La date de la célébration du maoussim ancestral, plus que centenaire, du saint Sidi Mhammed El-Ouassini, contrairement à l'accoutumée où elle avait lieu toujours au début septembre, a connu un décalage dans le temps, qui n'est pas du goût de certains ârouch (Béni Ouassine se compose d'une douzaine environ de ârouch). Le principal contestataire est sans doute celui de ârch Tiripen (déformation de Térébinthe), également dénommé Btaïm, situé à 4 km de la frontière, où se célébrait initialement cette ouaâda avant qu'elle soit délocalisée à la fin des années 60 aux abords du mausolée du saint, plus à l'ouest.
A l'origine du report de cette principale manifestation de la région qui arrive à regrouper des milliers de visiteurs et qui est l'une des plus importantes du genre dans le pays, c'est la décision prise par l'administration locale suite aux dernières précipitations qui ont causé d'importants dégâts. Cette décision, qui visait le décalage de la date, était dictée, semble-t-il, par le souci d'éviter une autre catastrophe que le mauvais temps annoncé risque de causer et de temporiser pour la disponibilité des services de sécurité qui sont mobilisés par les conséquences du dernier «déluge». Si les notables auxquels l'administration a conseillé ce report ont cédé, les membres de certains ârouch se sont farouchement opposés à cette décision et voient en celle-ci une première qui vient ébranler leurs valeurs et repères, qu'ils qualifient d'immuables. «Dans le temps, la date du maoussim est fixée sans l'aval d'aucune partie. Actuellement, l'administration s'en mêle et nous refusons cela», s'indigne ce sexagénaire de ârch Betaïm.
Afin de manifester leur désapprobation, les membre de ce ârch, l'un des principaux, composé de quelque 3.000 âmes, ont organisé à leur manière, lundi, la ouaâda de leur saint dans le village même de Térébinthe, dont la population patauge dans la boue faute de bitumage des voies, vit dans le noir faute d'éclairage public et semble manquer du minimum, à l'image des autres villages de la daïra. Toutefois, tous les ingrédients d'une réelle ouaâda étaient réunis : le couscous préparé dans la pure tradition et à profusion, la méditation, la lecture du Coran et même le tbal du groupe folklorique au rythme duquel des jeunes et moins jeunes ont dansé lâlaoui jusqu'à une heure avancée de la nuit. Certains d'entre eux semblaient atteindre le nirvana à l'issue de leur sbaïssia ou âraïchia.
L'occasion fut offerte à certains parmi ce ârch d'aborder des points sur lesquels ils affichent leurs réserves, telle la réalisation de la zaouïa, dont le choix du terrain a été fait voilà 5 années et pour laquelle la quête des fonds a été faite au niveau des mosquées de la wilaya. «L'association pour la réalisation de la zaouïa est finalement amorphe car depuis 5 années, aucun pas n'a été initié pour le projet de la réalisation de la zaouïa», dira, visiblement outré, ce membre de l'association. Il ajoutera que «les membres de cette association se sont montrés incapables d'accomplir cette mission. Aussi, nous demandons une assemblée générale où seront présentés les bilans financier et moral et qu'une autre association plus entreprenante soit désignée».
La ouaâda, qui favorise la paix des coeurs, se trouve à la croisée des chemins et risque d'être au coeur d'une discorde que seuls les sages parmi les Ouassinis pourront éviter. L'occasion de ressouder cette brèche est donnée aux sages lors de la ouaâda, dont la date, selon des membres de l'APC, est fixée pour les 21, 22 octobre. Affaire à suivre.
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Posté Le : 01/12/2012
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : par Cheikh Guetbi
Source : Le Quotidien d'Oran 10/10/09