Algérie

Madrid se tourne vers Alger



Alger et Madrid ont décidé de renforcer leur coopération en matière de lutte contre le terrorisme, particulièrement l'échange d'informations sur les réseaux terroristes liés au GSPC algérien. Ce groupe terroriste qui aurait prêté allégeance à Al-Qaïda fait aujourd'hui peur à l'Europe, l'Espagne étant au premier rang des pays menacés d'attentats terroristes par cette organisation qui y a installé des réseaux dormants. Avec l'Algérie, les socialistes espagnols, critiqués par la droite pour la gestion hésitante du dossier basque, veulent reprendre la main en matière de lutte contre les cellules dormantes d'Al-Qaïda installées dans le pays. D'autant que le dossier de la coopération algéro-espagnole englobe à présent, avec l'accord signé dimanche à Alger, tous les aspects techniques de la coopération en matière de lutte antiterroriste. Car Madrid ne voudrait pas affronter deux problèmes en même temps: les terroristes d'Al-Qaïda et ceux de l'ETA.

A Alger, le ministre espagnol de l'Intérieur, qui a paraphé avec son homologue algérien M. Yazid Zerhouni une convention en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, a également abordé le problème de l'immigration clandestine qui empoisonne les relations du gouvernement Zapatero avec le Parlement, notamment avec la droite qui a été toujours favorable à une gestion plus musclée du dossier, avec en priorité les reconduites aux frontières. La lutte contre l'immigration clandestine vers l'Espagne à partir des côtes algériennes est un des grands thèmes qu'Alger et Madrid voudraient gérer au mieux des intérêts des deux pays.

Les deux pays ont, à l'issue de la visite éclair de Perez Rubalcaba à Alger, mis au point certains détails techniques pour la lutte contre la criminalité organisée et le terrorisme qui ouvrent de larges perspectives pour un nouveau type de coopération. Car autant Madrid est soucieuse de renforcer sa sécurité intérieure, avec l'appui de l'Algérie, et lutter contre les cellules terroristes ou les réseaux dormants d'Al-Qaïda en Espagne, autant à Alger on voudrait capitaliser cette ouverture «politique» par une position plus conforme à la légalité internationale quant au dossier de décolonisation au Sahara Occidental.

Alger voudrait ainsi amener les socialistes espagnols à revenir vers une position plus conforme aux résolutions onusiennes, notamment l'encouragement des deux parties au conflit à appliquer le plus rapidement possible un référendum d'autodétermination (sans cesses repoussé par le Maroc) dans ce territoire sous domination marocaine. Une perspective d'autant plus réalisable et dans l'ordre des choses qu'Alger et Madrid ont un énorme potentiel de coopération, particulièrement dans le domaine énergétique. En fait, beaucoup d'experts estiment que l'Algérie et l'Espagne ont d'importants gisements de coopération qu'ils doivent développer, autant en matière d'énergie (gaz, pétrole) qu'en matière de coopération commerciale et industrielle.

En amont de cette coopération, il y a bien sûr le volet politique qui a toujours été géré délicatement par les deux pays, particulièrement en ce qui concerne la question de décolonisation du Sahara Occidental qui a été toujours le pivot de ces relations algéro-espagnoles, même si officiellement les deux capitales s'en défendent. Il reste que Madrid, qui cherche à recueillir l'aide algérienne en matière de lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue, l'immigration clandestine et l'échange d'informations sur les réseaux criminels, sait qu'elle ne peut aller loin sans adopter une position courageuse sur le dossier sahraoui. Et les Espagnols savent parfaitement qu'Alger a toujours plaidé pour une résolution rapide et démocratique de ce conflit de décolonisation.




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