Le ciment de Zahana et Béni-Saf conditionné à Oujda Echappant à tout contrôle, l’activité rentière aux confins algéro-marocains, continue à caractériser le marché algérien. C’est dans ce cadre que les services de la concurrence et des prix de la wilaya de Mascara ont réussi, fin décembre de l’année écoulée, à saisir 200 sacs de ciment frelaté qu’un particulier détenait à Mohammadia. Quelque temps plus tôt, une opération simi-laire a permis la saisie de 143 autres sacs du même matériau ainsi que la découverte d’une substantielle différence dans le poids affiché et celui réel des dits sacs qui ne dépassaient guère les 43 kg au lieu des 50 comme l’exige la réglementation. Selon nos sources, c’est suite à de patientes investigations qui ont duré plus de 6 mois que ce trafic a été éventé. La pugnacité des enquêteurs leur a également permis de découvrir que l’emballage provenait, lui aussi, de la contrefaçon et qu’un groupe de barons du ciment chapeautait ce commerce parallèle et illicite. L’emballage contrefait, portant le signe «Squise» en référence à l’usine de Zahana a été saisi et le réseau démantelé, avons-nous appris. D’après des recoupements, les camions servant au transport du ciment frelaté transitent par les entreprises de construction activant dans les confins algéro-marocains. De la sorte, le commerce du ciment a récemment enregistré une certaine embellie, due pour l’essentiel, à la délocalisation des activités de barons dans cette partie du territoire national, plus précisément aux portes de Maghnia, à l’abri des regards indiscrets, surtout que le produit algérien est fortement sollicité de l’autre côté de la frontière où son prix a grimpé aussi bien chez les grossistes qu’auprès des détaillants. Aussitôt frauduleusement introduit au Maroc, le ciment algérien change d’emballage pour être habillé dans des sacs portant l’inscription produit marocain. Aussi, de part et d’autre de la frontière algéro-marocaine, les barons du ciment et les transporteurs qui collaborent avec eux poursuivent le pillage et se font des fortunes qu’ils investissent dans différents trafics. Ceci se passe, assurent nos sources, au lieudit Djenien où le carrousel de camions faisant fuir le ciment non conditionné est devenu coutumier au point de n’intéresser presque plus personne et sous le couvert des indispensables registres de commerce qui les habilitent à exercer en toute impunité. En effet, munis de registres de commerce, les spéculateurs étendent leur champ d’activité et ont pignon sur rue à Mohammadia, Tizi, Mascara, Sig, Oran etc. On assure que les 2 millions de tonnes de ciment produit à Chlef échappent aux petits spéculateurs. Ceci serait dû à la bonne qualité du produit, coté 142, ainsi qu’à la facilité de sa commercialisation en Algérie qui draine des bénéfices substantiels. Engouement des spéculateurs du ciment pour le produit de Chlef Ce produit utilisé dans les travaux maritimes est fortement apprécié pour sa qualité comme l’attestent des spécialistes de la Sotramo, une entreprise versée dans la réalisation de ports. Selon la direction du commerce de la wilaya de Chlef, il a été recensé au cours de l’année 2006, plus de 450 registres de commerce spécial vente en gros de ciment. Après contrôle, une campagne d’assainissement a été ordonnée et a exclu quelque 200 commerçants ne répondant pas aux critères et ne disposant pas de locaux. Le même constat a été fait à Bouzghaya où sur les 85 commerçants exerçant dans le créneau, 50% n’ont pas de locaux. Diverses sources imputent ces trafics aux différents intervenants ayant des relations dans les usines de ciment de Zahana et de Béni-Saf. Ces mêmes sources prévoient que d’ici quelques jours, le prix du sac grimpera à 350 dinars à Mascara alors qu’à Zahana il ne coûte que 290 DA. Toujours dans le domaine du marché du ciment, on prévoit que le prix du produit de Chlef enregistrera à partir du 26 du mois en cours une baisse substantielle et que ceci fera provisoirement fuir les spéculateurs, en raison surtout de l’excellente qualité de ce même produit. Ceci étant, il serait hasardeux de conclure que la spéculation et le trafic se relâcheront pour autant surtout que ce commerce illicite vient de s’étendre à la capitale et à la ville des roses. Toujours à propos de ciment, on estime que la récente décision du wali de Mascara d’interdire d’activité les locaux proches du centre universitaire et l’injonction faite à leurs propriétaires de les délocaliser dans les zones d’activités, a produit un impact négatif sur le commerce et par voie de conséquence sur la relation entre fournisseurs et utilisateurs. Dans ce même ordre d’idées, il importe de signaler que les décisions prises pour assainir la situation ont aussi produit des effets négatifs sur les commerçants ayant fait du ciment leur activité principale. Le phénomène ayant pris une ampleur à laquelle personne ne s’attendait, les directions du Commerce d’Oran, Mascara, Mostaganem, Sidi Bel-Abbès sont décidées à poursuivre en justice les contrefacteurs. Â A. Toubal
Posté Le : 04/01/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com