Algérie

Maghreb - Carnage dans un musée à Tunis: 19 morts, dont 17 touristes



Maghreb - Carnage dans un musée à Tunis: 19 morts, dont 17 touristes




Dix-neuf personnes, dont 17 touristes étrangers, ont été tuées mercredi en plein Tunis dans une attaque d'hommes armés contre le musée du Bardo, la première à viser des étrangers depuis la révolution tunisienne.

Cette "attaque terroriste", selon le ministère de l'Intérieur, touche le pays pionnier du Printemps arabe qui, contrairement aux autres Etats ayant vécu des mouvements de contestation en 2011, a jusqu'ici échappé à une vague de violences ou de répression.

"L'opération est terminée", a annoncé le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Aroui, vers 15H00 GMT, soit environ quatre heures après le début de la crise.

"19 morts dont 17 touristes de nationalités polonaise, italienne, allemande et espagnole", a déclaré le Premier ministre Habib Essid.

Les deux autres victimes tunisiennes sont un policier et un civil tandis que deux assaillants étaient tués.

Le ministre de la Santé Saïd Aïdi a fait état de 38 blessés, notamment des ressortissants de France, d'Afrique du Sud, de Pologne, d'Italie et du Japon.

Les assaillants, vêtus d'uniformes militaires, ont ouvert le feu sur les touristes alors que ces derniers descendaient de leurs bus puis ils les ont pourchassés à l'intérieur, a relaté le Premier ministre. Il n'a pas fait état de prise d'otages. Une centaine de touristes se trouvaient au musée lorsque "deux hommes ou plus, armés de Kalachnikov" l'ont attaqué.

Une employée du musée, visiblement paniquée, a témoigné avoir entendu des "tirs intensifs" "aux alentours de midi.

"Mes collègues ont crié: 'Fuis, fuis, il y a des tirs'", a déclaré à l'AFP Dhouha Belhaj Alaya.

"Nous nous sommes échappés par la porte de derrière avec des collègues et des touristes".

- 'Enorme' panique -

Dans le Parlement, mitoyen du musée, la "panique" était "énorme" lorsque les coups de feu ont retenti, a relaté la députée Sayida Ounissi sur Twitter. La fusillade est intervenue "en pleine audition des forces armées sur la loi antiterroriste", en présence notamment du "ministre de la Justice, de juges et de plusieurs cadres de l'armée", selon elle. Les travaux ont ensuite été suspendus.

Le ministère italien des Affaires étrangères, cité par les agences italiennes, a indiqué que deux Italiens avaient été blessés et une centaine mis en sécurité par les forces de l'ordre. Certains touristes présents voyageaient avec le croisiériste Costa, dont un bateau faisait escale dans le port de Tunis.

Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, s'est rendu à l'hôpital Charles Nicole de Tunis où ont été hospitalisés les blessés, selon une journaliste de l'AFP.

"Les autorités ont pris toutes les mesures pour que de telles choses n'arrivent plus", a-t-il ensuite déclaré à l'AFP.

Cette attaque "vise notre économie", a déclaré Mohsen Marzouk, le conseiller politique du président, en faisant allusion à l'importance du secteur du tourisme pour la Tunisie.

"Mais il ne faut pas que nous laissions ce coup nous affecter. Et je suis sûr que le monde gardera sa confiance en nous", a-t-il ajouté.

Depuis la révolution de janvier 2011, qui a chassé du pouvoir le président Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie a vu émerger une mouvance jihadiste responsable de la mort de dizaines de policiers et de militaires, selon les autorités. Liée au réseau Al-Qaïda, la Phalange Okba Ibn Nafaâ est considérée comme le principal groupe jihadiste de Tunisie, actif dans la région du mont Chaambi, à la frontière avec l'Algérie.

De 2.000 à 3.000 Tunisiens combattraient par ailleurs dans les rangs des jihadistes à l'étranger, en Syrie, en Irak et en Libye. Cinq cents autres jihadistes tunisiens sont pour leur part rentrés au pays, selon la police, et sont considérés comme une des plus grandes menaces pour la sécurité du pays.

Des Tunisiens combattant avec le groupe Etat islamique (EI), très actif en Syrie et en Irak, ont par ailleurs menacé leur patrie ces derniers mois.

Selon l'EI, un Tunisien a participé à l'assaut contre l'hôtel Corinthia à Tripoli qui avait fait 9 morts en janvier, et un autre a mené un attentat suicide à Benghazi, deuxième ville de Libye.

En avril 2002, un attentat suicide contre une synagogue à Djerba (sud) avait fait 16 morts parmi les étrangers - 14 Allemands et deux Français - ainsi que cinq Tunisiens. En juin, le porte-parole d'Al-Qaïda avait revendiqué l'attentat.

AFP



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