Algérie

Macron en campagne face à la gauche



À J-4 du premier tour des élections législatives en France, le camp du président Emmanuel Macron a mis un coup d'accélérateur, hier, à sa campagne face à la montée en puissance d'une alliance de partis de la gauche. Plutôt en retrait depuis sa réélection le 24 avril, le président Macron s'est rendu dans la région parisienne, hier, pour parler de l'accès des jeunes au sport avant de se déplacer, aujourd'hui, dans le sud-ouest du pays pour y évoquer la thématique de la sécurité. Il s'agira seulement de son quatrième déplacement en France depuis son investiture pour un second mandat début mai, alors que l'atonie de la campagne a semé l'inquiétude dans son propre camp. Entre-temps, le chef de file de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, s'est imposé dans la campagne comme son principal opposant à la tête d'une alliance inédite regroupant les socialistes, communistes, écologistes et son propre parti, la France insoumise. À 70 ans, ce vieux routier de la vie politique française se dit convaincu de pouvoir conduire sa coalition à la victoire et d'imposer une cohabitation au président centriste libéral. Le programme de Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième à la présidentielle, représente «une catastrophe pour la France», a estimé hier la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, appelant à «donner une majorité à Emmanuel Macron». En début de semaine, le chef du parti présidentiel, Stanislas Guérini, avait battu la charge contre le «cartel mélenchoniste», agitant la menace de «la sortie déguisée de l'Europe, la sortie de l'Otan» et «du nucléaire». Ce front anti-Mélenchon intervient dans le sillage des résultats du vote au premier tour des Français résidant à l'étranger le week-end dernier, qui ont placé les candidats de la majorité présidentielle en tête mais où la coalition de Mélenchon s'est qualifiée dans 10 circonscriptions sur 11.Selon les derniers sondages, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) de Mélenchon est au coude-à-coude dans les intentions de vote avec la formation de Macron et ses alliés centristes (Ensemble!), autour de 25%. Macron et ses alliés arriveraient en tête en nombre de sièges mais sans certitude d'obtenir la majorité absolue (289 députés), selon un sondage Ipsos/Cevipof pour Le Monde publié, hier. Une majorité relative pour Macron compliquerait la mise en oeuvre de ses réformes, l'obligeant au jeu des alliances.
Les Français sont appelés à renouveler la totalité de l'Assemblée nationale, soit 577 députés, lors d'un scrutin à deux tours, les 12 et 19 juin. Le sondeur Brice Teinturier souligne cependant leur «faible intérêt» pour cette élection, avec une abstention attendue entre 52% et 56% qui pourrait dépasser le record de 2017 (51,3%). Hier, la bataille s'est déplacée dans les terres normandes (ouest) avec un duel à distance entre le chef de file des Insoumis et la Première ministre Elisabeth Borne, elle-même candidate dans une circonscription normande. Mélenchon se rendait à Caen pour y tenir son dernier grand meeting avant le premier tour de dimanche et soutenir un candidat de 22 ans qui se présente face à Mme Borne. La Première ministre faisait campagne dans la petite ville de Vire en fin d'après-midi, après avoir jugé la veille «choquants» les propos de Mélenchon selon lequel «la police tue» en France. Il réagissait à la mort de la passagère d'une voiture, victime de tirs policiers lors d'un contrôle samedi à Paris, un drame qui a relancé les débats sur les violences policières. Cet affrontement entre le camp Macron et la gauche éclipse les autres partis et candidats dont la finaliste de la présidentielle, Marine Le Pen (extrême droite), attendue pour sa part mercredi dans le sud du pays, sur des terres qui lui sont très favorables. Mme Le Pen dont le parti RN est largement distancé dans les intentions de vote, s'est vu chiper durant cette campagne la place d'opposante numéro un par M. Mélenchon. Sur la radio Europe 1, elle a fustigé «la fascination des médias» pour le patron de LFI et mis en garde contre l'abstention, qui pourrait fortement pénaliser son parti.


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