Ce village en terre fut pendant des siècles le carrefour des tribus de la région et une mémoire matérialisée, dont la préservation constitue une priorité, aussi bien pour les autorités de la petite commune que pour ses habitants.
Si vous n’avez eu droit au réseau téléphonique (un seul opérateur, il y a, à peine, 8 ans), si vous vous trouvez dans la commune la plus distante du chef-lieu de Batna (à 130 km), et si vous n’avez connu d’autres voies de communication et routes, c’est que vous êtes dans la commune de M’doukel, oasis au sud de la capitale où il fait bon vivre.
Une oasis qui porte également bien son nom, puisque M’doukel en berbère (chaoui) signifie ami et amitié.
M’doukel est incontestablement l’agglomération la plus retirée de la capitale des Aurès ; fin du nord, début du sud. Mais cet éloignement ne semble ni gêner ni déranger les “Mdoukali”. Bien au contraire!
Cela semble leur donner le temps et le plaisir de vivre en harmonie et symbiose avec leur environnement proche, aussi beau que fragile. L’intérêt et la considération accordés par les habitants de cette oasis à leur patrimoine, notamment oliveraie, palmeraie, mais aussi et surtout à tout un ancien village entièrement en terre, force le respect.
Ce village en terre fut pendant des siècles le carrefour des tribus de la région et une mémoire matérialisée, dont la préservation constitue une priorité, aussi bien pour les autorités de la petite commune que pour ses habitants, qui, dans un temps très proche, habitaient dans ces mêmes lieux qu’ils ont laissés en l’état, pour aller s’installer dans le nouveau village.
L’autorité régionale ou nationale et la tutelle est généreuse en promesses creuses. M’doukel est à Batna ce qu’El-Kantara est à Biskra, porte du désert certes, mais aussi portail du nord et ce depuis la nuit des temps.
Les deux populations se battent contre la bêtise et le béton armé à El-Kantara pour sauver le village rouge et empêcher la réalisation d’une double voie inutile, qui verra la disparition d’un pont de l’époque de Napoléon ; à M’doukel, la population semble être mieux impliquée dans la protection du patrimoine (ancien village) mais la partie n’est pas gagnée.
La Kabylie des Aurès
Hormis l’interdiction d’y ériger à nouveau de nouvelles construction que les habitants respectent scrupuleusement, rien d’autre n’a été fait, n’était une étude de protection (de 24 millions de centimes) réalisée par un bureau installé à Biskra.
Mais depuis la réalisation de cette étude en 2004, aussi bien les habitants que les sages et anciens de la ville n’ont rien vu venir.
Présentement, ça se passe comme en Kabylie, une djemâa considérablement appuyée par le maire de la commune et ses adjoints, à leur tête M. Sdiki (vice-président), qui reconnaît que la population est largement sensibilisée à l’importance de ce legs (patrimoine), mais l’aval pour le démarrage des travaux de restauration tarde.
En outre, les intempéries, à l’exemple des dernières averses, n’arrangent en rien les choses!
“La terre nue ne supporte pas les fortes averses de la fin de la saison des pluies et le retour de l’été. Les écarts des températures effritent les constructions”, nous dit un jeune architecte.
En dépit de la bonne volonté des Mdoukali, l’ancien village affiche des signes de fatigue que nous avons pu remarquer et photographier. Pourtant, ce ne sont pas les promesses qui manquent (relevé topographique, prises de vue en films et photographies, maquettes…).
Une équipe dépêchée par la direction du tourisme de Batna, à sa tête le directeur de ce secteur, avait promis que les travaux débuteraient dans les plus brefs délais, il y a... 7 ans.
Prix de la meilleure oasis d’Afrique du Nord en 1914, les citoyens de ce beau et paisible village continuent de croire qu’ils vont pouvoir attirer l’attention des pouvoirs publics sur l’état de dégradation de leur ancienne bâtisse.
Certains tentent de s’y installer en défigurant les lieux par des cubes en béton que personne n’accepte et ne tolère.
M. Sdiki nous a déclaré: “L’heure est à l’action. Nous ne pouvons plus attendre, les dégradations se remarquent à l’œil nu, nous n’avons pas besoin d’être urbanistes ou architectes pour le savoir. Le bureau d’études doit nous remettre son étude dans les plus brefs délais. Les citoyens veulent exprimer leur inquiétude mais aussi leur lassitude. Beaucoup d’entre eux se portent volontaires dans le cas où la restauration démarrerait réellement. Nous comptons aussi prendre en charge la plus grande palmeraie et oliveraie des Aurès, que les citoyens se plaisent à nommer ‘l’après-pétrole’”.
Rachid Hamatou
Posté Le : 09/05/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: ; texte: Rachid Hamatou
Source : libere-algerie.com du jeudi 9 mai 2013