Algérie

Macron reconnaît la responsabilité de l'Etat français



Il a choisi l'anniversaire de la fusillade de la rue d'Isly, le 26 janvier 1962, pour s'adresser aux rapatriés de la Guerre d'Algérie. A trois mois de l'élection présidentielle française, Emannuel Macron a tenté de couper l'herbe sous le pied de l'extrême droite en s'adressant, ce jeudi, au palais de l'Elysée, aux familles de "rapatriés d'Algérie", les anciens pieds-noirs.Tout en évitant d'impliquer les Algériens, le président français a fait un nouveau pas vers cette catégorie de Français qui ont quitté l'Algérie au lendemain de l'indépendance qui a mis fin à 132 ans de colonisation.
Pour cela, Emmanuel Macron a trouvé le bon angle. Il a reconnu la responsabilité de l'Etat français dans la fusillade de la rue d'Isly (actuelle Larbi-Ben-M'hidi) du 26 mars 1962 qui avait coûté la vie à 80 "Français d'Algérie" qui manifestaient pour l'Algérie française.
Pour le chef de l'Etat français, ce massacre est "impardonnable pour la République" parce que "ce jour-là les soldats français, déployés à contre-emploi, mal commandés ont tiré sur des Français (...) Un massacre", a-t-il ajouté.
Il s'exprimait devant des familles de ces "Français d'Algérie" réunies jeudi à l'Elysée. Le geste d'Emmanuel Macron est surtout symbolique puisqu'il a rappelé qu'un autre "massacre", qui s'est produit le 5 juillet 1962 à Oran, "doit être également reconnu". Il n'a pas fait le geste. Cette nouvelle étape entre dans le cadre d'un "processus mémoriel" entamé depuis longtemps par le chef de l'Etat français.
À l'approche de l'élection présidentielle d'avril, Emmanuel Macron cherche visiblement à donner à chacun des protagonistes sa place : aux révolutionnaires algériens, il a fait un pas avec la reconnaissance de l'assassinat de Maurice Audin et de l'avocat Ali Boumendjel ; aux harkis, il a reconnu "l'abandon" par les autorités françaises et, maintenant, il reconnaît "le massacre" des pieds-noirs.
En France, beaucoup ont décelé dans ce geste une opération électoraliste puisque les descendants de pieds-noirs se comptent par dizaines de milliers et votent surtout extrême-droite. C'est sur ce terrain-là que le chef de l'Etat sortant cherche donc un vivier électoral qu'il avait perdu en 2017, lorsqu'il avait déclaré, à Alger, que la colonisation était "un crime contre l'humanité".
Emmanuel Macron, qui dit ?uvrer pour "la réconciliation des mémoires" entre son pays et l'Algérie, n'a plus jamais redit cela. Il a même fait marche arrière en tentant d'édulcorer un propos tenu alors qu'il n'était que candidat à la présidentielle.
Quelques années plus tard, il se démarquera d'une autre déclaration, faite sous forme de confidence aux journalistes qui l'accompagnaient lors d'un voyage. Il a comparé ce qui s'était passé lors de la guerre d'indépendance à la Shoah. Mais il a vite rétropédalé dans le but d'éteindre un brasier qui commençait à apparaître au sein de la classe politique française.

Ali BOUKHLEF


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