Algérie

Made in emotion



C’est ce message qu’a voulu passer le groupe Index En donnant à son dernier opus le titre expressif de Mantoudj bladi (produit de mon pays), Index souligne l’ancrage de leur musique dans le patrimoine algérien, si divers et si passionnant. Mais cet ancrage est aussi celui des textes, pas toujours réussis au plan poétique, mais marqués par la sincérité et l’élan de sa génération, celle des enfants de la post-indépendance, désireux de connaître la véritable histoire de leur pays et de raconter leurs propres histoires, dans un double désir d’attachement et de liberté.
Tous les nouveaux groupes de musique se forment au gré des amitiés de quartier ou des fréquentations d’étude. Si, par exemple, le groupe MBS est né dans le creuset d’Hussein-Dey à Alger, Index a été d’abord un groupe d’étudiants, un peu à l’image des pionniers de T34, dont le nom assimilé au tank soviétique du même nom était en fait le numéro de la chambre où ils se retrouvaient (pavillon T, porte 34 de la Cité U de Ben Aknoun). Index a trouvé ses premières voies dans des salles de fortune pour y jouer des succès des années 70 et 80. Cette expérience menée jusqu’au bout de ses limites, entre autres dans le sillage de Bob Marley, Carlos Santana ou des Bee Gees, lui a permis de forger le groupe et d’acquérir une appréciable expérience instrumentale, orchestrale et technique. Quand la formation s’est mise à composer son propre répertoire, elle a très vite signalé son talent et gagné les suffrages de la jeunesse et même de quadragénaires ou plus. En 2002, avec leur premier album, Bezzaf ! (C’est trop !), Index a pointé son doigt sur un art de dénonciation en se faisant l’écho des inquiétudes, espoirs et colères de la jeunesse. Mais ce positionnement thématique n’a pu gagner la notoriété qu’avec un travail créatif musical assez remarquable. On retrouve dans leur nouvel album cette virtuosité instrumentale, désormais reconnue, et un sens de la mise en scène des sons qui n’hésite pas à l’audace ou à l’intégration dans la bande musicale, à l’instar de Pink Floyd ou Genesis, de sons et bruits captés dans la réalité. Avec 14 titres, le retour d’Index ravit ses nombreux admirateurs et en gagne de nouveaux selon les disquaires. On notera une reprise de la qacida, Assima (La Capitale), d’Abdelmadjid Meskoud, dont les arrangements heureux proposent une écoute rafraîchissante de cette œuvre du chaâbi contemporain. Avec Dislektika, sur les déboires d’un jeune, le groupe s’en donne à cœur joie dans les jeux de mots et onomatopées, genre rap ou slam, mélangeant humour et ironie dans un rythme qui est d’abord celui du texte. On doit signaler pourtant que trop de virtuosité peut nuire. A force d’arrangements, de recherche d’effets et de références musicales un peu chargées, Index fait montre de son talent musical et de sa riche palette de genres. Mais, il n’a plus besoin de prouver cela et il prend le risque parfois de noyer une belle ligne mélodique sous un abus de fioritures. Même si ce péché mignon est bien assumé, la dernière pièce de l’album Le Souk prouve, avec d’autres chansons, qu’Index est capable de se constituer un style, épuré, fort et entraînant. En tout cas, bravo.                                                              

*«Mentoudj Bledi». A. Dehili (basse/vocal), Farès Taoubet (guitare), Salim Samson (Lead vocal/ Guitare), Faïz Hamoutene (Lead vocal/clavier), Farid Bouchama (batterie). Ed. Padidou, Draria, 2001.


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