Algérie

Ma chère Université ! Plus près du douar que de l'universel !



Ma chère Université ! Plus près du douar que de l'universel !
Ecole devant école jusqu'au jour de ne plus trouver l'effectif nécessaire, on disait que c'était dicté par la carte scolaire savamment étudiée, jusqu'au jour où l'on ne trouve plus les lycées suffisants pour contenir autant de monde propulsé, tous admis, à la faveur d'une réconciliation nationale. C'est la politique du nombre, quitte à ce qu'une poignée d'abeilles ne soit plus utile qu'une charretée de mouches. Le principe est retenu pour l'université qu'il va falloir rapprocher du douar pour freiner l'exode rural. Pas étonnant donc que l'honorable institution d'ailleurs soit devenue un grand lycée de chez-nous. Comme de routine typiquement nôtre, les années universitaires se succèdent, se ressemblent et se chevauchent. Hormis le rituel de la rentrée, dans la forme et non dans le fond, mon université demeure bien loin de l'universel, faute de rationnel et de place à la rigueur des sciences qu'on y enseigne. Dans la forme, il s'agit du symbole du premier cours magistral qui signale le go, et des grandes retrouvailles de la famille universitaire, normalement pas ''ouitionnaire'' pour tout ce qui se dicte d'en haut. Il y a bien des situations où l'on dise non même si cela déplait à son vizir. Dans le fond, il y a à boire et à manger, surtout à dire et redire quand un temple du savoir se confond avec une APW superflue qui se prosterne devant kassamène sans conviction, honore et remet des diplômes de promotion en plexiglas, et réunit des auto-invités et des faux anciens venus juste pour se mettre en évidence devant Sideh le wali, sans avoir honte de fouler un espace théoriquement aussi noble. Hélas pour ma pauvre université clochardisée ! Comme l'ont bien voulu ceux qui ont bien voulu la reléguer au fond du classement universel. Le chaos est plus profond que le sinistre de notre prison démocratique et populaire. D'ailleurs, les deux espaces sont régis selon la même logique et les mêmes humeurs de la gouvernance nationaliste. L'université n'est plus l'espace qui se distingue de la société. On y réfléchit comme réfléchit un sujet lambda dans la rue, au café ou lors d'une plénière d'APW. La violence est au bout des lèvres ou des poings. On s'y promène avec le couteau dans la poche. On y parle plus de faits divers que de projets de recherche. On répond comme un instrument. On attend Maman l'Etat qui n'existe pas. On s'érige prétorien via l'un des partis uniques, et y achète des étudiants pour qu'ils ne pensent pas à la Révolution. On y manipule. On évacue l'éthique. On y prolonge le reflexe populaire de la violence, le clientélisme, la corruption, le régionalisme, le douarisme, et le benaâmisme. On allonge sa barbe pour couper court à l'universalisme, à la Raison et aux questionnements philosophiques, et pour interdire les DJ à ses camarades qui ne regardent pas du même côté. On négocie ses notes sans éprouver la peine d'apprendre ses cours, sous réserve de tabasser son prof. On s'impose sociétaire du fournisseur de la cité U, sous l'autre réserve de monter les camarades contre un dessert déclaré moisi. On fait chanter un quelconque chef qui se croit inflexible. De la barbe de l'Etat, on achète la paix sociale, comme le fait si bien Maman l'Etat. On ne publie rien, on fait de la politique pour se promouvoir, et pourquoi pas décrocher un fauteuil de député. On exhibe ses statistiques de la quantité qui occulte la qualité. On court de toutes ses forces des hautes connaissances bien placées pour occuper le plus haut poste de la chefferie possible. On ouvre la voie à une foison d'objets estudiantins réunis en association. Bref, une réelle démocratie universitaire. Sans le moindre rapport à l'universel !


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