Algérie

Mahmoud Abbas menace de reprendre les armes



Mahmoud Abbas menace de reprendre les armes
C'est à un recentrage stratégique de la ligne politique du mouvement Fatah auquel a appelé hier le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dans un son discours-fleuve de deux heures devant les congressistes. Autocritique d'abord de son propre mouvement, battu à plate couture par son rival Hamas à cause de son « éloignement » de la rue palestinienne. Critiques acerbes ensuite contre les autorités israéliennes qui mènent une politique de « purification ethnique », notamment son Premier ministre, Netanyahu, coupable d'« anéantir » les chances du processus de paix. Enfin, flèches contre les « putschistes » du Hamas qui « entravent » le dialogue interpalestinien. Mais Mahmoud Abbas a surtout posé les jalons du renouveau du Fatah qui passe, d'après lui, par la réappropriation de la « résistance populaire ». En effet, le président Mahmoud Abbas a reconnu hier les errements politiques de son parti devant le congrès, réuni pour la première fois depuis vingt ans. Le Fatah a, d'après lui, commis des « erreurs », qui se sont soldées par sa déroute face au Hamas, et ce qui l'a exhorté à « en tirer la leçon » pour se relancer.« En raison du blocage du processus de paix, mais aussi à cause de nos erreurs, certains de nos comportements rejetés par le public, notre faible performance, notre éloignement d'avec le pouls de la rue et notre manque de discipline, nous avons perdu les élections législatives (en 2006) et ensuite, nous avons perdu Ghaza », a déclaré M. Abbas devant les délégués du parti à Bethléem, en Cisjordanie. Le Fatah, qui exerçait jusqu'alors un contrôle sans partage sur l'Autorité palestinienne, avait été battu aux élections par le Hamas, avant d'être violemment délogé par le mouvement islamiste, 18 mois plus tard, par la force de la bande de Ghaza. « Ce congrès doit constituer une plateforme pour un nouveau départ, consolidant notre lutte pour atteindre nos principaux objectifs : la libération et l'indépendance », a affirmé M. Abbas, qui dirige le Fatah depuis le décès, en 2004, de son dirigeant historique Yasser Arafat. « Nous devons tirer la leçon de nos erreurs et chercher en permanence à nous remettre en question et à rectifier notre façon d'agir », a-t-il ajouté. « Notre principale tâche en tant que membres du Fatah est de redonner au mouvement (...) son rang, son rayonnement et son âme pour qu'il continue d'assumer son rôle historique qui est de conduire notre peuple vers la liberté et l'indépendance », a-t-il souligné. Il s'agit du premier congrès général du mouvement depuis 1989 et seulement du sixième depuis sa création, à la fin des années 1950.Une « déclaration de guerre », selon Tel-Aviv Dans le projet du programme politique soumis au congrès, le Fatah souligne la volonté des Palestiniens de « reprendre l'initiative afin de sortir les négociations de paix de l'impasse », tout en réitérant le « droit du peuple palestinien à la résistance contre l'occupation conformément à la loi internationale, y compris la lutte armée ». « Tout en réitérant notre attachement à l'option de la paix et aux négociations, nous nous réservons le droit de recourir à la résistance légitime, garantie par le droit international », a dit M. Abbas dans son discours de plus de deux heures, louant plus particulièrement « la résistance populaire » pacifique. M. Abbas s'en est en outre pris au Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, l'accusant d'anéantir les chances d'une reprise des négociations de paix en refusant le gel de la colonisation et en excluant une restitution aux Palestiniens de la partie arabe de Jérusalem ou de la vallée du Jourdain. Il a aussi accusé le gouvernement israélien de se livrer à une campagne de « purification ethnique » à Jérusalem-Est, en détruisant des maisons arabes et en installant des colons dans des quartiers palestiniens.Le ministre israélien de l'Information, Youli Edelstein, a qualifié le congrès de « déclaration de guerre » contre Israël, dans des propos rapportés par le site d'information YNet. « Ils disent explicitement qu'ils soutiennent la poursuite de la lutte armée », a-t-il dit. M. Abbas a en outre violemment critiqué les « putschistes » du Hamas, dénonçant notamment la « répression » qu'ils exercent à l'encontre du Fatah à Ghaza et les accusant d'entraver le dialogue avec son parti en vue d'une réconciliation. « C'est un discours rempli de fanfaronnades et d'affabulations contre le Hamas », a répliqué le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri. Cela donne la mesure du fossé qui sépare les frères ennemis palestiniens. Cela constitue aussi du pain béni pour Israël, qui peut se permettre de remettre à plus tard ses engagements, le temps que Ghaza se rattache, un jour peut-être, à la Cisjordanie. « Nous ne sommes pas des terroristes »Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a rejeté hier toute notion qualifiant de terrorisme la résistance légitime des Palestiniens contre l'occupant israélien. « Nous ne sommes pas des terroristes et nous rejetons toute description de notre lutte légitime comme du terrorisme », a déclaré M. Abbas devant plus de 2200 délégués du mouvement palestinien, Fatah, réunis en congrès en territoire palestinien. « C'est notre position ferme et permanente », a réitéré M. Abbas, en réaffirmant le droit des Palestiniens à résister aux forces d'occupation israélienne. « La tenue même de ce congrès est un miracle, et sa tenue dans notre patrie est un autre miracle », a également déclaré le dirigeant palestinien dans un discours d'ouverture de la réunion. Au cours de ce congrès de trois jours, quelque 1900 délégués doivent renouveler le comité central et le conseil révolutionnaire, principales instances du Fatah, parti présidentiel, et adopter un nouveau programme politique. Regrettant l'impasse actuelle des négociations de paix avec les Israéliens, Mahmoud Abbas a réaffirmé son attachement au processus de paix. « C'est le droit des gens de dire que ces négociations sont vaines », a-t-il déclaré. « Pour autant, il y a une lueur d'espoir et nous devons poursuivre dans cette voie, pour l'intérêt du peuple », a-t-il conclu.Un plan de paix US prochainement sur la table|Un nouveau plan de paix pour le Proche-Orient sera dévoilé prochainement par les Etats-Unis, et le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a invité Israël à l'accepter, ont rapporté hier des sources médiatiques. Le ministre israélien a indiqué devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset (Parlement) que « dans les semaines à venir, le plan (américain) sera formulé et présenté aux parties (intéressées) », précisent les mêmes sources. « Je crois qu'Israël devrait prendre l'initiative en acceptant ce plan », a ajouté le ministre, cité par un porte-parole du Parlement. Selon des médias israéliens, l'Administration américaine va apporter de nouvelles propositions qui seront dévoilées prochainement afin de donner un nouveau souffle au processus de paix amorcé lors de la conférence internationale d'Annapolis (Etats-Unis) en novembre 2007. Le porte-parole du département d'Etat américain, P.J. Crowler, a répondu lundi à Washington à une question de savoir si l'envoyé spécial américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, allait annoncer un plan de paix américain précisant que « c'est une question de semaines ».|


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