Quand la conscience professionnelle vient à
faire défaut dans un secteur donné, il est indéniablement certain que la
mission serait vouée à l'échec. Si en plus ce secteur est celui médical où, par
excellence, la déontologie doit être le plus respectée par le pratiquant pour
faire face efficacement à la détresse humaine et où la défaillance humaine doit
être la plus infime, la décadence est inévitable.
Si,
du côté cadre infrastructurel et équipements, l'établissement public
hospitalier de Maghnia a connu une réelle métamorphose au grand bonheur du
malade, du côté pratique médicale, des failles restent encore à combler pour
une meilleure prise en charge.
Le
scanner et le service de chirurgie semblent être sujets de préoccupation
majeure aussi bien pour le malade que pour la direction de l'EPH. Alors que beaucoup
d'efforts ont été consentis voilà des années par les responsables de l'EPH,
pour que l'hôpital dispose d'un scanner, la déception a été à la mesure des
espérances des malades qui continuent d'endurer le calvaire des déplacements
vers le chef-lieu de wilaya ainsi que du personnel médical, car le scanner est
toujours non fonctionnel pour défaut de radiologue !
Par
ailleurs, après que le cadre du service de chirurgie a connu une amélioration
aussi bien en matière d'espace qu'en celle des équipements (le nombre de salles
opératoires est passé de 2 à 4), une grogne est apparente chez le personnel
médical du service de chirurgie, notamment chez les auxiliaires médicaux en
anesthésie et réanimation, ce qui évidemment n'est pas pour favoriser
l'efficacité du service qui connaît une intense activité opératoire. A
l'origine du remous, le souhait du personnel paramédical anesthésiste de la
présence du médecin spécialiste lors des opérations d'anesthésie car,
estiment-ils, la présence effective du spécialiste est nécessaire pour une
éventuelle assistance lors de complications. Selon des responsables de l'EPH,
la réaction des anesthésistes est tout à fait fondée au vue du comportement,
estimé par ceux-ci, non responsable, des médecins spécialistes réanimateurs. En
effet, sur les 4 spécialistes que compte le service, des responsables de la
direction estiment qu'un seul parmi eux assure mais très partiellement et très
insuffisamment l'activité de réanimation à cause de l'éloignement de sa
résidence. Quant aux trois autres, ils sont quasiment inexistants pour le
service, car l'une était en congé de maladie avant de rejoindre l'hôpital de
Tlemcen, un autre est en congé de maladie longue durée et enfin le dernier est,
selon ces responsables, en congé depuis 2 mois !
Si
le service de chirurgie a pu assurer la mission depuis des années c'est, selon
des chirurgiens, grâce à la volonté des seuls auxiliaires médicaux en
anesthésie et réanimation, au nombre de 11, et à l'expérience de certains parmi
eux. La situation est actuellement des plus préoccupantes pour la direction
laquelle se sent esseulée devant le manque de rigueur de la tutelle, une
conscience professionnelle plutôt hachurée des pratiquants et des textes
ambigus.
En
effet, la direction s'est paradoxalement retrouvée incapable de contraindre le
personnel médical en question à assurer le service car elle ne peut
officiellement forcer les spécialistes réanimateurs, en congé de maladie, à
réintégrer, ni les auxiliaires à assurer et ce, à cause de l'ambiguïté de
l'article 18 du décret 91/109 portant statut particulier des auxiliaires
médicaux lequel stipule que ces auxiliaires exercent leur activité sous
l'autorité hiérarchique, mais sans que soit spécifié si l'autorité visée est le
médecin réanimateur ou le chirurgien !
Selon des informations recueillies auprès des responsables de
l'EPH, l'administration centrale n'a émis aucune réaction relative à cette
situation et ce, malgré plusieurs correspondances par lesquelles la direction a
demandé assistance, notamment pour l'interprétation du texte en question et
pour solutionner le phénomène de «désertion» des spécialistes.
Le
malade ne peut indéfiniment attendre que les services de santé du ministère de
la Santé et de la réforme hospitalière veuillent lever l'ambiguïté du texte et
se substituer en la circonstance à l'épée morale d'hippocrate. Une grogne somme
toute légitime est perceptible au sein de la population qui voit son hôpital
amputée du principal service, en l'occurrence celui chirurgical, et des
services d'un scanner qui a coûté beaucoup pour le contribuable et qui est
jusqu'alors inopérationnel. Par ailleurs, la situation semble également
préoccupante au service de maternité et de chirurgie obstétrique où l'on relève
un manque flagrant de spécialistes.
Ce
service, dont l'activité dépasse largement celle de certains centres
hospitaliers, ne dispose que de 3 spécialistes lesquels n'arrivent plus à faire
face à un afflux très intense des malades qui arrivent de toute la région
extrême Ouest (des daïra de Maghnia, Béni-Boussaid, Sebra, Bab El-Assa, Marsa
Ben M'hidi voire de celle de Nedroma). Selon un des spécialistes, le taux
d'occupation du service dépasse par moments les 100 % et assure quotidiennement
jusqu'à 10 césariennes, 20 accouchements et 100 consultations externes. C'est
là des chiffres qui dénotent d'un besoin urgent en gynécologues. L'on souligne
l'effort surhumain fourni par les 3 génycologues, dont 2 parmi eux ainsi que
les malades rendent hommage au Dr. Gacem pour sa disponibilité quasi permanente
(quasiment 24/24) au service des malades.
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Posté Le : 01/11/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Cheikh Guetbi
Source : www.lequotidien-oran.com