Il commence par la miniature, puis le tissu et enfin le verre. Lyès El Mehdaoui est un artiste peintre. Aujourd'hui, son rêve est de former et de faciliter la tâche aux jeunes ayant un talent. Portrait.Ses plantes à l'entrée de sa maison de Bologhine (ex-Saint-Eugène) nous donnent déjà un aperçu sur ses goûts artistiques. Des pots rangés délicatement de façon à admirer un dégradé de couleurs. Puis à l'intérieur, dans le salon, c'est aussi sa touche qui ressort. Les fenêtres ont été peintes par lui-même. C'est de la miniature et de la peinture sur verre. Lyès El Mehdaoui est biologiste clinique de formation. Avant de prendre sa retraite de l'hôpital El Kettar d'Alger, il tentait de s'adonner à sa passion? la peinture sur verre.Aujourd'hui, beaucoup plus à l'aise, ayant plus de temps et de patience, il fait des merveilles. Très timide, mais heureusement il y a son pinceau qui parle de lui et pour lui. Lui, il peint, il crée, il innove et nous, nous admirons. Il était encore lycéen lorsque sa prof de dessin prenait ses «petites créations» pour les exposer chez elle en Egypte. Peu de temps après, il décide de perfectionner son art. Avec M. Belkahla, de l'association des Beaux-Arts d'Alger, il est formé en art miniature pendant trois ans.Une bonne base qui lui a donné l'opportunité de toucher au verre et même au tissu. Il expose ses miniatures sur la soie et pas n'importe laquelle? la noble. «Un travail délicat mais beau à voir au final», s'enthousiasme Lyès. Avec son pinceau, il rehausse la broderie faite par la couturière au point où nous pouvons croire qu'il s'agit réellement d'un fil d'or. «D'ailleurs, lors d'un défilé de mode où il y avait ma touche sur les modèles, une journaliste a écrit dans son compte rendu que c'était une broderie faite de fil d'or.Or, il s'agissait seulement de traits dorés que j'avais peints», se souvient l'artiste. Dans son atelier, les tableaux sont rangés avec précaution. A l'occasion de notre visite, il a bien voulu les exposer pour nous. De la calligraphie, des motifs floraux en relief, technique de la peinture sous verre, verre inversé, du vitrail, des reliefs à main levée? des créations travaillées avec du vrai plomb. Il affirme simplement sa fibre artistique.VerreLyès choisit ses moments de peinture et s'isole dans son atelier. Peignant au son de la musique algéroise et sous le regard de son mécène, Abdelhak, chirurgien dentiste, il offre un joli tableau. De la miniature au tissu, puis au verre, Lyès favorise plutôt le verre. Il l'a adopté. Ses premiers ouvrages sont les vitres de la maison en 2006.Puis, à partir de 2008, les expositions se suivent et le public adore. Le succès est là. De la galerie d'Art de Bab Ezzouar à la foire du verre et de l'aluminium, des expositions individuelles et collectives puis en 2010 à la Foire maghrébine, El Mehdaoui s'impose. Le public restreint reconnaît le talent. «J'ai jeté mon dévolu sur le verre», ironise Lyès El Mehdaoui. En attendant une exposition individuelle en 2017, l'artiste innove encore. «Le verre est un matériau difficile.Mais j'aime travailler dessus», a confié encore l'artiste. Il dégraisse le verre, met le dessin dessous, puis le verre, puis le cerne... les techniques sont soigneusement ajustées. Sa main ne tremble pas même sur la soie qui est portant très difficile à manipuler. Le dégradé ne se fait pas de la même manière. Il suffit d'une quantité de plus pour que le tableau soit un gâchis. Face au verre, il laisse libre cours à son imagination. Créativité, patience et concentration, des qualités obligatoires pour l'artiste. Il donne de l'âme au matériau.Il se ressource grâce à la mer, mais surtout il ne perd pas de vue les conseils et les orientation de son ami Abdelhak. «Je suis sa première réaction. Je suis son public.» Un public que Lyès El Mehdaoui adore. Témoignage : «Contrairement aux idée reçues, le public de la peinture est nombreux. Les gens achètent et commandent même. Nous sommes tout de même attachés à notre patrimoine et à notre culture. A La Casbah, par exemple, une famille qui habite une maison de style mauresque m'a demandé de lui faire le même dessin que son sous-bassement sur les fenêtres.»FormerSon rêve aujourd'hui est de former. Des enfants, des jeunes, des adultes, Lyès El Mehdaoui veut transmettre son savoir, surtout à ceux qui ont un don et du talent. Il se souvient d'un formateur qui avait été avare en conseils pour ne pas lui dévoiler les astuces sur la soie. Lyès a fait des recherches tout seul. «Lorsque nous effectuons un passage par la miniature, le reste n'est qu'une question de temps.Mais à une certaine époque, avec toute la base que j'avais, je voulais avoir certaines techniques, et cela l'a étonné, car le formateur était avare en conseils», explique-t-il. L'artiste guide, oriente et forme ceux qui le désirent. Seul souci : «Je n'ai pas de local pour le faire. Il faudrait un atelier spécialement pour cette mission.»
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Posté Le : 02/12/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nassima Oulebsir
Source : www.elwatan.com