Algérie

Mahdjoub Ben Bella, un peintre majeur



Décédé jeudi en France à l'âge de 74 ans, Mahdjoub Ben Bella a exposé dans les plus prestigieux musées du monde. Il est inscrit dans le catalogue du Metropolitan Museum de New York, alors qu'en Algérie, il n'a été invité qu'une seule fois, en 2012...Le peintre et dessinateur algérien Mahdjoub Ben Bella est décédé jeudi matin à Lille (France) à l'âge de 74 ans, "au terme d'un long et courageux combat contre la maladie", a annoncé le musée La Piscine sur sa page Facebook. "L'artiste Mahdjoub Ben Bella est probablement celui qui a le plus souvent exposé au musée La Piscine de Roubaix. Homme d'une grande générosité, il a toujours eu à c?ur de partager avec le plus grand nombre son message artistique et humaniste", peut-on lire dans l'hommage.
De renommée internationale, Mahdjoub Ben Bella, qui, pour le rappeler, est le neveu d'Ahmed Ben Bella, a sillonné le monde avec ses aquarelles. Son talent et son "style singulier" lui ont ouvert la voie des plus prestigieux musées : Paris, New York, Bruxelles, Madrid ou encore Londres.
Ses toiles sont arrachées par les collectionneurs et sont présentes dans les "grandes collections internationales", à l'instar du British Museum, de l'Institut du Monde arabe de Paris et du Musée d'art moderne de Paris. D'ailleurs, en 2010, M. Ben Bella est inscrit dans le catalogue du Metropolitan Museum de New York, qui le place au rang des artistes mondialement reconnus.
Comme c'est bien souvent le cas pour nos artistes, "nul n'est prophète en son pays". Le plasticien, presque méconnu du public algérien, n'a été invité à exposer et à montrer ses ?uvres qu'une seule fois en soixante ans de carrière. Cette consécration remonte à 2012, dans le cadre des activités dédiées à la célébration du cinquantenaire de l'indépendance.
Organisé à l'époque par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), en partenariat avec le Musée d'art moderne et contemporain (Mama), il avait présenté pas moins de cent dix-sept toiles et sculptures. Une rétrospective de cinquante ans de travail acharné d'un passionné issu de l'Ecole des beaux-arts d'Oran, complètement ignoré et oublié par les autorités de son pays. Alors que sa première muse était l'Algérie.
À ce propos, il avait déclaré dans une conférence de presse (article disponible sur nos colonnes du 26 mai 2012) : "Je travaille depuis cinquante ans à l'étranger, mais je n'ai jamais eu l'occasion d'être invité à exposer en Algérie, et je ne sais pas pourquoi. Je me sens élégant et fier en exposant dans mon pays."
Au sujet de ses créations inspirées de ses racines, il avait confié qu'il travaillait sur son "?moi', qui est la culture algérienne et arabo-musulmane. En fait, mon ?moi' est ma culture réelle. L'Algérie a toujours été présente. Ma peinture est un exercice pour s'emparer de l'univers. Cela veut dire être présent et actif dans le monde. Mon travail est une vitrine ouverte sur l'Algérie".
Tout en insistant sur le fait qu'"elle (l'Algérie, ndlr) est dans mes toiles, cela vient de mes tripes et je ressens beaucoup de fierté en représentant le pays dans le monde". Pari réussi pour cet artiste qui laisse une empreinte indélébile dans l'univers artistique. Né à Maghnia, il a commencé ses études en art à l'Ecole des beaux-arts d'Oran. À l'âge de 19 ans, il s'installe en France pour compléter ses connaissances à l'Ecole des beaux-arts de Tourcoing (dans le Nord).
Il connaît la notoriété en 1986 pour avoir "peint 12 km des pavés du Paris-Roubaix et pour son hommage fraternel à Nelson Mandela, à Wembley, en juin 1988. Il a aussi peint 400 m2 de façades à Lille près du Nouveau-Siècle et des carreaux de céramique destinés à la station Colbert à Tourcoing". En quelques années seulement, Ben Bella a réussi à s'imposer à l'international, à travers sa "double identité : le ciel du Nord et la lumière de la Méditerranée".
Martine Aubry, ancienne ministre et maire de Lille, a posté sur Twitter : "Il nous laisse une ?uvre riche, foisonnante, engagée, créative et inspirée, mais nous ne pouvons que nous sentir frustrés de la perte de tout ce qu'il avait encore à nous dire." Pour raison de pandémie, Mahdjoub Ben Bella sera inhumé à Tourcoing dans la plus "stricte intimité".

H. M.


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