Algérie

Lutte antiterroriste: Des militaires algériens au Mali



Des militaires algériens, et plus précisément une équipe d'instructeurs d'au moins 15 personnes, parmi lesquels figurent des officiers, se trouvent dans le nord du Mali pour «apporter assistance» à l'armée malienne dans la lutte antiterroriste, a rapporté, hier, l'Agence française de presse, citant un haut gradé de l'armée malienne sous couvert de l'anonymat, ainsi que des sources diplomatiques et auprès de témoins dans la région. La « gorge profonde » militaire n'a pas souhaité préciser le nombre de militaires algériens, ni donner de détails sur la durée de leur présence dans cette région, encore moins préciser la nature de l'assistance qu'ils apportent à l'armée malienne, selon l'AFP.         Cette dernière cite également des douaniers qui patrouillent dans le Nord malien, qui ont indiqué avoir vu hier «un convoi de véhicules» transportant ces militaires algériens quitter la ville de Kidal pour celle de Tessalit, toujours dans le nord-est, près de la frontière algérienne.

Cette information, non encore commentée par Alger, toujours selon l'Agence, redistribuerait les cartes de la coopération militaire dans la région entre les Etats membres du Comité d'état-major opérationnel conjoint, le Cémoc, dont font partie les deux pays, en plus de la Mauritanie et du Niger. L'objectif premier du Cémoc étant, sur le papier, de mieux coordonner les actions des quatre armées dans la lutte antiterroriste, en arrivant à mener des opérations conjointes dans chacun des pays de la sous-région du Sahel, les divergences de points de vue et les susceptibilités « souveraines » ont entravé le bon fonctionnement du Conseil.           Les chefs des armées du Cémoc se réunissant tous les six mois sans jamais, jusqu'à aujourd'hui, parvenir à mettre sur pied des patrouilles conjointes.

Cette présence des militaires algériens a été signalée à la veille d'une rencontre prévue aujourd'hui à Bamako entre des délégations militaires du Mali et de l'Algérie, a appris l'AFP de source proche du ministère malien de la Défense. En octobre dernier, alors en visite à Alger, le président malien, Amadou Toumani Touré, a déclaré que son pays refusait toute présence militaire étrangère sur son territoire, même « si cette force venait pour aider dans la lutte antiterroriste».

Cette visite intervenait aux lendemains de l'enlèvement de deux coopérants espagnols et d'une Italienne à Hassi Rabuni, qui abrite le siège du gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), près de Tindouf. L'attaque, attribuée par le Front Polisario à la branche maghrébine d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), a été revendiquée plus tard par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest. Le Front Polisario avait affirmé que les ravisseurs s'étaient infiltrés à partir du Mali, ce qu'avait réfuté alors un ministre malien.

Pour M. Touré, il faut éviter d'«impliquer des forces extérieures » aux pays du champ, une vision partagée et encouragée par Alger.

Le ministre malien avait considéré que la coopération était la réponse la mieux adaptée pour lutter efficacement contre le terrorisme et que les deux pays avaient « une vision commune qui nous permet de nous mettre ensemble pour lutter contre le terrorisme et ses connexions ». Une explication de texte à la présence des militaires algériens qui ont acquis une grande expérience dans la lutte antiterroriste. Cette coopération militaire devra, logiquement, être généralisée aux autres pays du Cémog, confrontés à une insécurité croissante liée aux activités d'Aqmi et d'autres groupes criminels, ainsi qu'à l'afflux d'armes issues du conflit libyen, comme l'a souligné Mourad Medelci, le ministre des Affaires étrangères algérien, lors de son séjour moscovite. Rappelons que douze Européens, dont six Français, sont retenus dans le Sahel.




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