Algérie

Maghreb: route barrée ou voie express



En matière de construction maghrébine, les nouvelles sontrarement réjouissantes. La signature jeudi de deux contrats entre la Sonelgazet l'Office national de l'électricité du Maroc (ONE), portant sur le transit etl'échange d'énergie électrique, est donc un modeste motif de satisfaction pourceux - ils sont nombreux même s'ils ne sont pas bruyants - qui ne s'accommodentpas d'un Maghreb poursuivant une très longue sieste.

C'est que l'accord, qui permet à l'Algérie d'exporter del'électricité vers le Maroc et l'Espagne et d'en importer, est un petit modèlede ce qui n'a pas été fait. Construire patiemment et résolument un intérêtéconomique commun et aller, profondément, vers une «interconnexion» qui ne selimite pas à l'électricité. Les aléas des relations intermaghrébines n'auraientjamais dû entraver cette construction. Une vision d'avenir aurait dû, à causemême des motifs de disputes politiques, favoriser cette construction. On en estloin.

Récemment, comme excédé par les quelques Algériens qui ontdit ou écrit que le maintien de la fermeture de la frontière entre l'Algérie etle Maroc ne se justifiait pas, Abdelkader Messahel a livré quelques chiffressur les échanges entre les deux pays. Le Maroc est le premier partenairecommercial de l'Algérie sur le continent africain, avec en 2007 des échangesqui ont atteint 570 millions de dollars, contre 400 millions avec la Tunisie.Il a également fait valoir que quelque 555.000 Algériens ont visité le Maroc en2007. Ce sont, disons-le, des chiffres agréables à entendre. Que les choses nesoient pas aussi mauvaises avec le Maroc est le signe que peut-être rien n'estperdu pour ce Maghreb qui se perd dans les limbes et n'arrive pas à avoir une positionconcertée sur des projets qui le concernent directement.

Mais les échanges de l'Algérie avec l'Afrique étant trèsfaibles - ce qui est très regrettable -, les chiffres des échangesintermaghrébins doivent être comparés avec ceux de chacun avec l'Europe. Dansce domaine, les bons chiffres des échanges deviennent très relatifs, pour nepas dire marginaux. On doit les prendre pour ce qu'ils sont: des indices d'unpotentiel beaucoup plus important.

Une interconnexion économique plus poussée entre les paysmaghrébins ne relève pas de l'impossible. La comparaison entre le niveau deséchanges intermaghrébins et ceux des pays du Maghreb avec l'Europe montre unesi grande distance que cela n'aboutit qu'à une seule conclusion: les politiquesont échoué ou n'ont pas souhaité impulser une dynamique qui créerait uneéconomie maghrébine. Ce qui se passe dans le domaine de l'interconnexionélectrique devrait pourtant faire comprendre que chacun y a intérêt. Et que lespays maghrébins ne devraient pas avoir besoin d'une incitation extérieure pourle faire.

L'Algérie construit une autoroute Est-Ouest, le Marocconstruit la sienne en direction de la frontière. Il faut espérer que lajonction ne se fera pas sur une route barrée et que le Maghreb pourra enfinprendre la voie express.




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