Algérie

Mafias
«Pour l'Argentin, l'amitié est une passion et la police une mafia.» Jorge Luis BorgesLa plupart des gens connaissent l'émouvante et tragique histoire d'amour qui unissait Roméo et Juliette. La tragédie de William Shakespeare était censée se passer dans l'Italie de la Renaissance, période de grand essor économique pour les cités marchandes comme Venise, Florence ou Vérone. La scène la plus célèbre est sans doute la longue tirade, formulée sous le balcon de la gent demoiselle, par l'amoureux transi. Si les amoureux étaient obligés de ne communiquer qu'à distance, c'est que tout ne baignait pas dans l'huile, au grand dam des jouvenceaux: leurs familles étaient à couteaux tirés. Les Montaigu et les Capulet se détestaient cordialement, depuis fort longtemps et l'auteur de ce drame classique nous laisse sur notre faim, quant à l'origine de cette haine intense contre laquelle venaient s'échouer les tendres sentiments des deux tourtereaux. Ce n'était pas un fait nouveau dans cette Italie qui émergeait du Moyen-âge et qui allait connaître l'âpre lutte que vont se livrer les nouvelles fortunes, à la conquête de nouveaux marchés et du pouvoir: l'une ne va pas sans l'autre. Toutes les cités de la florissante Italie partagée entre plusieurs états concurrents: les Orsini; les Colonna, les Medicis, les Borgia ou les Sforza sont passées dans l'histoire officielle. Mais cette solidarité consanguine qui unit une famille contre une autre, se compliquera par un système d'alliances qui vont former des clans dont l'intérêt matériel est le premier but. Ces structures familiales vont perdurer tant que l'état centralisateur demeurera faible. On verra alors fleurir, à partir du XIXe siècle, dans une partie du Bassin méditerranéen, (Prosper Mérimée nous livrera la version française de la vendetta avec Colomba, une histoire qui se déroule en Corse, bien entendu), principalement dans les régions italiennes, ces organisations qui vont prendre le nom de mafias: véritables bandes dirigées par un chef de famille. Elles vont exercer des activités criminelles, parallèlement à l'état officiel. La violence, le meurtre, l'intimidation sont les armes de ces bandes qui vont peu à peu infiltrer toutes les institutions de la vie civile pour racketter les commerçants et les entrepreneurs des régions méridionales de l'Italie, paupérisées par l'exode rural. Ces activités criminelles vont perdurer grâce à la complicité de certains partis italiens qui escomptent utiliser les ramifications de la pieuvre à des fins électorales. La combinaison se révèlera tellement efficace qu'elle sera exportée aux USA, grâce à l'émigration italienne. C'est le cinéma noir américain qui fera connaître au monde entier les organisations criminelles qui vont faire partie de la vie économique du pays et qui vont participer avec leurs moyens propres à la lutte politique. Les biographes de Edgar Hoover, chef historique du FBI, s'accordent à dire que celui-ci avait privilégié la lutte contre les syndicats au détriment de la lutte contre le crime organisé. D'ailleurs, quand l'armée américaine s'apprêta à débarquer en Sicile, durant la Seconde Guerre mondiale, ses services avaient pris soin de contacter la mafia sicilienne (avec l'aide des cousins d'Amérique), pour lui préparer le terrain. Francesco Rosi, démontrera avec son Salvatore Giulano, l'alliance des grands propriétaires fonciers italiens avec la mafia contre les paysans sans terre qui espéraient une réforme agraire au lendemain de la chute du fascisme. Des massacres seront perpétrés par la mafia pour décourager les petits paysans. Des crimes qui resteront impunis grâce à la paralysie de l'appareil judiciaire miné par les luttes politiques.A présent, la plupart des pays possèdent leurs mafias, leurs triades, leurs honorables société qui font régner la loi de l'omerta: quand les lois constitutionnelles ne sont pas appliquées dans un pays, c'est que c'est la mafia qui y fait la loi. Car, certaines mafias possèdent des pays: la mafia russe au pays de Lénine et la mafia juive en France.


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