C?est une véritable guerre, impitoyable et sans répit, qui est déclarée contre l?Algérie par El Qaïda. Hier, c?est un carnage à la caserne des gardes-côtes de la marine située à Dellys, au lendemain du drame de Batna qui a vu un kamikaze se faire exploser juste avant le passage du cortège présidentiel. Cette guerre est sous-traitée par le GSPC, qui possède à son actif, depuis avril dernier, les attaques à la voiture piégée du Palais du gouvernement et de la caserne de Lakhdaria. La particularité de cette guerre est qu?elle développe dans notre pays les « méthodes irakiennes » que sont le recours au kamikaze et l?enlèvement de personnes. Elle se fait au nom de « l?internationale djihadiste » impulsée par Ben Laden qui intègre dans sa stratégie le Maghreb tout entier considéré comme impie au même titre que le Moyen-Orient et le monde occidental. L?Algérie est particulièrement ciblée pour trois raisons : la première est que l?ancienneté du terrorisme permet un recrutement relativement aisé, y compris dans les rangs des repentis. Sa géographie complexe permet un déplacement aisé des groupes armés. La seconde réside dans le peu d?impact de la modernité au sein de la société algérienne. La troisième cause enfin, liée à la seconde, puise sa source dans le défaitisme ou la compromission des politiciens. Après avoir instrumentalisé la religion pour combattre les démocrates ? à leurs yeux leurs ennemis réels ? les dirigeants ont permis depuis longtemps l?émergence sur la scène publique de partis intégristes qu?ils pensaient ainsi neutraliser ou avec lesquels ils pensaient faire un chemin dans la « coexistence pacifique ». Grave erreur de calcul qui a coûté à l?Algérie les dizaines de milliers de morts de la décennie 1990 et des dégâts psychiques ravageurs, comme elle a permis aux islamistes de s?infiltrer dans l?ensemble des institutions publiques, notamment élues. Un terreau intégriste aussi fertile, les voisins marocains, tunisiens et libyens n?en disposent pas, ce qui rend extrêmement difficile l?action des groupes liés à El Qaïda. Les dirigeants de ces pays répondent à la guerre par la guerre, ne faisant aucune concession, n?ouvrant aucune brèche aux islamistes. Le Maroc a verrouillé son système électoral afin que les islamistes n?aient aucune chance d?occuper une position dominante sur la scène politique. Conçue en Algérie, par le pouvoir actuel, comme réponse unique et infaillible, la réconciliation nationale a fini par buter sur la réalité : les groupes du GSPC n?en veulent pas et les repentis l?ont utilisée comme tremplin pour réinvestir le champ politique et recréer le FIS. Certes la loi sur la réconciliation possède à son actif la neutralisation armée de quelques milliers de terroristes, ceux généralement affiliés à l?ex-AIS, mais elle a fini par devenir inopérante dans la lutte contre un terrorisme passé au stade supérieur, celui de la terreur généralisée par le recours aux voitures suicide et aux kamikazes. Pour que l?Algérie ne subisse pas le syndrome irakien, il faut une nouvelle stratégie qui combine des solutions politiques et sécuritaires. Le bon remède c?est la porte fermée à l?islamisme politique sous toutes ses facettes et c?est la modernisation à outrance de la société algérienne pour la débarrasser du fondamentalisme religieux. C?est redonner, par l?emploi et l?éducation, l?espoir aux jeunes afin de leur faire aimer la vie et les éloigner des recruteurs pour le faux paradis.
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Posté Le : 09/09/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Bahmane
Source : www.elwatan.com