Algérie

«Ma préoccupation, c'est le niveau des joueurs locaux»



Dans l'optique de reconstruire la sélection marocaine de football, affaiblie lors de la dernière Coupe d'Afrique, le technicien bosnien Vahid Halilhodzic a pointé du doigt les faiblesses de certains joueurs, qui se trouvent pour la plupart en Botola.«J'ai déjà convoqué une dizaine de joueurs locaux, c'est la preuve que je ne suis pas contre la présence de ces éléments en sélection. J'ai déjà assisté à cinq matchs du championnat et j'en ai vu dix à la télé. Ce que je peux dire, c'est que le joueur local manque de vitesse, de puissance, d'engagement et de rigueur tactique. Vous avez l'impression que ce n'est pas le même football». Voilà une déclaration du sélectionneur des Lions de l'Atlas qui résume le climat qui prévaut au niveau des joueurs locaux. Il ajoutera, lors de cette même conférence de presse «Quant vous comparez Hakimi à ces joueurs, vous avez l'impression que le premier joue au foot et que les autres pratiquent un autre sport. Pendant les entraînements, les joueurs portent des puces qui nous renseignent sur l'effort fourni et la puissance de chacun, c'est ce qui nous permet de constater cet écart entre des joueurs évoluant en Europe et ceux du Maroc».
Entre Halilhodzic et les joueurs, le courant semble ne plus passer. Il ne comprend plus rien, il n'arrive pas à situer les failles d'une équipe qui n'arrive pas à trouver ses repères. Ou alors, ce qui s'y passe doit certainement être connecté a un fait qui jette un doute dans le fonctionnement de cette équipe marocaine qui a «du talent mais cela ne suffit pas» et d'ajouter «quand je voie les joueurs sénégalais ou nigériens jouer, je remarque vite cette puissante force tactique développée face aux Brésiliens, ils les ont largement dominés, mais nous, nous n'avons pas ça, on ne peut pas affronter une équipe qui a un haut niveau». Il fait parler sa franchise, un franc parler qui dérange, pour l'avoir vécu lors de son passage en Algérie. Vahid fait voyager les gestionnaires du football marocain vers cet acquis qui est le plus souvent puisé sur le tas en Afrique.
A-t-il raison depuis le Maroc de revenir sur cette question fondamentale de l'apprentissage du football et des métiers connexes qui devront quitter progressivement le domaine de la rue pour investir des structures spécialisées dans la formation des futures vedettes du ballon rond ' Une interrogation qui nous rappelle cette déclaration d'un confrère africain qui écrivait «voilà qui peut paraître un peu insolite aux yeux des Africains d'une certaine génération pour qui jouer au foot était d'abord un passe-temps pour chasser l'ennui et l'oisiveté. Un peu comme un lot de consolation pour tous les ratés sociaux. Les clichés ont la vie dure. Comme dans l'imagerie populaire qui a fait du foot une affaire la vie au grand air, une histoire de rue en somme».
L'école est devenue ainsi le vivier du football moderne, Vahid fait un mauvais constat là ou les conditions peuvent chasser le bricolage. Il sème cette provocation pour faire comprendre à tous les clubs que la formation des joueurs est la seule clé pouvant ouvrir toutes les portes de la réussite. «Aujourd'hui, ils sont loin du niveau européen. Ils ne peuvent pas faire face aux joueurs qui détiennent une grande expérience. Ils ont du talent, mais moi, j'observe et j'analyse le jeu...Aucun joueur n'est capable de faire face à une telle technicité de jeu notamment contre le Sénégal, ce qui évidement n'est pas facile, le niveau n'est pas le même» et il terminera sa conférence par rappeler tout simplement qu'il n'est pas là pour supplier X ou Y joueur pour jouer, comme je n'accepterai à aucun joueur de me faire du chantage pour jouer en équipe nationale, il faut que vous le sachiez, l'équipe doit s'améliorer. C'est ce que semble dire Vahid qui situe le mal au niveau de la formation.
Cet état fait créer de l'électricité dans l'air, et provoque une mobilisation des supporters autour de cette série de résultats qui est loin de faire parler les statistiques qui ne sont pas positives. Au contraire, l'inquiétude commence à s'installer. Il fait savoir que les joueurs évoluant au pays n'ont pas le niveau requis. Le nul arraché au terme du match amical qui avait opposé les Lions aux Libyens (1-1) a été à l'origine d'une discussion avec le staff...Il était appelé à s'expliquer sur ces résultats, sur la faible «présence de joueurs locaux dans la liste des convoqués». Une question qui ne passait pas voire, très mal admise par le Bosnien, et il le fait savoir lors de sa conférence de presse : «Les joueurs locaux ne sont pas prêts pour la sélection, il y a du talent évidemment mais le niveau physique n'est pas encore au top pour faire face aux équipes mieux organisées et formées», a-t-il affirmé et d'ajouter «Comme je l'avais déjà dit, le football marocain est en phase de grande reconstruction.
Il ne faut s'attendre ni à un bon résultat, ni à un automatisme ni à un bon jeu sur le champ (...) Nous sommes en train de reconstruire certaines choses», a-t-il déclaré et de compléter par : «J'ai essayé depuis mon arrivée de changer une équipe, d'aligner de nouveaux joueurs, de présenter une nouvelle équipe, mais c'est toujours la même chose. Je suis déçu pour les supporters qui voudraient voire autre chose. Je suis en train de chercher une meilleure organisation de jeu. J'ai remarqué que le but encaissé face aux Libyens était un peu bizarre mais, je sais qu'il reste énormément de travail à faire, on va continuer à le faire et à espérer.


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