Algérie

Lutte antiterroriste: Renforcer les capacités des pays du Sahel


Les travaux de la première réunion du groupe de travail sur le renforcement des capacités de lutte antiterroriste au Sahel ont débuté hier, à huis clos, à Alger, avec la participation de représentants des pays membres du Forum global de la lutte contre le terrorisme (FGCT), des pays de la région du Sahel ainsi que des organisations régionales et internationales, indique l'APS.          Coprésidée par l'Algérie et le Canada, elle est perçue comme étant un «cadre de discussions» sur les lacunes et les ressources des capacités régionales, avec pour objectif, dans chacun des cinq volets de travail: la sécurité frontalière, la coopération entre les services de police, la lutte contre le financement du terrorisme et la coopération et le renforcement juridique et judiciaire ainsi que les engagements communautaires. Le groupe de travail a pour objectif de favoriser une «meilleure coordination» dans les volets indiqués. Dans une intervention lue en son nom par son chef de cabinet, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a plaidé pour une coopération «féconde» pour lutter contre le terrorisme.

«Je suis persuadé que vos travaux constitueront un jalon supplémentaire dans la mise en place d'une coopération féconde entre nos Etats, qui s'inscrit elle-même dans l'effort de la Communauté internationale pour débarrasser le monde des menaces du terrorisme et du crime transnational organisé et pour réunir les conditions d'un développement durable au profit de notre région», a-t-il indiqué.

L'Algérie s'attend à ce que les discussions soient «orientées vers l'action, conformément au mandat du groupe, tel que défini dans les termes de référence du Forum», afin d'assurer aux pays de la région du Sahel, les conditions de sécurité et de stabilité, a-t-il dit.

Selon Messahel, «l'un des créneaux les plus importants» de cette réunion portera sur «le renforcement des capacités» des pays de la région du Sahel «que nous considérons comme un agrégat important de la mobilisation et l'amélioration des capacités nationales et régionales dans la lutte contre le terrorisme».

Abdelkader Messahel a également rappelé que l'Algérie a soutenu l'initiative américaine de créer ce Forum et qu'elle continuera de l'appuyer et de contribuer à sa réussite. Cette réussite pour qu'elle soit complète «doit porter sur les leviers sur lesquels s'appuie le terrorisme et dont il se nourrit». Il a mentionné notamment les «connexions avérées» avec le crime transnational organisé qui servent de source de financement principale aux groupes terroristes dans la région (du Sahel). Pour le ministre, il ne faut pas oublier «que la pauvreté, au-delà de sa négation des droits humains élémentaires, est également une menace pour la cohésion des populations qui ont toujours cultivé les valeurs de tolérance et de paix». Pour cela, il a plaidé pour un partenariat efficace entre les pays de la région et les partenaires internationaux pour dégager un ensemble de principes qui régissent et structurent ce partenariat recherché. Les volets sécurité et développement sont indivisibles, a-t-il indiqué, considérant «la complémentarité entre les différentes stratégies et approches pour le Sahel, ainsi que de la primauté de l'appropriation qui stipule que les Etats de la région sont les premiers responsables de la sécurité individuelle et collective de leurs pays». Quant au contenu du partenariat, il doit, selon lui, «porter sur les besoins des pays de la région, tels que définis par eux-mêmes, notamment la formation et le renforcement des capacités, la fourniture de matériel et d'équipements spécifiques et l'échange de renseignements». Intervenant à l'ouverture des travaux de la réunion, le coordonnateur pour le contre-terrorisme auprès du département d'Etat, américain, Daniel Benjamin, a appelé le groupe du travail Sahel du Forum global de la lutte contre le terrorisme à apprendre des expériences des uns et des autres. «Nous savons que ce qui peut être adapté à un pays ne peut pas l'être à un autre. Mais nous pouvons apprendre beaucoup des uns et des autres alors que nous travaillons ensemble à bâtir la coopération et la capacité de faire face à la menace terroriste dans la région», a-t-il souligné. «Nous espérons avoir une vision plus claire des challenges de renforcement des capacités et des priorités dans la région ainsi que mobiliser l'expertise, les ressources et la volonté politique pour y faire face» a ajouté D. Benjamin qui a estimé que même si le FGTC est constitué de 30 membres, il est toutefois engagé à faire contribuer les parties qui n'en font pas partie dans ses activités. Il s'agit, dit-il, d'une «étape critique pour bâtir un sentiment de propriété et de légitimité régionale dans la région, nécessaires pour assurer le succès des groupes». «Nos ministres sont très satisfaits des résultats concrets annoncés lors du lancement du FGTC», a affirmé Daniel Benjamin.  Parmi ces résultats il cite l'adoption de la déclaration du Caire sur la lutte antiterroristes et l'Etat de droit, ainsi que l'annonce d'un programme majeur sur le renforcement de capacités de l'Etat de droit au total de 100 millions de dollars concentrés sur les pays en transition et sortant d'un état d'urgence. Il s'agit aussi de l'annonce de l'intention des Emirats arabes unis de soutenir et d'accueillir un Centre international d'Excellence, pour contrer l'extrémisme violent, le premier Centre multilatéral de formation, de dialogue et de recherche sur l'extrémisme violent, a-t- il ajouté. Abondant dans le même sens que Abdelkader Messahel, le conseiller auprès du président de la République, Rezzag Bara, a appelé la Communauté internationale à une prise de conscience pour faire face à la menace terroriste et de «mettre en place des programmes concrets visant à développer les capacités des pays concernés par la lutte antiterroriste». «Notre objectif est de mobiliser l'ensemble des services concernés par la lutte contre le terrorisme et le crime organisé dans cette action, d'autant que le volet de la coopération militaire et sécuritaire n'est qu'un élément, certes le plus important, parmi tant d'autres comme le développement, la gouvernance et le renforcement des capacités des Etats à répondre à cette menace et à son évolution», a-t-il souligné. Bara a également évoqué «la prolifération des armes suite à la crise en Libye et le recours à la prise d'otages d'humanitaires ou de ressortissants étrangers par des groupes terroristes ». Pour Manuel Lopez Blanco, le coordinateur de la stratégie de l'Union européenne (UE) pour le Sahel, les partenaires extra-régionaux sont plus que jamais appelés à prêter main forte aux pays du champ (Algérie, Mauritanie, Mali, Niger). M. Blanco a déclaré, en marge des travaux du groupe de travail sur le Sahel, que l'ensemble des acteurs internationaux, à leur tête l'UE, sont appelés à contribuer de façon «effective» au renforcement des capacités des Etats de la région pour faire face au terrorisme, considérant que ces capacités demeurent insuffisantes par rapport à la dimension de la menace elle-même. «L'objectif, dit-il, est donc d'augmenter les capacités de ces pays à traiter cette menace, sur la base de leurs propres besoins, et ce, dans le respect des principes de l'Etat de droit, de la justice et des droits de l'Homme» a-t-il précisé. Manuel Lopez Blanco a aussi insisté sur le principe que la lutte antiterroriste «doit d'abord être menée par les pays du champ concernés». Interrogé sur le lien établi entre le groupe «Boko Haram» activant au Nigeria et Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), le responsable européen n'a pas écarté l'hypothèse d'une connexion entre ces deux organisations terroristes qui appliqueraient un «même agenda» et auraient une «coopération probable en matière d'entraînement, de facilitation de refuge et de déplacement de leurs éléments respectifs», ajoute l'APS.


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