Algérie

Lutter pour vivre...



Il est drôle comment, parfois, la vie nous joue des tours, au point de pousser d'aucuns à se demander qui ils sont, ce qu'ils sont, et ce qu'ils vont devenir. Or, il paraît plus judicieux qu'avant de se demander cela, s'assurer d'avance d'être réellement. Autrement dit, avant de se poser la question : « Qui suis-je ' », on se demande déjà ceci: «suis-je déjà '» Question philosophique, riposteraient certains, rien que pour la forme, ayant trait à l'être et à l'existence. Mais, au fait, qu'est-ce qu'être ' Si l'on regarde bien dans les encyclopédies des Sciences humaines, on trouvera facilement qu'être n'est rien d'autre que «devenir autonome», c'est-à-dire avoir la possibilité ou bien la capacité de penser par soi-même. Pour résumer en termes terre-à-terre : avoir le pouvoir de soi sur soi. Bref, disposer d'un esprit critique à même de peser le pour et le contre, en détachant l'ensemble des informations que nous recevons de notre propre idée sur elles. Pour aller plus simple : on peut affirmer qu'être autonome, c'est se refuser à consommer tout ce que l'on entend ni à se rallier au dernier qui parle. C'est agir dans le sens de la logique, en décryptant, en réfléchissant, en tamisant et en analysant, pour, enfin de compte, élaborer une synthèse. À ne pas confondre, bien entendu, l'autonomie avec les notions de l'accessibilité, la possibilité et la capacité. En ce sens, il convient de faire la distinction entre l'autonomie physique et celle de l'esprit. Chez les Stoïciens par exemple, un être non-autonome subit les ravages de la passion et des émotions. Il en est presque totalement possédé et n'a plus aucun pouvoir sur elles. Comme conséquences, il perd raison et toute sa volonté en serait altérée. D'où la nécessité d'aller vers « l'apathie », c'est-à-dire, « l'absence de passion ». Or, aucune voie ne permet de restreindre l'élan de la passion hormis celle de l'insoumission : l'insoumission aux normes sociales stériles, aux postulats préétablis, à la raison rigide. Quant aux épicuriens, ils prônent « l'ataraxie », comprendre par là le fait de ne pas succomber facilement aux émotions, telles que la joie, la colère, la tristesse et la peur. Mais pourquoi les émotions' Tout simplement parce qu'elles viennent toujours en premier pour brouiller l'esprit de l'homme et jouent le rôle d'avertisseurs. La peur nous prévient des dangers, mais y succomber c'est paniquer. Succomber transforme la tristesse en déprime, la colère en actes irréversibles, la joie en sottise. En gros, les émotions ne sont pas mauvaises, si on ne les laisse pas nous envahir. Les sceptiques prônent, à cet effet, «l'épochè», soit la suspension du jugement. Ne pas juger, c'est se donner la possibilité d'avoir une réflexion.Juger, c'est trancher souvent trop vite et trop mal. C'est l'antithèse de la raison, la logique et la philosophie. Bien entendu, c'est seulement quand nous sommes dans l'ataraxie, l'apathie, l'épochè et l'acceptation du réel, que nous pouvons nous demander légitimement qui nous sommes. Le philosophe grec Epictète prône l'acceptation de ce qui ne dépend pas de nous. Accepter, cela ne veut pas dire approuver ni se résigner. Il faut entendre accepter comme accueillir. Accueillir ce qui ne dépend pas de nous pour faire avec, pour lutter contre, ou pour en jouir. Accueillir la vie à l'instar d'une fleur qui reçoit la rosée matinale sur ses pétales écloses, en prenant tout son élan pour rejaillir, s'embellir, monter au ciel... Et l'on en vient là, décidément, à la définition réelle de l'être autonome : c'est celui qui vit, qui survit, qui résiste, qui lutte...qui ne se laisse pas être balayé par le vent telle une feuille morte...


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