La grève de la faim de la militante sahraouie Aminatou Haider pourrait provoquer un changement de ton du gouvernement espagnol à l'égard de tout le conflit entre le Maroc et le Polisario. Désignée à la vindicte « mondiale », Madrid a tenté vainement de sauver la face en proposant à Aminatou Haider de l'accueillir en Espagne et même de lui offrir la nationalité et la résidence.
Désormais, l'affaire divise le pays et tout porte à croire qu'il y aurait des révisions déchirantes dans la position de ce pays trop favorable à Rabat. L'activité intense des ONG pro-Sahraouis, des syndicats puissants, des personnalités littéraires et même des partis politiques, semble donner à réfléchir au gouvernement socialiste de Zapatero. Celui-ci a recherché hier le soutien de l'opposition au Parlement pour demander à Mme Haidar de cesser sa grève de la faim.Les socialistes poussent'Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angle Moratinos, s'est entretenu avec les différents groupes parlementaires pour tenter d'obtenir le soutien de l'opposition à une proposition de résolution visant notamment à demander à Mme Haidar de « continuer sa lutte politique par d'autres moyens que la grève de la faim », selon le groupe socialiste. La proposition vise aussi « à dire clairement la position de l'Espagne sur l'ensemble de ce conflit, pour que le royaume du Maroc comprenne qu'il doit assumer ses responsabilités », a déclaré le chef du groupe socialiste José Antonio Alonso. Il a ajouté que la proposition demandait aussi une implication des Nations unies. La porte-parole du principal groupe d'opposition, le Parti populaire (PP, droite), Soraya Saenz de Santamaria, a déclaré que son groupe allait étudier la proposition, mais a demandé que le gouvernement redouble d'efforts diplomatiques.De son côté, Aminatou Haider a regretté hier dans un entretien à l'AFP que le gouvernement espagnol fasse « pression » sur elle pour qu'elle cesse son action alors que, selon elle, il ne fait pas pression sur le Maroc qui s'oppose à son retour chez elle au Sahara occidental. « Le gouvernement espagnol n'a pas encore utilisé ses cartes de pression sur le Maroc. Au lieu de cela, il est en train de faire pression sur moi », a déclaré la militante sahraouie, au 22e jour de sa grève de la faim, dans le local de l'aéroport de Lanzarote où elle passe ses journées. « Je continuerai ma grève de la faim jusqu'à ce qu'il y ait une solution » et « si je meurs, ce sera au gouvernement espagnol d'en assumer les conséquences juridiques et morales », a averti la militante pro-Polisario. Le préfecture des Canaries a mandaté dimanche soir un juge au chevet de Mme Haidar, 42 ans, lui demandant de « prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir (sa) vie et (son) intégrité, y compris son éventuelle hospitalisation ». Le magistrat a sollicité hier un troisième avis médical, le médecin personnel de Mme Haidar estimant que son état est très grave alors qu'un autre médecin l'ayant examinée dimanche estime qu'il n'est pas si critique.L'UE « préoccupée »L'Union européenne a affirmé, hier, à Bruxelles qu'elle restait « préoccupée » par le conflit du Sahara occidental et « ses conséquences et implications régionales », exprimant « son attachement à l'amélioration de la situation des droits de l'homme au Sahara occidental ». Elle a réitéré son « plein soutien » aux efforts du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé personnel en vue de « trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permettra l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, comme le disposent les résolutions des Nations unies », a-t-elle souligné dans une déclaration rendue publique à l'occasion du conseil d'association UE-Maroc. Elle a également encouragé les deux parties à continuer de travailler avec l'envoyé personnel afin de « progresser dans la recherche d'une solution politique négociée entre les parties (Maroc et Front Polisario), sous les auspices des Nations unies ». L'UE, qui « apporte son plein soutien aux négociations en cours », se « félicite des pourparlers informels à Dürnstein », les 10 et 11 août dernier en vue de préparer la cinquième session des négociations entre le Maroc et le Front Polisario.L'UE a exprimé, par ailleurs, son « attachement à l'amélioration de la situation des droits de l'homme au Sahara occidental », en rappelant « les obligations qui incombent à chaque partie ».
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Posté Le : 08/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Agences, H. M.
Source : www.elwatan.com