous le contrôle de personnes qui propagent la haine, l'exclusion et le communautarisme religieux", a-t-il indiqué, tout en faisant savoir que dans la commune de Sour El-Ghozlane, par exemple, deux mosquées échapperaient, selon lui, au contrôle des institutions de l'Etat. "Nous assistons à un retour des halaqat (cours religieux, ndlr) dans nos mosquées, et cela constitue un véritable danger pour la stabilité du pays", ajoutera le représentant des imams de Bouira, soulignant, au passage, que "les imams sont avant tout des éducateurs et il est de notre rôle et de notre devoir de dénoncer les dérives extrémistes, d'où qu'elles viennent et là où elles se trouvent". Le directeur local des affaires religieuses et des waqfs, interrogé à propos de cette propagation, a minimisé les faits, mais ne les a pas niés. "Je vous le dis, nos mosquées, du moins certaines d'entre elles, sont devenues les réceptacles de la pensée wahhabite provenant de l'Arabie saoudite", a-t-il affirmé.
Et de préciser sa pensée : "Dans nos mosquées, les tracts prônant l'intolérance et l'extrémisme pullulent (...)." Le premier responsable du secteur religieux à Bouira indique toutefois que ses services "travaillent d'arrache-pied" pour éradiquer le courant extrémiste à travers les lieux de culte. "Les textes religieux et même le Saint Coran sont soumis à un contrôle strict de nos services et du Conseil religieux", a-t-il insisté.
Le Conseil national autonome des imams et fonctionnaires des affaires religieuses et des waqfs revendique l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des imams. "Nous exigeons une réhabilitation de l'imam, en lui assurant les conditions socioprofessionnelles lui permettant de s'acquitter pleinement de son rôle au sein de la société."
RAMDANE BOURAHLA