Algérie

Madani Abderraouf, le cyberjusticier de Ouargla Sports


Madani Abderraouf, le cyberjusticier de Ouargla Sports
Madani El Madani Abderraouf est la voix des sans-grade à Ouargla. Véritable journaliste citoyen, ses billets font fureur sur la Toile.
C'est une sorte de «cyber-justicier» que craignent les notables locaux au point de les obliger à traquer ses chroniques acides sur facebook et autres interventions filmées sur YouTube. On lui doit un blog et une page sur facebook sous le titre : «Akhbar Ouargla» (http://fr-fr.facebook.com/freeouargla). «On me lit plus que les correspondants locaux de la presse traditionnelle», se targue-t-il. Les gens l'apostrophent à chaque coin de rue.
«Madani, tu as entendu parler des jeunes qu'ils ont arrêtés à Ain El Beïdha ' Ce matin, ils en ont encore interpellé 12». «OK, je vais poster ça.» Madani croit fermement au pouvoir de l'information. «Personne ne te protège ici à Ouargla, ni la police, ni la gendarmerie, ni la justice. Notre seule protection, c'est la presse» argue-t-il. Madani s'est forgé la réputation d'un opposant farouche qui n'a pas froid aux yeux, lui qui n'a pas sa langue dans sa poche pour dénoncer les abus de pouvoir, le chômage outrancier, les magouilles des potentats locaux, et surtout la détresse sociale de ses concitoyens. Issu lui-même d'une famille démunie, Madani a un parcours scolaire exemplaire. Son baccalauréat en poche, il s'inscrit en sciences politiques. Mais il arrête à mi-parcours. Il se met ensuite à des études d'informatique dans un institut privé. Bien que très brillant et d'une intelligence remarquable, Madani est aujourd'hui vigile au grand marché de Ouargla. «Je travaille comme agent de gardiennage de 20h jusqu'au petit matin à veiller sur les marchandises et je prends 50 DA par étal», dit Madani.
Féru d'internet, les réseaux sociaux sont devenus sa tribune d'expression.
Un outil qu'il met au service de son engagement citoyen, engagement qui le conduira à intégrer les rangs de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), dont il devient très vite l'un des membres les plus actifs.
Madani ne comprend pas qu'une wilaya aussi opulente arbore autant de misère et de sinistrose. «Pourtant, à Ouargla, on a tout. On a du pétrole, du gaz, et on a même de l'uranium. Nous avons l'un des plus importants bassins hydriques du pays. Et l'eau est absente dans nos robinets. Nos routes sont délabrées, notre ksar tombe en ruine.
Une wilaya comme Ouargla n'a pas de CHU. Aucune ville du Sud n'a de CHU. Ce n'est pas normal.» Mais le chômage endémique reste, selon lui, le problème numéro 1. «Il y a une mafia qui a fait main basse sur le marché de l'emploi à Ouargla», accuse-t-il. «Ouargla mahmiya khassa. Ouargla est une propriété privée. Il y a des nababs qui gouvernent ce pays et qui sont au dessus de la loi. La loi est faite juste pour nous, les pauvres citoyens.» Il ne manque pas, au passage, d'épingler les multinationales : «Ces sociétés étrangères sont comme des bases militaires ou des ambassades. A l'intérieur, tu es soumis à leur propre loi. Va exercer le droit syndical à l'intérieur de ces entreprises.» Madani en est convaincu : «Il y a une politique délibérée pour pourrir cette région. On a provoqué un complexe d'infériorité chez le citoyen ouargli. Il y a une discrimination criante à notre égard, à croire qu'il n'y a que le Tell qui a fait la Révolution. Cite-moi un seul général du Sud. Il a fallu attendre 49 ans pour voir un présentateur du Sud au JT de 20h. On est des citoyens de troisième classe. On vient après le Polisario.»
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