Algérie

Main de fer, gant de velours



Main de fer, gant de velours
Les pouvoirs publics ont, ces dernières années, une fâcheuse tendance à discutailler avec des groupuscules agressifs pour soi-disant juguler le phénomène de la violence urbaine. Walis, chefs de daïras ou maires, les responsables locaux court-circuitent volontairement les associations de la société civile et les comités représentatifs des populations au profit de délégations douteuses et illégitimes. Il est toujours sage de maintenir grands ouverts les canaux du dialogue, mais il faut aussi savoir avec qui traiter des questions d'intérêt commun. Un squatteur d'espace public, un vendeur à la sauvette, le gardien d'un parking non autorisé ou, a fortiori des bandes rivales se disputant un territoire, entre autres parasites et racketteurs, ne sont pas des personnes indiquées pour régler ce genre de problèmes. Bien au contraire, en disqualifiant les véritables acteurs, les représentants de l'Etat enveniment davantage la situation et minent sérieusement l'ordre public. Dans l'attribution de biens sociaux et autres avantages subsidiaires, on accorde, désormais, une espèce de priorité à ceux qui crient et tapent fort, en remettant à plus tard les requêtes de paisibles citoyens qui respectent la loi et prennent leur mal en patience. Ce n'est pas juste. Un squatteur est, partout, logé en priorité. Si demain, tous les citoyens se décident à faire de même pour être servis en premier, que feront alors les autorités ' Le remède aux bagarres, qui éclatent çà et là pour le «contrôle» des cités et des quartiers populaires, réside dans une collaboration tous azimuts avec les comités de résidents et non pas en recevant en grandes pompes des bandes de délinquants. Par calcul populiste ou stratagème d'apaisement simpliste, les représentants de l'Etat se laissent manifestement séduire par la facilité et l'éphémère au lieu de persévérer pour traiter efficacement les crises en profondeur. Cette façon de procéder entrave également le travail des forces de l'ordre qui se retrouvent face à des fauteurs de troubles qui ont leurs entrées dans les arcanes du pouvoir.Les populations, face à cette curieuse reconnaissance, perdent confiance dans les institutions et prennent leurs distances par rapport à la chose publique. Le fossé entre l'administration et l'administré s'élargit dramatiquement. Et quand la situation dégénère, c'est l'Etat, encore une fois, qui paye les pots cassés. On dédommage les échoppes incendiées, les voitures calcinées et les biens dégradés. On répare même le sang versé. Nul n'a le droit de disposer ainsi de l'argent du contribuable. C'est un crime. Le Trésor public doit servir au financement de projets et d'équipements collectifs qui profitent à tout le monde sans distinction. Il appartient aux auteurs d'actes de vandalisme et aux assureurs de rembourser les victimes de ces débordements malfaisants, somme toute, prévisibles.Cette mauvaise culture, qui veut que les ressources de l'Etat profitent en premier à des bandes de truands pour soi-disant sauvegarder la sérénité et la paix sociale, est assurément contre-productive. C'est l'exact contraire qu'il faut faire. Quand tout ayant droit est pris en charge dans les délais, quand la justice punit en temps réel chaque contrevenant et quand les lois sont rigoureusement appliquées, on aura installé la paix sociale sur un socle solide et inébranlable. L'autorité protectrice de l'Etat doit s'exercer pleinement pour que le citoyen lambda cesse d'être une pâture facile à tous les aigrefins. Toute autre «recette» est vouée à l'échec.K. A.




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