Les membres de la coordination nationale des Lycées techniques et Technicums (CNLTT), ont décidé d'ester en justice le ministère de l'Education. Ils accusent le département de Boubakeur Benbouzid d'avoir piétiné la réglementation. La coordination de l'enseignement technique a dénoncé hier, lors d'une conférence de presse qui a eu lieu au bureau de la Ligue pour les Droits de l'Homme, à Alger, les agissements de leur tutelle, qui «continue à démanteler, en catimini, l'enseignement technique». Les conférenciers ont affirmé que la coordination a décidé de poursuivre en justice le ministère de l'Education nationale. L'accusant d'avoir piétiné la réglementation en vigueur. « Notre tutelle a utilisé de façon abusive et illégale l'article 21 bis, du décret exécutif 05-394 modifiant et complétant le décret 90-49 » a affirmé le conférencier Belmouhoub Yacine en expliquant que le département de Benbouzid a utilisé cet article pour disperser d'une façon anarchique le surplus des enseignants issus de l'enseignement technique. Le conférencier a précisé que l'article 21 bis permet à l'administration de muter des enseignants pour des raisons de services, mais la mutation se fera après un rapport motivé de la commission paritaire. Il se trouve, explique Belmouhoub Yacine, que l'administration a procédé à la mutation des enseignants sans avoir le rapport de commission paritaire. Les 19 enseignants concernés par la mutation dans la wilaya d'Alger ont jugé cette mutation scandaleuse. L'un d'entre eux a expliqué que la majorité des enseignants ont été mutés à des postes qui n'ont rien à voir avec leur formation. «Certains enseignants ont été affectés à des tâches administratives, bibliothécaires, agents de laboratoire... », a-t-il affirmé. Une enseignante a affirmé avoir été affectée à un poste d'enseignante d'activité culturelle. «J'avoue que je suis incapable d'enseigner cette matière. J'ai été formée pour enseigner les matières techniques et non pas l'art, sachant que selon la réglementation, l'enseignant de l'activité culturelle doit être titulaire d'une licence de l'école des Beaux-Arts», a expliqué l'enseignante. Et pour les plus «chanceux», ils ont été affectés dans des postes de leurs spécialités dans d'autres lycées mais pour enseigner deux ou trois heures de cours seulement. Les membres de la coordination en appellent aux députés pour une commission d'enquête, afin de clarifier la gestion du sureffectif des enseignants des lycées techniques. Les conférenciers ont voulu être plus précis pour éclairer l'opinion publique sur ce qu'ils appellent la «mascarade». Ils ont expliqué que la réforme et la réorganisation des horaires d'enseignement «conçue en laboratoire» ont engendré à la fois un surplus estimé à 30 000 postes budgétaires au niveau national. Et d'ajouter que le secteur a besoin tout de suite de 40 000 postes budgétaires. L'administration, ajoute la même source, n'a pas trouvé mieux que de combler cette pénurie d'enseignants dans des disciplines comme l'informatique, la technologie, la physique et les mathématiques, par les enseignants des lycées techniques. «Les professeurs de l'enseignement technique servent aujour-d'hui, de pompiers dans des disciplines en détresse», a affirmé une enseignante qui a été mutée et qui a refusé son affectation. La crainte des enseignants des lycées techniques est que le ministère va tenter d'accélérer le démantèlement de l'enseignement technique. « Il va tenter dans une première phase de disperser 1/3 des enseignants des lycées techniques dont 50 % des filières ont déjà été supprimées. Et le reste des enseignants sera inéluctablement touché au début de la rentrée 2008-2009 pour en finir définitivement avec l'enseignement technique dans nos écoles», a précisé Belmouhoub Yacine. Les conférenciers ont beaucoup regretté le fait que le ministre de l'Education n'ait jamais répondu favorablement à leur demande d'audience. «Pourtant, nous luttons contre le démantèlement de l'enseignement technique », a affirmé un enseignant. Les membres de la CNLTT ont adressé une lettre de dénonciation à l'Organisation internationale de l'Education. Et ils ont décidé de déposer plainte pour violation de la réglementation, et ce, auprès du Bureau international du travail (BIT).
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Posté Le : 22/11/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Aziza
Source : www.lequotidien-oran.com