Algérie - Alger

Lutter contre la pauvreté Le combat du siècle



Publié le 18.07.2024 dans le Quotidien l’Expression

La pauvreté est considérée comme une violation manifeste des droits économiques, sociaux et culturels et comme partie intégrante des droits de l'homme. La lutte contre cette pauvreté touche tous les pays sur tous les continents. C'est le combat du siècle.
J'ai participé à ce combat, dans le cadre de mes responsabilités au sein des Nations unies et de l'Alliance mondiale des villes contre la pauvreté, du PNUD que j'ai coordonné durant une dizaine d'années.
La question qui nous interpelle est pourquoi malgré tous les engagements pris par la communauté internationale pour éradiquer la pauvreté, plus du tiers de la population de la planète continue à vivre dans le dénuement et la précarité, avec moins de 2 dollars par jour. Près de 800 millions d'habitants ne mangent pas à leur faim. C'est à se demander si la multiplication des textes sur les droits ne tue pas le droit.
Sur la base de mes observations sur le terrain à travers les cinq continents, durant des années que j'ai passées à côtoyer la misère dans les bidonvilles, des famines dans les zones rurales, des souffrances dues à la sous- alimentation, je suis arrivé à des constats et à tirer des enseignements, pour mieux lutter contre la pauvreté dans le monde, résumés ci-après.
La pauvreté s'accroît et s'urbanise au Nord comme au Sud, avec les phénomènes d'urbanisation croissante à travers tous les continents. Dans le même temps, les ressources locales s'avèrent insuffisantes pour faire face aux besoins sociaux grandissants des populations;
-La pauvreté, très difficile à définir et à quantifier, a plusieurs causes qui nécessitent une stratégie globale et plusieurs niveaux d'intervention: la communauté internationale, les gouvernements nationaux, les municipalités et la société civile. Le rôle des collectivités locales est d'autant plus important qu'elles constituent l'interface entre les gouvernements centraux et les populations;
-La richesse sans précédent de la planète et le potentiel scientifique gigantesque disponible, conjugués ensemble, sont en mesure de venir à bout de la pauvreté, dans un avenir rapproché.
-La lutte contre la pauvreté doit devenir l'affaire de tous: individus et collectivités, secteur public et secteur privé, société politique et société civile. Il y va de notre dignité d'être humain.
Pour toutes ces raisons, il est de la responsabilité de la communauté internationale et des nations qui la composent d'agir sur les causes et les conséquences de cette pauvreté.
La responsabilité de la communauté internationale, principalement des pays les plus développés, ainsi que les institutions financières internationales, le FMI et la Banque mondiale en particulier, est entière. Cette responsabilité consiste:
-à augmenter l'aide publique au développement.
-à réduire, voire annuler, la dette des pays les moins avancés en s'assurant que les fonds dégagés vont aux politiques en faveur du développement durable, y compris l'éradication de la pauvreté;
-à prendre en compte, dans les programmes d'ajustement structurel, les niveaux de vie des populations les plus démunies dans chaque pays concerné, en vue de les améliorer;
-à promouvoir les investissements dans les pays les moins avancés pour éradiquer les poches de pauvreté, en veillant à améliorer les conditions sociales et à préserver l'environnement dans les zones d'intervention;
- à oeuvrer à rétablir la paix dans les régions en guerre, car les conflits retardent le développement des pays et aggravent la pauvreté des catégories sociales les plus faibles. Ces conflits sont à l'origine des migrations et des problèmes sociaux dans les villes;
-à encourager la coopération internationale, notamment décentralisée, car elle permet un échange d'expériences, une exploitation des complémentarités existantes en tirant profit des avantages comparatifs, pour mieux lutter contre la pauvreté.
Cependant, la responsabilité première dans cette lutte contre la pauvreté demeure celle des États. Lorsque j'ai été appelé à intervenir pour assister des gouvernements à lutter contre la pauvreté, j'ai toujours présenté l'Algérie comme une référence et une source d'inspiration pour l'éradication de la pauvreté, grâce à la construction d'un modèle d'État social qui, notamment sécurise dans sa politique budgétaire des conditions de vie et de travail décentes pour tous, assure l'accès généralisé des familles aux services sociaux de base et protège les catégories les plus vulnérables de la population.

Mohand Amokrane Cherifi




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