Appel à la définition du terrorisme
Comme il fallait s?y attendre, la conférence internationale sur le terrorisme, qui se tient depuis mardi à Madrid, n?a pu éviter l?examen d?une question sémantique : la définition même de ce fléau. Entre lutte des peuples pour leur libération et terrorisme, des experts ont tenté de répondre à cette question à travers le conflit israélo-palestinien, au sujet duquel des terminologies antinomiques sont employées. Le succès du plan international contre le terrorisme, auquel devrait aboutir la conférence de Madrid, dépend en grande partie de cette question. Plus de 200 experts politiques et une vingtaine de chefs d?Etat et de gouvernement participent à cette rencontre qui, au-delà de l?examen des causes du terrorisme, doit proposer des stratégies de lutte dans le respect de l?Etat de droit. « Si le monde pense que terrorisme et résistance sont la même chose, ce n?est pas le cas au Proche-Orient », a précisé Abdel Moneim Saïd Aly, le directeur du Centre d?études politiques et stratégiques Al Ahram du Caire, cité par l?AFP. L?expert égyptien s?exprimait à une table ronde sur le thème « Terrorisme et processus de paix », un thème ayant tenu toutes ses promesses en termes de controverse entre anciens dirigeants politiques, universitaires, leaders religieux, policiers. D?autres experts ont souligné que le règlement de ce conflit ne peut être que politique avec la création d?un Etat palestinien indépendant. Selon l?ancien Premier ministre français, Lionel Jospin, le Club de Madrid, organisateur de la conférence, suggérera une définition condamnant « le fait de porter atteinte directement à des civils et à des non-combattants comme moyen d?une lutte politique, quelle qu?en soit la justification ». Lors de la conférence africaine sur le terrorisme, tenue en octobre 2004, à Alger, les pays du continent noir avaient appelé l?ONU à s?atteler à définir ce qu?est le terrorisme. Dans sa déclaration finale, l?Union africaine avait établi une distinction sans équivoque entre le terrorisme et la lutte des peuples pour leur libération ou leur autodétermination, conformément au droit international. Le recours à l?ONU, seul cadre institutionnel légal dans la lutte mondiale contre le terrorisme, a été réitéré hier à Madrid. L?encouragement de la démocratie dans les pays soumis à des régimes autoritaires est la meilleure réponse au terrorisme, ont estimé les conférenciers. Aussi, ils ont insisté sur l?obligation du respect des droits de l?homme dans la lutte antiterroriste. « A l?évidence, la philosophie du Club de Madrid n?est pas celle mise en ?uvre à Guantanamo », a déclaré Lionel Jospin. Face aux appels à la démocratisation de leurs pays, les responsables politiques, experts et universitaires arabes ont répondu que tout processus allant dans ce sens doit émaner de l?intérieur du monde arabe. Certains ont même mis en garde contre l?amalgame « démocratie et laïcité » qui risque de « déstabiliser tout le Proche-Orient ». L?Irak, où l?intervention militaire d?une coalition de pays menée par les Etats-Unis au motif de « libérer le peuple irakien » s?est soldée jusqu?à présent par plus de 100 000 morts, a été cité en exemple. Dénonçant la fixation sur le monde arabe et musulman, les conférenciers arabes ont également critiqué l?hypocrisie de l?Occident. « Les Arabes sont fatigués des gouvernements occidentaux qui applaudissent Saddam Hussein quand il fait la guerre à l?Iran et le traitent de dictateur quand il entre au Koweït », a déclaré le responsable palestinien Saeb Erekat. « A quel moment les pays occidentaux considèrent-ils qu?il y a démocratie ? Lorsqu?il y a des manifestations antisyriennes dans les rues de Beyrouth, ce dont ils se félicitent, ou lorsqu?il y a un demi-million de manifestants prosyriens dans les mêmes rues, ce qu?ils ignorent ? Pourquoi ne pas nous laisser avoir notre propre démocratie ? », a soutenu un autre intervenant.
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Posté Le : 10/03/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hamiche Amar
Source : www.elwatan.com