Algérie

Madiba, l''uvre inachevée



Madiba, l''uvre inachevée
Les obsèques de Nelson Mandela ont eu lieu, hier, dans sa terre natale en Afrique du Sud. Cette terre africaine qu'il a tant chérie et passionnément défendue. Les obsèques étaient grandioses. Les grands de ce monde ont tous été présents à Johannesburg. Des présidents, des rois et d'éminentes personnalités du monde des arts, des sciences et du spectacle ont fait le déplacement pour prononcer des discours élogieux à sa gloire. Les gouvernants, anciens et actuels, des Etats les plus développés et les responsables des institutions internationales ont été également au rendez-vous pour dire leurs condoléances à l'Afrique toute entière et se recueillir à la mémoire d'un grand monsieur. Le Secrétaire général de l'ONU et les dirigeants en exercice des Etats-Unis, de la Chine, de la France, de l'Allemagne, de l'Angleterre, entre autres puissances, ont tous salué «un géant de l'histoire», pour reprendre la phrase de Barack Obama. Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, ou Raoul Castro, le leader cubain, ont tenu aussi à y être pour honorer le militant impénitent qui les inspire toujours. Les chefs d'Etat africains et les responsables de l'Union Africaine (UA), parce qu'il s'agit d'Afrique, savent que la disparition de Madiba est une grande perte pour le continent. Le père de la Nation arc-en-ciel a consacré toute sa vie à la liberté, l'indépendance et la dignité de ses congénères. Il avait besogné inlassablement pour le développement et l'émancipation du continent noir. De ce point de vue-là, la perte de Nelson Mandela est douloureusement ressentie par les peuples africains. C'est un rempart de moins devant les néocolonialistes qui pillent impunément les trésors de l'Afrique. Il est vrai que tous les espoirs nés des indépendances nationales ont été déçus. Dictature, corruption, pillage systématique des ressources, coups de force, instabilité institutionnelle, atteintes aux droits fondamentaux de la personne humaine sont des tares partagées par la majorité des régimes qui s'étaient substitués, il y a un demi-siècle, au colonialisme. Alors que les autres régions du monde réalisent des progrès dans tous les domaines, le continent noir s'enfonce paradoxalement dans l'anarchie et la misère. Conflits frontaliers, mutineries internes, coups d'Etat, ethnocides, aliénation de toutes sortes rongent ce continent, pourtant si riche et si généreux. Profitant de cette situation d'instabilité chronique, les grandes puissances man?uvrent à travers l'Assemblée générale de l'ONU et son Conseil de sécurité, ou agissent directement et de façon unilatérale, pour imposer leurs visions à l'Afrique et aux Africains. Faute de sociétés civiles dynamiques et conscientes des défis de l'heure, les jeunes nations africaines restent majoritairement vulnérables et assujetties aux manipulations extérieures. Douze ans après sa mise en ?uvre par l'UA, le Nepad (le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), comme toutes les bonnes entreprises qui l'ont précédé, est en train d'échouer. Les élites et les peuples d'Afrique évoluent toujours en marge de l'histoire. Les dirigeants, souvent autoproclamés, ne sont en vérité que des pantins et des faire-valoir au service de leurs mentors occidentaux. Comme si infantilisée, l'Afrique ne serait pas assez mâture pour prendre, seule, sa destinée en main. La France, les Etats-Unis et la Chine jouent ouvertement aux tuteurs. Oui, la mort de Mandela, dans cette conjoncture précise, est annonciatrice de mauvais augure. Sous cet angle-ci, la belle ?uvre de Madiba reste inachevée. Désormais, il appartient aux Africains, et à eux seuls, de compléter le tableau. Et, cela ne sera pas facile.K. A.




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