Algérie

Lutte contre les pots de vin dans le secteur de la défense



La nouvelle priorité de l?OTAN L?Organisation du traité de l?Atlantique Nord (OTAN) s?intéresse de près à la lutte contre la corruption dans les secteurs de la défense et de la sécurité. Elle vient de joindre ses efforts à Transparency International (TI), ONG spécialisée dans la prévention et la lutte contre la corruption, basée à Berlin, pour limiter le recours à la pratique des pots de vin dans les contrats d?achat d?armement. Une réunion de coordination a eu lieu la semaine écoulée à Bruxelles, au QG de l?OTAN, à laquelle a été invitée l?Association algérienne de la lutte contre la corruption (AACC). L?AACC, qui représente TI en Algérie et qui est dirigée par Djillali Hadjadj, a représenté la région de l?Afrique et du Moyen-Orient à cette rencontre. Etaient présentes également les sections de Transparency des Etats-Unis, de l?Allemagne, de la France, de la Lituanie, de la Pologne, de la Grande-Bretagne, de la Géorgie et de l?Albanie. « C?est la première fois que l?OTAN met en place un partenariat avec la société civile pour des questions politiques. Ce partenariat existe uniquement pour les questions humanitaires et pour la gestion des catastrophes naturelles », précise Djillali Hadjadj. Selon lui, l?OTAN et TI aspirent à mettre en place un partenariat pour faire de la transparence et de l?intégrité dans le secteur de la défense et de sécurité une priorité de travail. Ce travail se fera avec des pays déjà membres de l?alliance et des pays partenaires, notamment dans le cadre large du Dialogue Méditerranée (DM) auquel adhère l?Algérie. Les responsables de l?OTAN ne souhaitent pas parler ouvertement de « corruption » pour ne pas irriter certaines susceptibilités et préfèrent évoquer « l?intégrité » et « la transparence » dans la conclusion des contrats. Ces responsables remarquent que le commerce de l?armement et des équipements de sécurité prend une tournure inquiétante aussi bien en termes de volume que de risque élevé de pots de vin. La gestion des budgets réservés au secteur de la défense des pays alliés ou partenaires a été analysée. Autant que le rôle des parlements dans le contrôle de ces dépenses. « L?OTAN considère que du côté des ministères de la Défense des pays concernés, des réformes sont à introduire. Réformes en termes de transparence dans l?exercice budgétaire et en termes d?intégrité et de transparence dans les secteurs de la défense qui inclut les services comme la police ou la gendarmerie », indique le président de l?AACC. L?OTAN s?intéresse aussi aux budgets consacrés au fonctionnement et à l?investissement dans le secteur de la défense. En Algérie, le budget de fonctionnement du ministère de la Défense est le premier de l?Etat. Dans la loi de finances 2007, il est de 246 milliards de dinars (plus de trois milliards de dollars). Le ministère de l?Education intervient en deuxième position avec 236 milliards de dinars. A la demande des pays partenaires ou ceux qui vont adhérer en 2008 (l?Albanie notamment), l?OTAN se dit prêt à jouer le rôle de consultant par rapport au choix des équipements. « Des responsables de l?alliance ont fait part d?exemples précis où des budgets énormes ont été utilisés à l?acquisition d?équipements qui se sont avérés pas nécessaires et parfois obsolètes. L?OTAN estime avoir pris du retard dans ce domaine. C?est pour cela qu?elle tient à accélérer le processus. D?où ce partenariat avec Transparency », souligne Djillali Hadjadj. Le Britannique Mark Pyman, un expert mondial du marché de l?armement, présent lors de la réunion, est de ceux qui pensent que la lutte contre la corruption permet aux pays acquéreurs de renforcer leur efficacité opérationnelle en achetant du « bon matériel » et éviter à ces mêmes pays de perdre de l?argent qui disparaît dans des comptes privés. Il a soutenu, dans une déclaration faite au service presse de l?OTAN, que les Etats sont moins méfiants ces dernières années et collaborent de plus en plus avec les spécialistes de Transparency International. « Les lois ont changé et l?environnement a changé. Les pays, qui ont un comportement de corrompu, savent qu?ils seront comptables devant la communauté internationale », observe-t-il. Pour rappel, Mark Pyman devait assister au colloque de l?AACC, organisé à Alger en 2006. L?ambassade d?Algérie à Londres a refusé de lui donner le visa, sans aucune explication. Transparency a proposé à l?OTAN de développer au sein même de l?alliance une politique anticorruption extensible aux différents partenariats. L?instrument de base de cette politique pourrait être la convention des Nations unies sur la lutte contre la corruption à condition que ce document soit davantage soutenu par l?OTAN où se regroupent les principaux fournisseurs d?armes au monde, la Chine et la Russie mis à part. La Russie, qui développe un partenariat spécial avec l?OTAN, a vendu à l?Algérie plus de douze milliards de dollars d?armement et de matériel militaire dont des chasseurs bombardiers MIG 29 et Sukhoï et des systèmes de missiles sol-air S300 PMU et Toungouska M1. L?Algérie est le troisième client de l?industrie militaire russe après la Chine et l?Inde. Dans le monde arabe, la Syrie et le Yémen s?approvisionnent dans le marché russe. Selon Djillali Hadjadj, quatre pays du G8 n?ont pas adhéré encore à la convention de l?Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur la lutte anticorruption. Il s?agit de l?Allemagne, de l?Italie, du Japon et du Canada. « Le fait que ces pays ne ratifient pas cette convention aura des retombées sur l?extension du phénomène des commissions. Le gouvernement britannique bloque une enquête judiciaire sur un contrat de vente d?armes à l?Arabie Saoudite (El Yamama). Cela montre qu?il existe des pots de vin. Nous voulons que l?OTAN fasse pression sur les organes et les institutions concernées pour que cette convention soit appliquée », estime le président de l?AACC. D?après lui, l?OTAN va proposer aux pays partenaires l?introduction du thème de l?intégrité dans l?enseignement au niveau des académies de guerre et des écoles militaires. A noter enfin qu?au cours de la réunion de Bruxelles, des questions liées à la démocratie et aux libertés ont été discutées. L?ambassadeur d?Algérie en Belgique a décliné une invitation au dîner de travail relatif à la lutte contre la corruption dans le secteur de la défense. Il fut représenté par un simple conseiller.


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