Algérie

Maghnia : Le ras-le-bol des agriculteurs


Il y a tout lieu de le croire. Et ce ne sont pas les agriculteurs, eux qui se sentent accusés de toutes les tares, qui lésineraient sur les mots pour se défendre. « Au niveau d?un barrage routier de la Gendarmerie nationale, mes trois camions transportant des pastèques en direction de Tlemcen, ont été immobilisés ». Le gendarme, d?un ton méprisant et machinal, a conclu « Ce sont des pastèques marocaines ». Très calme, l?agriculteur lui demanda comment il serait arrivé à cette conclusion ? « Eh ben, elles sont énormes » Se sentant humilié, le fellah a rétorqué, en retenant sa colère devant cette accusation et ce mépris pour les produits algériens « Ainsi, selon vous, les produits algériens, et particulièrement, mes pastèques ne peuvent pas avoir la taille de celles du pays voisin ? Je vous lance un défi, vous allez m?accompagner sur mes champs et vous verrez ! » En effet, sur la plantation, le gendarme a eu tout le loisir de constater les belles pastèques algériennes et que moralité, tout ce qui est beau et bon ne vient pas forcément du Royaume. Depuis l?instauration du passavant en 2005, au niveau des communes de la bande frontalière, les commerçants sont tenus de déclarer leurs marchandises destinées pour cette région au niveau du carrefour appelé 35. De véritables nouvelles frontières (brigades de la Gendarmerie nationale et des douanes) s?y trouvent et tout contrevenant est lourdement sanctionné (prison, fortes amendes et saisie des véhicules et des marchandises). Curieusement, tout ce qui provient de cette région en direction d?autres wilayas du pays, est fortement suspecté. Les producteurs de pommes de terre, dont Maghnia est réputée pour sa production, s?insurgent de la confusion des services de sécurité « beaucoup d?entre nous ont eu leur production saisie pour la simple raison que tout ce qui vient de l?extrême ouest est issu de la contrebande. Qu?on nous explique alors, si on doit abandonner nos champs pour lesquels l?Etat à consenti des milliards, ou si on doit continuer à subir les vexations et les dépassements de toute nature ? » Il est devenu difficile d?exercer le métier de commerçant dans cette région, sans être vu d?un mauvais ?il par les représentants de la loi.
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