Algérie

Lutte anti-tabac : des spécialistes recommandent le passage à la phase "répressive"



Lutte anti-tabac : des spécialistes recommandent le passage à la phase
Des spécialistes ont recommandé mercredi à Alger de passer à la phase répressive dans la lutte anti-tabac afin de faire face de manière efficace à la banalisation de la commercialisation et de la consommation publique du tabac en Algérie, notamment chez les mineurs.
Passer à l'étape répressive dans la lutte anti-tabac exige, selon ces spécialistes, de revoir l'arsenal juridique existant pour instituer des amendes contre les fumeurs et les vendeurs et en créant les mécanismes nécessaires à l'application de la loi dans ce domaine relevant de la santé publique.
"Il est interdit, en 2012, de ne pas savoir que le tabac est dangereux. Il est temps d'agir en prévoyant des sanctions et des pénalités contre ceux qui fument dans les lieux publics", a indiqué le chef de service des maladies respiratoires à l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger, le Dr Salim Nafti, dans une conférence au forum d'El Moudjahid, à la veille de la journée internationale de lutte contre le tabac (31 mai).
Pour lui, les actions de sensibilisation de la population contre la maladie du tabagisme et ses dangers n'ont donné aucun résultat quand on sait que entre 1992 et 1999, la consommation du tabac a augmenté de 600%, a expliqué le Dr Nafti, également membre du comité national anti-tabac.
"Les lois existent, il faut les appliquer. Nous sommes en harmonie avec toutes les conventions internationales en matière de lutte contre le tabac", a-t-il dit.
L'arsenal juridique relatif à cette lutte souffre de plusieurs "lacunes", a cependant objecté le Dr Yamina Houhou, chargée de cours à la faculté de droit d'Alger.
Le texte de référence de cet arsenal est le décret 01-285 du 24 septembre 2001 fixant les lieux publics où l'usage du tabac est interdit et les modalités d'application de cette interdiction.
"Cette loi est vidée de son sens par l'absence de sanctions et d'amendes contre les fumeurs dans les lieux publics. L'absence de sanctions empêche l'application de la loi", a indiqué le Dr Houhou.
De plus, a-t-elle ajouté, décréter que les lieux publics où l'usage du tabac est interdit sont "tous les lieux fermés et couverts affectés à un usage collectif", comme le stipule le décret, est porteur d'"ambiguïté".
A ce titre, le Dr Houhou a appelé le législateur à préciser la nature exacte de ces lieux publics (cafés, restaurants, etc.) et à élargir cette liste.
Les deux conférenciers, qui ont relevé une banalisation de l'usage du tabac, y compris dans les écoles et les établissements de santé publique, ont demandé un "engagement politique clair" de la part des autorités pour protéger les non-fumeurs et de créer des mécanismes de prise en charge des personnes qui souhaitent arrêter de fumer.
Concernant la sensibilisation de la population aux dangers de la cigarette qui expose le fumeur (passif ou actif) à 25 maladies dont 4 cancers, ils ont lancé un appel à la mobilisation, notamment de la part des associations.
A ce propos, la vice-présidence de l'association El Fadjr (agréée en 1989), Hamida Agli, a expliqué que la bataille de mouvement associatif, c'était la prévention car "quand on arrive à l'hôpital, c'est déjà trop tard".
El Fadjr, une association d'aide des personnes atteintes de cancer, organise chaque année des campagnes de sensibilisation sur les dangers du tabac dans quelques établissements scolaires, faute d'accès à toute l'institution, a-t-elle précisé.
"Nous avons proposé au ministère de l'Education nationale d'organiser des campagnes de sensibilisation dans tous les établissements solaires. Cela fait une année que nous attendons la réponse", a indiqué la vice-présidente d'El Fadjr.




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