Algérie

Macron: "L'armée française a assassiné Maurice Audin"



Le député et mathématicien français Cedric Villani a indiqué, mardi dernier, que le président Emmanuel Macron lui a fait part de son «intime conviction» que Maurice Audin, qui activait pour l'indépendance de l'Algérie, a été «effectivement assassiné par l'armée française».Cet aveu du chef de l'Etat français a été l'occasion pour le défenseur des droits de l'homme, l'historien français Gilles Manceron d'affirmer que «l'Etat français a fait un petit pas vers la reconnaissance de la vérité sur l'assassinat de Maurice Audin, car ces mots n'ont jamais été prononcés auparavant par un représentant, officiel ou officieux, de l'Etat». Dans une interview à l'APS, Gilles Manceron, pour qui le mot «exécuter» veut dire qu'il y a eu une intention meurtrière délibérée, et, comme il n'y a eu dans ce cas aucune procédure judiciaire, cela signifie une décision d'assassinat «extrajudiciaire». «L'auteur de cet assassinat est désigné comme n'étant pas un militaire français ou des militaires français, qui auraient pu agir en l'absence d'ordres reçus, mais comme étant l'armée française.
Ce meurtre relève d'un ordre de la hiérarchie de l'armée. C'est un petit pas de plus de la part de l'Etat français vers l'aveu de la vérité», a-t-il encore soutenu, déplorant que cette déclaration s'accompagne de «beaucoup d'hypocrisie et de lâcheté», car, selon lui, «rien n'est dit sur les témoignages ou documents qui ont conduit le président à cette conclusion». «Cela présage peut-être de la volonté du président Macron de dire enfin toute la vérité sur cette disparition, mais ce n'est pas encore le cas», a déduit l'historien. Dans une interview accordée au quotidien L'Humanité, Cédric Villani a déclaré que le président Macron lui a annoncé que le grand travail d'ouverture des archives, initié par François Hollande, «allait se poursuivre», attestant qu'à ce jour, «aucune archive ne venait apporter un éclairage décisif sur le sort de Maurice Audin et que l'Etat ne cherche plus à imposer sa version».
Sur la question des archives, Gilles Manceron soutient, pour sa part, que l'armée française et l'ancien gouvernorat général ont des archives et que «si ce meurtre résulte d'un ordre de la hiérarchie de l'armée dont le chef d'état-major en Algérie était alors le général Raoul Salan, et le commandant dans la région d'Alger, le général Jacques Massu, chef de la 10e division parachutiste, il est clair qu'il a été forcément partagé par le ministre résidant d'alors, Robert Lacoste, qui partageait totalement avec eux la conduite de la bataille d'Alger». «Le pouvoir gouvernemental à Paris était lointain, faible et instable. On était d'ailleurs dans une période de transition entre deux équipes ministérielles, ce qui laissait encore davantage les mains libres aux ultras de l'Algérie française qui détenaient alors, les pouvoirs civils et militaires dans l'Algérie coloniale. Ce sont eux les responsables des pires crimes, mais l'Etat français les a laissés faire, et, par la suite, n'a voulu ni juger les responsables ni reconnaître leurs crimes», a-t-il enfin expliqué.


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