D'importants moyens ont été mis à
contribution pour que soit relevé le défi lancé par l'Etat en matière de
sécurité alimentaire, mais restés sous-exploités. Le périmètre irrigué de la
commune de Maghnia, qui s'étend sur une superficie de
5.138 ha
(4.250 ha
irrigués) en est un exemple type qui mérité réflexion. Celui-ci, qui a été créé
en 1974 et dont l'objectif était l'utilisation rationnelle de l'eau à usage
agricole et le développement de l'agriculture, a sombré dans l'oubli à la suite
de plusieurs années de sécheresse, au point qu'une partie ou la totalité du
réseau d'adduction et les conduites de distribution et ouvrages de génie civil
ont été détériorés, de même que les équipements hydromécaniques. 30% du réseau
total seulement demeurent encore opérationnels et drainent de l'eau mais en
quantité insuffisante et d'une manière irrégulière pour l'irrigation jusqu'à
Oued Mhaguène, du côté de Akid
Abbès.
La volonté des travailleurs de l'Office du
périmètre irrigué (OPI), qui ont apporté certaines modifications sur le réseau
de distribution, a permis l'irrigation jusqu'à Djrabâa.
Le périmètre et l'office ont été marginalisés au point que la région, malgré
son caractère agricole et la fertilité de la plaine de Maghnia,
accuse un important déficit en produits agricoles. Quant à la situation des
travailleurs de l'OPI, qui a été créé en 1988, elle a
connu bien des remous : les travailleurs sont restés en effet sans salaires
durant plus de deux années et demie, ce qui les a poussés à entamer une grève
de la faim. Leur situation actuelle, même si elle a connu une relative
amélioration, n'est pas reluisante pour autant. Malgré la sonnette d'alarme
tirée à plusieurs reprises par les cadres de l'OPI
quant à la situation d'abandon et de dégradation et l'urgence de la remise en
l'état du réseau, ainsi qu'à celle du statut de l'office repoussé et ignoré par
toutes les entités (wilaya et ministère de l'Hydraulique), l'indifférence était
générale.
En dépit de tout cela, les travailleurs
continuent à se démener sur deux fronts, à savoir la sensibilisation à tous les
niveaux sur l'intérêt de la réhabilitation des infrastructures hydrauliques du
périmètre, et la régularisation de la situation administrative de l'office. Les
efforts semblent avoir abouti, car une rencontre de concertation a été initiée
par l'APW, laquelle a réuni l'Office national de
l'irrigation et du drainage (ONID), l'APW, les
services de l'hydraulique, de l'agriculture et l'OPI.
Le résultat de cette rencontre a été prometteur car, à l'issue de celle-ci, l'ONID a accepté sous certaines conditions la gestion et
l'exploitation du périmètre de la plaine de Maghnia
et également la prise en charge de l'OPI.
Ces conditions sont axées principalement
autour de la rénovation des infrastructures du périmètre au préalable. C'est là
un résultat encourageant qui ravit beaucoup les producteurs agricoles du
périmètre. « Après l'abandon du réseau d'irrigation du périmètre, nous avons eu
fatalement recours aux forages illicites de puits pour pouvoir irriguer. Actuellement,
l'eau est parcimonieuse même à des centaines de mètres», dira ce fellah, avant
d'ajouter: « plusieurs fellahs ont abandonné l'agriculture après s'être ruinés
pour l'eau». C'est là un constat révélateur d'une situation catastrophique, car,
selon les spécialistes, le millier de forages illicites réalisés dans la plaine
de Maghnia engendre des conséquences dangereuses sur
l'avenir de l'agriculture. Ces forages présentent une menace imminente sur la 2e
nappe phréatique, car l'eau qui en est puisée n'est quasiment pas régénérée : un
risque irréversible qui mène inévitablement à la désertification de la région.
Suite à la rencontre, une fiche technique
d'inscription du projet a été élaborée par l'ONID
afin que soient remis en bon état de fonctionnement le périmètre et
l'irrigation convenable de 3.450
ha. C'est le ministère des Ressources en eau qui
financera le projet, alors que l'ONID en est le
maître d'ouvrage. L'enveloppe globale du projet est de 220 milliards de
centimes. Le délai de réalisation, pour laquelle le démarrage des travaux est
prévu durant l'année 2011, est de 36 mois.
En
parallèle, les services de l'agriculture proposent l'extension du périmètre
jusqu'aux régions frontalières de Zriga et Ouled Ziane, soit 3.000 ha. Avec
l'inscription de ce projet qui permettra la réhabilitation des infrastructures
hydrauliques, les importantes ressources en eau interconnectés dont dispose la
région, comme la station de dessalement de Ouled Benâyed (200.000 m3/j), les différents forages de Beni Boussaïd, la station de traitement des eaux de H. Boughrara, qui ont permis de dégager les eaux du barrage de
H. Boughrara pour l'irrigation du périmètre, et enfin
avec la prise en main a posteriori de la gestion, l'exploitation et l'entretien
du réseau d'irrigation du périmètre par l'ONID, le
périmètre retrouvera sa vocation de grenier de l'Ouest et jouera un rôle
important en matière de sécurité alimentaire. La balle est donc dans le camp du
ministère, lequel n'a jusqu'alors pas débloqué les fonds nécessaires pour que
ce vital projet soit concrétisé. A noter que l'ONID
est un office qui a acquis une notoriété au niveau national et est présent dans
35 wilayas. Celui-ci gère 25 périmètres répartis à travers 22 wilayas, représentant
une superficie totale de 206.404
ha.
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Posté Le : 01/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Cheikh Guetbi
Source : www.lequotidien-oran.com