Algérie

Macron VS Macron : il a tout faux '



La « sortie » du président de la République française sur l'Algérie a été, comme souvent, appréciée en deux étapes. Il y a eu d'abord les répliques spontanées et forcément empreintes de passion en raison du contenu, de la forme et du ton utilisés dans ce discours. Il se peut même qu'il y ait aussi un « peu beaucoup » du contexte. Il en a toujours été ainsi : quand un chef de l'Etat ou tout autre responsable français s'adresse à un auditoire précis comme c'est le cas, quand il est question de harkis et plus généralement des Français avec des origines algériennes, ce n'est plus une affaire franco-française. C'est pourtant souvent le cas parce que dans ces auditoires, il est difficile, si ce n'est impossible de trouver des « Algériens » tels que désignés par le droit positif. Pour autant, la question n'a jamais été soulevée. C'est-à-dire le... malentendu n'a jamais été levé pour plein de raisons mais la plus importante, parce que la plus déterminante, est que, d'un côté comme de l'autre de la Méditerranée, on y trouvait son compte. Ce n'est pas le cas, cette fois-ci. D'abord parce que Emmanuel Macron a parlé directement de l'Algérie à des... Français ! Le propos agressif, sinon violent, le ton professoral et le fond au petit bonheur la chance, il a soulevé chez lui l'incompréhension et ici l'indignation. Là-bas, on n'avait déjà pas compris les « cadeaux mémoriels » qu'il avait concédés à l'Algérie il n'y a pas si longtemps. L'incompréhension est presque du même niveau cette fois-ci parce qu'il a été loin dans l'agressivité, pas très brillant dans l'argumentation et pas très opportun pour la suite de sa propre carrière politique. Qu'on ne s'y méprenne pas, les considérations électoralistes qu'on lui prête dans cette histoire sont loin d'être évidentes. S'il n'y a pas pensé en préparant son discours, c'est grave. Et s'il y a pensé et il l'a quand même conçu ainsi, c'est aussi grave, sinon plus. Parce qu'il faudra bien clarifier un jour cette histoire : pourquoi et en quoi, le rapprochement des idées d'extrême droite, des thèses racistes et du zéro immigration seraient forcément rentables électoralement pour un candidat de la droite classique ou du centre-droit ' A-t-on un jour calculé ce qu'un prétendant du genre y perd et ce qu'il y gagne, sachant qu'il y a forcément des électeurs traditionnels qui vont aller « voir ailleurs » puisque leur poulain n'est plus dans les valeurs pour lesquelles on l'a choisi ' Plus concrètement, Emmanuel Macron est bien le favori des sondages pour la présidentielle de 2022 bien avant ses propos sur l'Algérie et plutôt dans la foulée des sympathies qu'il y a suscitées en déclarant notamment que le colonialisme était un crime contre l'humanité, non ' Et s'il avait besoin d'un contre-exemple en l'occurrence, n'est-ce pas qu'il en a plutôt deux à portée de main ' Voyons : il y a Marine Le Pen d'un côté qui est en train de perdre en popularité pour la raison majeure qu'elle a renoncé à un certain nombre de « valeurs » dont elle est l'incarnation. Et de l'autre, le tout nouveau Eric Zemmour qui fait une ascension fulgurante parce que ça fait des années qu'il dit la même chose et qu'il ne compte pas changer, sinon en allant plus loin, en délivrant une copie plus nette de l'image que ses admirateurs ont de lui. Et enfin, cette nouvelle donne que M. Macron doit avoir lamentablement oubliée : une fois n'est pas coutume, le deuxième tour n'est pas forcément un purgatoire pour le candidat d'extrême droite. Le Pen ou Zemmour pourraient avoir une idée de rassemblement et le père (Jean-Marie) en a peut-être esquissé la possibilité. Ce n'est manifestement pas que sur l'Algérie que le Président-candidat a tout faux.S. L.


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