Une attention peu diplomatique
La rencontre, selon l'Elysée, a pour but d'examiner la situation qui prévaut sur le terrain, la France ayant apporté son soutien, plus ou moins discret, à l'ambitieux général à la retraite, depuis plusieurs années, tout en affichant publiquement son appui à la médiation onusienne.
Le président français Emmanuel Macron recevra la semaine prochaine le maréchal Khalifa Haftar, «l'homme fort de l'est libyen», à l'origine d'une offensive inattendue sur la capitale libyenne voici deux mois et dont l'Armée nationale libyenne autoproclamée est enlisée dans un conflit qui affecte principalement la population civile de Tripoli et de ses environs. La rencontre, selon l'Elysée, a pour but d'examiner la situation qui prévaut sur le terrain, la France ayant apporté son soutien plus ou moins discret à l'ambitieux général à la retraite depuis plusieurs années déjà tout en affichant publiquement son appui à la médiation onusienne conduite par Ghassan Salamé. Outre l'examen de la situation, il sera également question, ajoute le communiqué de la présidence française, de cerner «les conditions de reprise du dialogue politique, à la suite de la visite du Premier ministre (Fayez al-Sarraj), et en lien avec l'ONU et nos partenaires». Il faut dire qu'avant même d'entamer la tournée qui l'a conduit successivement à Rome, à Paris et à Bruxelles, Fayez al Serraj avait interpellé véhément le chef de l'Etat français en l'accusant ouvertement de partialité en faveur du maréchal Haftar, chose que Paris a bruyamment démenti.
Comme al Serraj, Haftar a tout d'abord été reçu jeudi dernier à Rome, certes de façon bien plus discrète mais néanmoins honorable puisqu'il a rencontré le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte. Une audience qui a conduit le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à déclarer, quelques jours plus tar, que le président Macron souhaitait recevoir à son tour le tumultueux maréchal libyen. «La situation en Libye est très préoccupante parce que la feuille de route, qui était proposée par les Nations unies (..) et qui avait failli trouver un aboutissement positif à Abou Dhabi (fin février), a été mise en échec à la fois par une initiative du maréchal Haftar et par une initiative, ou une non-initiative, du Premier ministre Sarraj», avait déclaré Le Drian à l'Assemblée nationale, dans un curieux amalgame mettant dos à dos l'agresseur et l'agressé, sans prendre parti en apparence. En recevant Al Serraj le 8 mai dernier à l'Elysée, le président Macron avait tenté de dissiper ses doutes, en affirmant haut et fort son appui à la feuille de route onusienne, c'est à dire au gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu et soutenu par l'ONU, et pour bien clarifier la donne il n'a pas manqué d'appeler à «un cessez-le-feu sans conditions». On ne peut pas dire, du moins à ce jour, que son appel ait été entendu par le maréchal Haftar dont les forces militaires piétinent aux portes de Tripoli et multiplient les bombardements des quartiers d'habitation, n'épargnant ni les écoles ni les hôpitaux, afin d'user la résistance des troupes loyales au GNA malgré la condamnation de l'UE, la semaine dernière.
«Sûr de lui et dominateur», le maréchal Khalifa Haftar qui est poussé dans son offensive par les Emirats arabes unis et par l'Egypte, cette dernière étant persuadée du «danger terroriste incarné par les milices libyennes aussi bien dans le sud qu'au nord du pays, a beau savoir que son attaque éclair contre Tripoli est en train de tourner au cauchemar, surtout pour la population, il n'en démordra pas pour autant dans sa quête désespérée d'un statut hors normes à la tête de la Libye. Statut dont ses «bienfaiteurs» entendent bien tirer, le moment venu, un profit conséquent. Pendant ce temps, Daesh a renouvelé les attaques contre les barrages de sécurité de l'ANL du maréchal Haftar, au centre du pays, égorgeant deux gardes et en enlevant quatre autres hier, près du champ pétrolier de Zella.
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Posté Le : 19/05/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Chaabane BENSACI
Source : www.lexpressiondz.com