Algérie

M'HAND BERKOUK, EXPERT EN STRATEGIE ET SECURITE : «El Keddafi a toujours constitué une menace pour l'Algérie»


M'hand Berkouk, expert en questions stratégiques et sécuritaires, a déclaré, hier concernant la crise libyenne et les révolutions dans les pays arabes, que la situation évolue vers une «modélisation de la déstabilisation à travers le monde». Les conférenciers intervenant au Centre de recherche stratégique et sécuritaire ont, pour leur part, évoqué «la menace sur la région pouvant découler de la fuite d'armes de Libye» ainsi que les effets de la crise libyenne sur toute la zone du Sahel.
F.-Zohra B. - Alger (Le Soir) - «L'utilisation du principe de protection pour la chute d'un régime est une première historique», a expliqué, hier, M'hand Berkouk du Centre de recherche stratégique et sécuritaire. Le spécialiste, optant pour une lecture politique de la crise libyenne, a décrit une «déconstruction systémique d'un modèle politique atypique ». Le conférencier évoquera la destruction des instances sécuritaires en Libye. «Avec la destruction des instances sécuritaires et l'ingérence, il y a une tentative de créer une certaine crédibilité politique pour les insurgés», a déclaré M. Berkouk. Pour sa part, Benamor Bendjana, colonel à la retraite, rappellera que l'Algérie et la Libye partagent près de 1 000 km de frontières, «dans une zone saharienne qui n'est pratiquement connue que des autochtones». Il s'agit, aussi selon l'intervenant, de compter avec le départ rapide du régime libyen. «Cette situation constituera un danger dans la zone qui peut durer dans le temps du fait de la difficulté de créer rapidement un Etat de nouveau. Cela notamment en raison de l'absence de courants politiques organisés», a expliqué Benamor Bendjana. Le spécialiste notera, par ailleurs, que la Libye a vu arriver une lutte armée organisée et l'intervention des forces de l'Otan. «Cette coordination avec les actions militaires entre ciel et terre n'était pas facile à réaliser et n'aurait pu se faire sans les experts de l'Otan sur le terrain. Les révolutionnaires ne constituaient que de la chair à canon, c'était l'Otan qui organisait et coordonnait les actions militaires. Pour preuve, les soi-disant retraits tactiques de la résistance étaient en fait effectués dans le but de se retirer et de laisser les interventions aériennes détruire tout ce qu'il y avait au sol», expliquera le conférencier qui notera que cette apparition rapide de la résistance libyenne aura eu pour conséquence, l'apparition de l'aile djihadiste et cela avec une présence certaine des courants islamistes dans l'après-Kaddafi. L'apparition des groupes armés et aussi la fuite de quantités importantes d'armes de tous genres constituent un danger certain pour l'Algérie, assure le spécialiste, ajoutant que les armes qui seront détournées sont celles qui seront utilisées dans les conflits asymétriques. «Ces armes dont on ne retrouve pas la trace se retrouveront inévitablement dans les conflits dans les régions du Sahel, où ils sont récurrents. Ces armes peuvent y apparaître à tout moment. Il y a aussi le crime organisé et les commerces prohibés ainsi que la commercialisation d'armes qui constituent une menace. Par ailleurs et en dépit de la vigilance et des moyens déployés par les forces de sécurité, ces armes peuvent se retrouver en Algérie», explique Benamor Bendjana. Le conférencier dira enfin : «Le printemps arabe et les révolutions ont été avortés par l'intervention de l'Otan en Libye.»
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