Algérie

Luttes parallèles



Luttes parallèles
«Peut-être que la guerre est finie depuis minuit, dit Charlot en riant d'espoir. Le ? ?cessez-le-feu ? ?, c'est toujours à minuit.» Les chemins de la liberté J.P.SartreQuand on parle des guerres de libération, on ne met en avant que les souffrances endurées par les gens et les exploits des belligérants que l'on glorifie. Cependant, il ne faut pas oublier que toutes les révolutions ou que toutes les guerres de libération étaient menées par des hommes et des femmes qui n'avaient pas la même conception de l'ordre des choses. La mésentente est toujours présente entre les protagonistes. Ils n'étaient d'accord que sur l'essentiel: bouter l'adversaire ou l'ennemi hors du pouvoir. La guerre clandestine, si elle nécessite des réseaux de solidarité infaillibles, regorge aussi de petits complots comme de grandes trahisons et souvent, la quête du pouvoir prend le pas sur la cause sacrée commune à tous ou sur l'amour de la patrie. Toutes les révolutions du monde ont été menées par des hommes sincères et désintéressés qui, pour la plupart, passent à la trappe à la première occasion pour laisser la place à des gens qui n'avaient que des rôles secondaires ou au mieux, faisaient de la figuration. Fidel Castro est l'exception: il a mené sa révolution de bout en bout et est resté au pouvoir jusqu'à la limite de sa force physique. La Révolution de 1789 est celle qui a dévoré tous ses initiateurs principaux avant d'être récupérée par un tyran qui allait mettre le feu à toute l'Europe. La Révolution de 1917 présente une originalité: c'est l'un des acteurs principaux du combat contre le régime féodal du tsar qui va rafler la mise en éliminant, un à un, ses anciens compagnons de lutte. La guerre de Libération de l'Algérie n'échappe pas aux luttes sournoises pour le pouvoir: les morts mystérieuses, les traquenards tendus par des amis qui ne vous veulent pas que du bien, sont les péripéties ordinaires des guérillas. Si l'on excepte Rabah Bitat qui finira sa carrière comme ministre et président de l'Assemblée nationale populaire, aucun de ceux qui ont allumé la mèche du 1er Novembre ne goûtera aux délices du pouvoir: tous connaîtront l'exil ou l'assassinat. Boudiaf aura un sursis de trente années...C'est la raison pour laquelle, la date du 19 Mars doit être considérée comme une étape importante dans la lutte pour le pouvoir. Alors que certains n'arrêtent pas de dénigrer le contenu des Accords d'Evian, parce qu'ils étaient à l'abri loin du feu de l'action, d'autres vont s'appesantir sur le sort des harkis, «ces hommes sans honneur» qui ont fait le mauvais choix et qui connaîtront, eux aussi, un double exil dans l'ingrate patrie qu'ils se sont choisie. Mais le cessez-le-feu, s'il procure un immense soulagement aux populations qui ont connu presque huit années d'enfer, il sera un puissant aiguillon pour ceux qui affûtent leurs couteaux et préparent le plus grand détournement de l'histoire de ce pays. Ce sont les récits éparpillés et les recoupements des déclarations des principaux témoins de cette époque trouble qui vont jeter un peu de lumière sur certains points obscurs. Ceux qui ont préféré ne point en parler avaient de bonnes raison de se taire! Soit ils ont honte du rôle qu'ils ont eu à jouer, soit ils s'étaient réfugiés dans un attentisme qui confine à, l'opportunisme: le 19 Mars ne marquait pas la fin de l'effusion du sang, il faisait braquer certains fusils vers d'autres cibles.




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