Lutte contre la pauvreté, l'autre grand défi à relever pour les pays non-alignés

La lutte contre la pauvreté, qui touche de larges pans des populations des pays en développement, a depuis longtemps été au c'ur des préoccupations des Etats membres du Mouvement des Non-alignés (MNA).Cette inquiétude à l'égard des conséquences de la pauvreté qui inhibent les efforts de développement des pays démunis, a été solennellement renouvelée par la 17e conférence ministérielle du mouvement réunie du 26 au 29 mai à Alger. "Même si le monde a connu de profonds changements au cours des dernières décennies et que des progrès ont été accomplis dans plusieurs domaines importants du développement, les Etats membres continuent d'être confrontés à de sérieuxdéfis pour l'éradication de la pauvreté et pour élever leurs niveaux de développement'?, ont déploré les chefs de diplomatie du MNA dans leur Déclaration d'Alger adoptée à l'issue de leurs travaux. Ces défis sont "exacerbés par un environnement économique international défavorable" et par le "manque de réforme" des institutions de la gouvernance économique et financière mondiale, rendant de plus en plus difficile la lutte contre la précarité en progression continue. Le document relève que le nombre de personnes vivant dans une extrême pauvreté continue de croître dans plusieurs pays et c'est pourquoi "l'éradication de la pauvreté demeure le plus grand défi global auquel fait face le monde aujourd'hui et un impératif pour le développement durable".Car, en dépit d'indubitables progrès dans l'amélioration de vie des populations, l'impact positif des stratégies adoptées aux niveaux international et national demeure, pour différentes raisons, limité. Faire refluer la pauvreté est une tâche complexe, nécessitant l'association d'innombrables acteurs opérant dans une multitude de domaines allant de l'économie à l'action sociale en passant par la sphère politique et l'environnement dans les pays en développement, relèvent les spécialistes.Les pays non-alignés ont fourni des efforts appréciables afin de réduire l'extrême pauvreté de moitié, et ont progressé dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Toutefois, cette étape n'a pas été franchie dans beaucoup de pays d'Afrique et d'Asie du Sud (les pays qui forment le mouvement). Plus d'un milliard de personnes à travers le monde vivent encore dans l'extrême pauvreté, et bien davantage souffrent de la faim et sont vulnérables aux chocs environnementaux ou à ceux sur les prix.Nécessité de la mise en place de politiques efficacesLa progression de la pauvreté continue de constituer une barrière à la mise en place de politiques efficaces. Dans de nombreux pays, la disponibilité, la fréquence et la qualité des données pour mesurer la pauvreté restent d'un faible niveau, surtout dans les petits Etats et les pays fragilisés.Les estimations de 2012 publiées dans le rapport des Nations unies sont encore provisoires, à cause de la disponibilité limitée des données provenant d'enquêtes nationales sur les ménages effectuées entre 2008 et 2012, en particulier en Afrique subsaharienne et en Afrique du Nord. Des obstacles institutionnels, politiques et financiers entravent la collecte, l'analyse et l'accès public aux données, relèvent les spécialistes de la question.Selon l'index de la Pauvreté Multidimensionnelle développé par le PNUD, 1,75 milliards d'êtres humains connaissent des grandes privations en matière de santé, d'éducation et de niveau de vie (PNUD, dans son rapport sur le développement humain 2010).Vaincre la grande pauvreté passe, pour de nombreux spécialistes, par la mise en œuvre de politiques ambitieuses au plan local, national et international, dotées de véritables moyens financiers et humains. Toutefois, selon eux, celles-ci ne peuvent aboutir que par un profond changement de mentalité chez tous les intervenants dans la lutte contre ce fléau qui décime des populations entières, une solidarité active à l'échelle internationale et l'instauration d'un nouvel ordre économique mondial plus équitable et plus équilibré.