Algérie

Main tendue ou doigt accusateur ?


S'adressant à ses sujets à l'occasion du 9ème anniversairede son accession au trône, le roi du Maroc Mohammed VI a réaffirmé que son paysest toujours pour une solution négociée du conflit du Sahara Occidental, commepréconisé par la communauté internationale.

Sauf qu'il maintient le préalable que cette solution nepeut être autre que le plan d'autonomie proposé par le Maroc en lieu et placede celui de l'ex-secrétaire d'Etat américain James Baker, prévoyant luil'exercice par le peuple sahraoui du droit d'autodétermination qui lui estreconnu internationalement. Et surtout, il persiste à désigner l'Algérie entant que partie adverse du Maroc dans ce conflit, au point d'occultertotalement la RASDet le Front Polisario, les seuls pourtant avec lesquels le Maroc mène desnégociations sous l'égide de l'ONU.

Ce n'est pas donc au Polisario et à ses combattants que le souveraina déclaré tendre la main pour la recherche d'une solution au conflit du SaharaOccidental, mais à l'Algérie voisine, dont il a par ailleurs qualifiél'attitude sur la question de l'ouverture des frontières de «punitioncollective» infligée aux peuples marocain et algérien.

A en croire le monarque marocain, c'est l'Algérie qui estcause que le conflit sahraoui persiste, que c'est elle qui bloquerait lasituation par son refus du plan marocain d'autonomie. Pour peu donc, selon «samajesté», qu'Alger accepte celui-ci, tous les problèmes sur lesquels butent lesrelations algéro-marocaines et la construction duMaghreb uni s'aplaniront.

C'est cette spécieuse vision, dont il a entretenu sonpeuple hier, que Mohammed VI a chargé, il y a quelques jours, une délégation duRoyaume de présenter au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et tenter de lui faire prendre positionpubliquement en sa faveur.

Le discours du monarque alaouite n'est pas pour faire avancerles choses. Primo, parce que l'Algérie refuse catégoriquement de se substitueraux Sahraouis et à leurs représentants internationalement reconnus. Qu'elles'en tient au respect des résolutions du Conseil de sécurité, toutes favorablesà l'autodétermination du peuple sahraoui. Secundo, et surtout, parce que leFront Polisario, porte-parole légitime de la cause sahraouie, est en droit deconsidérer que le contenu de ce discours, les échappatoires auxquelles arecours le monarque marocain contredisent la soi-disant volonté du Royaume àpoursuivre avec ses représentants un dialogue sincère et sans préalable en vuede la recherche d'une solution au conflit du Sahara.

La veille du discours que Mohammed VI a prononcé àl'occasion du 9ème anniversaire de son intronisation, le chef du gouvernementde la RASD, AbdelkaderTaleb, avait averti dans une conférence de presse que les Sahraouis n'acceptentplus le «statu quo» actuel, tel que le Maroc voudrait qu'il se perpétue jusqu'àrendre un fait accompli la tentative de substituer le plan d'autonomie à celuide l'autodétermination.

S'il est vrai que Rabat est responsable au premier chef del'impasse dans laquelle se trouve le dossier du Sahara Occidental, l'ONU et sonConseil de sécurité endossent tout autant cette responsabilité pour fairepreuve d'une coupable tolérance à l'égard des piétinements de la légalitéinternationale que se permet le Royaume alaouite.


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