En évoquant sa scolarité primaire, le professeur Hamidou Mohamed Boumediene ne peut pas s'empêcher d'afficher un large sourire. Il n'a récolté que des prix d'excellence durant son primaire et secondaire. Il a accompli le premier palier à Ouled Mimoun où ses parents se sont établis quand il avait trois ans d'âge. Pour le secondaire, il a dû se déplacer à Tlemcen. Il a excellé dans un concours lui ouvrant droit à une bourse d'études. Mais dès son jeune âge, il avait manifesté ses ambitions d'aller le plus loin possible dans ses études, lui dont les parents n'étaient ni alphabétisés ni particulièrement riches, en refusant un cursus menant juste à l'Ecole normale de Bouzereah au lieu de la perspective des études supérieures. Et une seconde fois, en décidant de se présenter au baccalauréat sans suivre le cursus normal. Bachelier, il entame des études de médecine à Alger. Mais son frère aîné lui suggère de venir s'installer avec lui en France. Le pater accéda à la demande de son enfant prodige à une double condition : ne pas fumer et ne pas fréquenter n'importe qui. Notre hôte qui nous indique un superbe tableau de son père trônant dans le salon de sa ville affirme que jusqu'à ce jour, il respecte la promesse faite à son défunt père. De sa trajectoire de lycéen à Tlemcen, le professeur Hamidou adore raconter une anecdote : quand les militaires français ont invité les lycéens à boire et il a refusé de vider son verre rempli de vin. Ce jour là, Mokhtar l'adjudant, surveillant dans son lycée et leur guide lui a appris que c'est son droit d'avoir des principes autres que ceux des français. En 1945, alors qu'il n'avait que 24 ans, il était déjà médecin spécialiste en radiologie. Durant son séjour dans l'Hexagone, il exerça quelque temps à l'hôpital franco-musulman de Bobigny. Rentré chez lui, il aura son premier cabinet à Perrégaux, l'actuelle Mohammedia. En 1956, il sera interdit de séjour dans tout le département d'Oran par arrêté préfectoral. Avant de se conformer à cette décision, il passera voir un de ses patients très tard dans la nuit. Il décida alors d'aller s'installer au Maroc en laissant derrière lui sa femme et ses deux enfants. Avant de prendre le train d'Oued Tlélat qui le mènera à Oujda, il rencontra Messaoud Zouggar qui lui proposa entre autres d'occuper un cabinet se trouvant à Eulma d'un militant PPA emprisonné. A peine arrivé à Fès où son frère aîné l'attendait, il fera connaissance avec des membres de la communauté algérienne installée dans le Royaume du Maroc. Finalement, il opte pour Casablanca pour installer son cabinet. Pendant qu'il était en train d'aménager son nouveau cabinet, quatre membres du FLN se présentent à lui et lui réclament une très grosse somme d'argent. Une fois ce fâcheux incident clos, il sera nommé juste après le Congrès de la Soummam comme président de la commission de propagande et contacts au niveau de la capitale économique du Maroc. Mais le professeur Hamidou estime que son premier acte de militantisme a eu lieu le soir même du détournement de l'avion des cinq historiques qui devaient se rendre de Rabat à Tunis. C'était le 23 Octobre 1956 quand il a presque forcé la main à l'UMT (Union marocaine du Travail) de se lancer dans des manifestations condamnant le premier acte de piraterie aérienne dans l'histoire contemporaine. Le professeur se trouva à la tête du cortège avec l'emblème national à la main. Le lendemain, sur ordre de ses supérieurs, il animera un meeting à la salle de cinéma Chahrazed à Casablanca. Chérif Belkacem assistera à la manifestation et lui prêtera main forte, puisqu'il provoquait les applaudissements de l'assistance à chaque fois que l'orateur perdait le fil de ses idées. En attendant Avril 1961, il soignera des blessés de la guerre de Libération nationale. Mieux, il prodiguera des soins gracieusement à tous les Algériens qui se rendaient dans son cabinet et même aux Marocains sans ressources. Ce qui lui a permis d'asseoir une solide réputation auprès des populations et des autorités de la ville. Cette estime gagnée lui a permis de régler pas mal de questions, notamment de logistique, pour les besoins de la révolution. En Avril 1962, il fera parti de l'exécutif de Rocher Noir, chargé de gérer la période s'étalant du cessez-le-feu au référendum d'autodétermination. Le lourd dossier des affaires sociales lui incombera. Une fois l'indépendance acquise, réalisant les écarts par rapports aux idéaux de Novembre s'afficher de plus en plus ouvertement, il décide de revenir au Maroc pour reprendre son cabinet. Après deux ans, il revient à Oran où il occupera trois ans durant le poste de premier doyen de la Faculté de médecine. Avec quelques confrères, ils décident de transformer l'Ecole de médecine mise en place par la France en 1961 en Faculté de médecine. Entre-temps, il terminera son agrégation et deviendra professeur. Peut-être le seul de toute sa génération qui a accédé à ce grade en passant par la thèse et non par décret. Après plein de déboires, il va se consacrer à la formation des futurs médecins. Sans fausse modestie, il affirme qu'à un moment donné, il était le seul dans sa spécialité (radiologie) de Tlemcen jusqu'à Chlef. Certains lui manifestent toujours de la reconnaissance. D'autres se sont même permis de jeter le portrait de son père pour le vider de son bureau. A quatre-vingt-sept ans, disposant de son temps et surtout de toutes ses facultés physiques et mentales, le professeur Hamidou songe sérieusement à la rédaction de ses mémoires. oeuvre qui ne manquera pas de lever des coins d'ombre sur notre histoire contemporaine. En attendant, juste sa compagnie, aussi brève soit elle, nous réconcilie avec le pays... qui l'a vu naître.
elah yarham hadj hamidou boumedienne ,notre père révolutionnaire de tts les radiologues d'oran et techniciens de ttes l'algerie en particulier
ainsi que pour notre soeur et mere chahrazed
mes sentiments cordiaux
sebrane l'aziz - manipulateur radio - el kseur bejaia, Algérie
27/01/2016 - 292232
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Posté Le : 16/04/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ziad Salah
Source : www.lequotidien-oran.com